La plupart des réfugiées sont des femmes avec des enfants. Selon l’asbl LUkraine, près de 250 Ukrainiens ont déjà trouvé refuge au Luxembourg et plus de 600 ménages au Grand-Duché ont fait savoir qu’ils pouvaient accueillir des familles. (Photo: Julien Doussot)

La plupart des réfugiées sont des femmes avec des enfants. Selon l’asbl LUkraine, près de 250 Ukrainiens ont déjà trouvé refuge au Luxembourg et plus de 600 ménages au Grand-Duché ont fait savoir qu’ils pouvaient accueillir des familles. (Photo: Julien Doussot)

Julien Doussot est actuellement aux frontières de l’Ukraine pour récupérer des familles fuyant les combats. Retour prévu dans la nuit de samedi à dimanche.

, est monté à bord d’un bus de voyage avec l’objectif de faire venir un maximum de familles jusqu’au Luxembourg. Au fur et mesure, ce chef d’entreprise réalise le défi logistique d’une telle opération.  

«Tout change très vite. Les gens ne restent pas au poste-frontière. Ils sont envoyés un peu partout à l’intérieur des pays comme la Pologne ou la Roumanie. Donc pendant le trajet en bus, je tente de guider les personnes que nous devons récupérer afin de les rassembler aux mêmes endroits. C’est difficile, car certains sont en transit dans des bus sans qu’ils sachent vraiment leur destination», expliquait Julien en quittant Varsovie pour la frontière entre la Pologne et l’Ukraine. «À Varsovie, on a pu récupérer les premières familles et déposer des vivres dans un centre d’accueil avant de partir pour la frontière», soulignait-il en prenant la route.

Depuis quelques jours, Julien reçoit de plus en plus de demandes pour récupérer des personnes et il tente de jongler en trouvant de la place. «J’ai pu m’organiser pour que quatre personnes prennent un avion à Varsovie pour Luxembourg et j’ai une personne qui les a récupérées au Findel. Cela me libère quatre places dans le bus», assure Julien, qui a déjà embarqué 16 personnes dans le bus mis à disposition par Sales-Lentz.

On a embarqué un chat et un chien appartenant à deux familles, car il est évidemment impensable de les laisser au bord de la route.

Julien Doussot

Si la fatigue se fait ressentir, Julien et sa femme Tanya trouvent la force de continuer en regardant les visages de ces réfugiés, des femmes et des enfants entre cinq mois à six ans, qui commencent à retrouver le sourire. «Malgré la situation, on voit que les familles sont rassurées. On avait prévu de petites attentions pour les enfants, comme des bonbons et de petits cadeaux», souligne Julien.

«On apprend, on s’adapte»

Si en tant que chef d’entreprise, il a l’habitude de s’adapter aux situations, il assure que son opération est sans aucune mesure. «On apprend, et je dois avouer qu’il y a des détails auxquels je n’avais absolument pas pensé, comme les animaux domestiques. On a embarqué un chat et un chien appartenant à deux familles, car il est évidemment impensable de les laisser au bord de la route. La gestion des bagages également. On m’avait proposé une remorque pour le bus que j’ai refusée, jugeant cela pas très utile. Au final, elle aurait été très utile. Mais on apprend, on s’adapte», lance Julien en prenant la direction de la Roumanie. Le retour étant prévu dimanche, avec pas moins de 44 personnes à bord du bus.

Au Luxembourg, Julien a également monté une petite équipe pour gérer la «phase 2» de l’opération, c’est-à-dire le logement et le retour à une vie plus ou moins normale pour les familles ukrainiennes. «Nous avons reçu énormément de propositions de personnes qui peuvent accueillir les familles ukrainiennes. Pour le moment, nous avons réussi à trouver des logements pour toutes les familles. On s’assure que les familles d’accueil soient compatibles avec les familles ukrainiennes. Typiquement, si une famille d’accueil a déjà un enfant de 5 ans, on lui propose d’accueillir une famille avec un enfant qui a plus ou moins le même âge. Le but est aussi que les enfants puissent trouver un environnement épanouissant», explique Virginie Daunois, qui prend le relais de Julien depuis le Luxembourg.


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«Nous sommes également en train de monter une cellule psychologique, car on pense que cela va pouvoir être utile pour certaines familles. On réunit des dons et on est en train de mettre en place des activités pour les enfants. On voudrait aussi pouvoir aider financièrement les familles qui arrivent pour qu’elles puissent se sentir autonomes ou retrouver une forme de dignité, même si elles sont accueillies au sein d’une famille», assure encore Virginie.

«On a pris un peu les devants, on a réagi dans l’urgence. On voit également que les communes et les ministères commencent également à apporter certaines réponses et, finalement, ce que l’on a mis en place commence à rentrer dans le cadre», termine Virginie, en rappelant qu’une association, Slava Ukrayini Luxembourg, vient d’être créée.

Julien Doussot et ses amis ont rapidement créé une association pour aider les réfugiés ukrainiens. SUL

Julien Doussot et ses amis ont rapidement créé une association pour aider les réfugiés ukrainiens. SUL

Differdange offre des logements 

Selon l’ASBL LUkraine, une autre association visant à aider les familles ukrainiennes à trouver refuge au Luxembourg, plus de 600 ménages ont fait savoir qu’ils pouvaient accueillir des familles ukrainiennes. Toujours selon LUkraine, près de 250 Ukrainiens sont déjà arrivés au Luxembourg.

Du côté des communes, la solidarité s’organise également, comme à Differdange. Le conseil communal a pris une résolution pour mettre à disposition 45 unités de logement – des studios et des appartements – dans l’ancien hôtel-restaurant Gulliver Tower pour accueillir des demandeurs de protection internationale ukrainiens. La commune financera également des ONG actives dans l’aide aux réfugiés à travers son initiative Déifferdeng eng Stad hëlleft.

Les recommandations du gouvernement en matière d’accueil 

Le ministère de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Région ainsi que le ministère des Affaires étrangères et européennes ont publié des recommandations quant aux procédures à respecter dans le cas de l’accueil d’une famille ukrainienne.

Ainsi, toutes les personnes déplacées qui arrivent au Luxembourg en provenance d’Ukraine sont priées de se manifester auprès de la Direction de l’immigration du ministère des Affaires étrangères et européennes en envoyant un e-mail à l’adresse suivante: [email protected]. Le but étant, par la suite, d’introduire une demande de protection temporaire ou, le cas échéant, une autre voie de régularisation de leur séjour au Grand-Duché. Pour rappel, les ressortissants ukrainiens n’ont pas besoin d’effectuer des démarches particulières pour séjourner au Luxembourg et «ils ne doivent donc pas s’inquiéter par rapport à leur situation administrative à ce moment», soulignent les deux ministères.

Le gouvernement a mis en place un centre de primoaccueil pour héberger des personnes fuyant la guerre en Ukraine. Ce centre d’accueil d’urgence, ouvert 24h/24, 7 j/7, est situé à la SHUK (Structure d’hébergement d’urgence au Kirchberg), au 11, rue Carlo Hemmer à Luxembourg-ville. Ce centre propose un abri pour les premiers jours et des repas, ainsi que des produits de première nécessité.

Tous les résidents luxembourgeois qui ont offert ou proposent d’héberger des ressortissants ukrainiens à leur domicile sont invités à contacter la hotline gérée par Caritas et la Croix-Rouge, avec le soutien du ministère de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Région, au +352 621 796 780 ou à s’adresser par e-mail à [email protected]

Enfin, au vu des nombreuses initiatives privées afin d’organiser des transports pour aller chercher des ressortissants ukrainiens aux frontières de l’Ukraine, le ministère prie toutes les personnes planifiant de tels transports d’envoyer impérativement tous les renseignements à l’adresse suivante: [email protected]

Pour finir, le ministère a été informé du nombre accru d’enfants non accompagnés et sans documents officiels aux frontières de l’Ukraine qui se trouvent à bord de transports organisés par des initiatives privées. Il est important pour les personnes organisant ces transports de s’assurer qu’il n’existe pas de risque de traite des êtres humains.