Le marché luxembourgeois de l’assurance est fortement influencé par les sociétés mères étrangères, a annoncé le Fonds monétaire international dans un récent rapport sur la réglementation et la surveillance de l’assurance au Luxembourg. Publié en juin 2024, le met en évidence des transformations substantielles au sein du secteur à la suite du Brexit et souligne le rôle central du Luxembourg en tant que destination pour les assureurs britanniques qui se délocalisent afin de maintenir des opérations transfrontalières au sein de l’Espace économique européen grâce au système de passeport.
Influence internationale
Le FMI a noté que le secteur de l’assurance au Luxembourg est disproportionné par rapport à son économie, avec des actifs atteignant 289 milliards d’euros en juin 2023 – équivalant à 372% du PIB du Grand-Duché –, ce qui est nettement plus élevé que ses pairs européens. Cependant, malgré cette ampleur, seulement 6% des provisions techniques du secteur sont consacrées aux risques domestiques. Ce chiffre inclut des entités domiciliées au Luxembourg qui n’ont pas de liens économiques locaux substantiels, ce qui réduit encore la part réelle des activités locales.
Pôle d’innovation
Le Luxembourg a consolidé son statut de plaque tournante en Europe, en particulier dans le domaine de la réassurance non-vie et de l’assurance-vie en unités de compte, note le FMI. Ce rôle international a été renforcé après le Brexit, la majorité des activités d’assurance étant menées de manière transfrontalière. La France domine le secteur de l’assurance-vie, représentant 42% des primes brutes, tandis que le secteur de l’assurance non-vie affiche une plus grande diversification, s’étendant au-delà de l’EEE.
Consolidation du secteur
Selon le FMI, ces dernières années ont été marquées par une consolidation significative du paysage de l’assurance au Luxembourg. Le nombre d’assureurs-vie a diminué de 41 en 2018 à 34 d’ici la fin de 2022, en grande partie en raison des fusions nationales qui visaient à consolider les actifs sur le marché luxembourgeois. À l’inverse, le secteur de l’assurance non-vie est resté stable, malgré la relocalisation de 12 assureurs britanniques en 2018 et 2019. Fin 2022, le Luxembourg comptera 38 assureurs non-vie, 49 réassureurs et 152 captives d’assurance.
La concentration du marché est particulièrement prononcée dans le secteur de la réassurance, où les trois premières entités détiennent une part combinée de 76% des actifs. Les chiffres comparables pour les secteurs vie et non-vie sont respectivement de 42% et 62%. La majorité des assureurs domiciliés au Luxembourg opèrent en tant que filiales de groupes étrangers, seuls 23 des 126 assureurs étant de nationalité luxembourgeoise, principalement dans le secteur de l’assurance.
Tendances économiques
Depuis 2022, la hausse des taux d’intérêt a eu un effet significatif sur le comportement des assurés, entraînant une augmentation des taux de résiliation, explique le FMI. Toutefois, le risque de liquidité reste atténué, principalement en raison des dispositions de nombreux contrats en unités de compte qui autorisent les rachats en nature. Les produits destinés aux particuliers fortunés sont généralement assortis de pénalités de rachat minimes. Néanmoins, la flambée des taux d’intérêt a incité les assurés à envisager des rachats anticipés pour rembourser des emprunts à taux variable ou rechercher des rendements plus élevés, ce qui a notamment affecté les produits d’assurance-vie assortis de garanties de taux d’intérêt.
Recommandations réglementaires
En réponse à la croissance du secteur, le FMI a conseillé de renforcer l’indépendance et la gouvernance interne du Commissariat aux assurances (CAA). Le rapport recommande de renforcer les outils d’inspection sur place, de développer des indicateurs de supervision basés sur le risque et d’évaluer les risques climatiques et les lacunes en matière de protection en collaboration avec les parties prenantes.
Cet article a été rédigé par en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.