Après le succès des conférences sur le rétablissement et la reconstruction de l’Ukraine au cours des six derniers mois – dans des villes comme Paris, Lugano et Berlin –, le Luxembourg aura son propre et son consacré à ce sujet le 31 janvier.

Même si le Luxembourg a alloué 15% du budget de la Défense au soutien de l’Ukraine et a accordé près de 100 millions d’euros d’aide financière au pays, la conférence de l’Ukraine-Luxembourg Business Club (ULBC) va sans aucun doute renforcer le soutien public et privé.

Comme l’a indiqué Evgenia Paliy à Delano, les panels de la conférence aborderont plusieurs sujets-clés: l’État de droit, les réformes démocratiques, les politiques sociales, les infrastructures, l’éducation, la technologie, l’agriculture et les sports et la culture. Elle est la première à admettre que «c’est ambitieux. Il y a beaucoup de sujets, mais dès qu’on touche à l’un d’entre eux, il en couvre un autre. Prenez, par exemple, les routes. Elles sont nécessaires pour les infrastructures [mais aussi] l’agriculture, [sinon] vous ne pouvez pas la connecter au monde.»

Au cours des six derniers mois, plusieurs conférences similaires ont été couronnées de succès. À Lugano, en Suisse, en juillet dernier, l’Ukraine a publié son plan de reconstruction et de redressement. Au même moment, la Banque européenne d’investissement (BEI) – l’un des partenaires de l’ULBC pour la prochaine conférence à Luxembourg – a proposé un nouveau fonds UE-Ukraine. Lors de la conférence qui s’est tenue à Paris plus récemment, en décembre, les pays participants se sont engagés à fournir une aide d’un milliard d’euros.

Si l’on reprend l’exemple de l’agriculture, des investissements à grande échelle seront nécessaires une fois la guerre terminée, mais pas seulement. «Nous avons de grands acteurs dans l’agriculture, mais aussi des petites entreprises qui ont besoin de prêts, de location de tracteurs et d’équipements. Il existe des opportunités pour ce type d’investissement.»

Aborder les questions de transparence et de risques

Evgenia Paliy estime que le Luxembourg dispose d’un grand potentiel pour contribuer aux efforts pour la reconstruction de l’Ukraine: non seulement le gouvernement est déjà favorable à la cause, mais le pays est une plaque tournante des fonds, avec le siège de plusieurs institutions européennes. Il y a aussi l’expérience des entreprises luxembourgeoises ayant des liens commerciaux étroits avec l’Ukraine, comme ArcelorMittal et Paul Wurth, qui auront un rôle actif dans la conférence du 31 janvier. 

Outre le soutien qu’il apporte, cet évènement est organisé dans le but que les entreprises et les acteurs publics ukrainiens et luxembourgeois puissent apprendre les uns des autres. Plusieurs ministres et chefs d’entreprise ukrainiens de haut niveau – des secteurs de l’infrastructure et de l’énergie, aux banques, aux technologies, aux groupes de lutte contre la corruption, etc. – seront présents.

La présidente de l’ULBC explique: «Nous voulons montrer quelles sont les craintes des investisseurs, pourquoi ils ne veulent pas investir, pourquoi ils ont peur d’investir en Ukraine. Quels sont les problèmes communs à tous les investisseurs, qu’il s’agisse d’une petite entreprise, d’un family office, d’un particulier qui veut reconstruire une école ou un hôpital…»

Parmi les sujets qu’elle anticipe, il y a «la corruption, l’état de droit, si les investissements sont transparents et s’ils financent directement le projet, le climat d’investissement dans le pays: s’il a changé, s’il est sûr [aussi] physiquement après la guerre, car il y aura des armes.»

Les représentants de l’Ukraine seront là pour expliquer comment ils soutiennent les investisseurs en interne, comment les risques sont traités. Evgenia Paliy a également déclaré que «la réforme du système judiciaire est nécessaire», ce qui, selon elle, doit être fait avant la «victoire de l’Ukraine», et non après. L’ULBC s’attend à des discussions sur le rôle prépondérant du Luxembourg dans l’élaboration de la réponse de l’Europe en ce qui concerne non seulement le financement, mais aussi les éléments de réforme.

Mais les entreprises joueront également un rôle essentiel en partageant leurs expériences. ArcelorMittal, par exemple, possède une aciérie à Kryvyi Rih (Ukraine centrale) qui, en mars 2022, . Entre temps, l’usine fonctionnait à un niveau de capacité d’environ 20%. Mais les tirs de roquettes russes sur le site en novembre et les limitations d’électricité ont provoqué une suspension de la production. Néanmoins, elle est toujours présente dans le pays, même si son personnel a été réduit, en partie car des employés sont partis servir à la guerre.

Des instruments prototypes

L’évènement vise également à produire un ensemble d’instruments prototypes. Des ateliers techniques auront lieu avec les participants invités le deuxième jour de la conférence, liés aux structures d’investissement et à la conception des produits, ainsi qu’à l’enchaînement et à la coordination avec les financements du secteur officiel.

Le FEI, la BEI, White & Case et Integrites seront sur place pour couvrir l’aspect financier de la discussion. Clearstream, un autre sponsor, «émet des obligations en Ukraine et a travaillé avec eux sur les marchés financiers, en réfléchissant à des prototypes, à différentes opportunités financières et à la manière de réaliser des investissements sûrs en Ukraine», explique Evgenia Paliy. «Ces prototypes devraient être discutés, puis nous verrons ce qui peut être fait, comment investir dans quel type de fonds, comment sécuriser l’assurance de ces investissements.»

Un gala pour soutenir la fondation de la première dame d’Ukraine

Avant même l’invasion de l’Ukraine en février 2022, l’ULBC établissait des liens bilatéraux qui ont, selon Evgenia Paliy, porté leurs fruits et devraient se poursuivre à un niveau encore plus profond après le forum des entreprises. Elle considère que le Luxembourg est un pays pivot, pouvant jouer un rôle en amont pour aider à la mise en place de tels cadres qui pourront rapidement être mis en œuvre une fois qu’il y aura un «feu vert» et une «victoire pour l’Ukraine».

En plus d’aider les réfugiés ukrainiens à se perfectionner ou à trouver du travail au Grand-Duché, l’ULBC est fière que plusieurs chercheurs postdoctoraux ukrainiens aient reçu des bourses ou un soutien pour étudier au Luxembourg.

«Il faut une coopération entre les universités européennes et les Ukrainiens dans ce domaine, afin qu’après l’obtention de leur diplôme, les travailleurs soient préparés non seulement à avoir une réelle expérience dans le domaine de la technologie (par exemple), mais aussi dans celui des infrastructures pour l’état de droit, des réformes, de la lutte contre la corruption, tout cela» pour l’Ukraine de demain. «Et le Luxembourg apporte un réel soutien dans le domaine de l’éducation».

L’éducation est également l’un des principaux axes de la Fondation Olena Zelenska, qui œuvre à la restauration du capital humain de l’Ukraine, mais aussi dans le domaine des soins de santé et pour les autres besoins humanitaires. Alors que la conférence du 31 janvier sera consacrée à des discussions et des groupes de travail, le diner de gala de la soirée est lui, 100% caritatif.

«Pour les entreprises, il est important de savoir qu’elles peuvent effectuer un remboursement imposable; elles peuvent le faire par l’intermédiaire de la Fondation ArcelorMittal», ajoute Evgenia Paliy. Mais, étant donné qu’Olena Zelenska, la première dame d’Ukraine, «voyage, travaille beaucoup, nous voyons cela comme une opportunité de soutenir de la manière la plus transparente.»

Pour plus d’informations ou pour vous inscrire à la conférence ou au gala sur le redressement rapide de l’Ukraine, rendez-vous sur le site ou envoyez un courriel à [email protected].

Cet article a été rédigé par  en anglais, traduit et édité par Paperjam en français.