En réponse à , l’ABBL (Association des banques et banquiers Luxembourg) se félicite de l’accord qui a abouti à des mesures de soutien à l’économie. «Les mesures qui ont été annoncées sont extrêmement favorables pour les ménages qui résident au Luxembourg. C’est une bonne nouvelle parce que ça va ôter énormément de soucis à la population, surtout à ceux qui sont les plus touchés par les polycrises que nous vivons», a déclaré , président de l’ABBL. Et il ajoute: «La mesure qui vise à décapsuler la partie de l’inflation des prix énergétiques, couplée avec les tranches d’index qui seront payées par les entreprises, permettra de protéger le pouvoir d’achat.»
Malgré la protection apportée aux ménages du pays, le gouvernement a «une vue différente de la situation telle qu’elle se présente aux entreprises», explique le président de l’ABBL. «Il en est de même pour les syndicats.» En ce sens, Guy Hoffmann observe que cette tripartite a été une occasion manquée d’initier des changements structurels pour la compétitivité du pays en tant que centre financier international. «Toutes les propositions sur des mesures structurelles nécessaires n’ont pas pu être discutées. C’est dommage, car ça nuit énormément à la compétitivité de la Place. Malgré les détériorations de cette compétitivité par rapport à d’autres pays, nous avons l’impression que ça n’intéresse personne en cette période préélectorale.»
Plus que le coût salarial
Dans la logique des mesures structurelles, «la compétitivité est plus que le coût salarial», souligne Guy Hoffmann, qui rappelle à cet égard que cela touche également à l’attractivité des talents. «Nous n’avons plus d’outils pour nous démarquer des autres pays.» Les coûts du logement, les taux d’imposition et le télétravail s’inscrivent dans la liste des enjeux structurels sur lesquels le gouvernement devrait embrayer, selon Guy Hoffmann, pour maintenir l’attractivité du pays.
Guy Hoffmann se montre d’autant plus alarmé que le résultat des banques du pays a chuté de presque 30%, les compagnies d’assurances sont en perte au premier semestre et les fonds d’investissement sont en perte de vitesse par rapport à d’autres pays, comme l’Irlande. «On aurait dû être plus audacieux pour ficeler des mesures qui permettent de tenir compte de ces vaches à lait, pour maintenir et renforcer leur compétitivité», explique le président de l’ABBL.
Un report des discussions
Force est également de constater que plus de 90% des investisseurs au Luxembourg proviennent de l’étranger. «Ils subissent donc nos décisions luxembourgeoises qui sont peut-être positives pour les ménages, mais qui risquent de rendre moins attractifs les secteurs qui rapportent le plus au pays.» C’est la raison pour laquelle Guy Hoffmann voit dans les CEO des banques de la Place un rôle d’ambassadeur, mais qui risque d’être rendu désormais plus difficile: «Ce sont ces CEO qui doivent défendre le Luxembourg quand ils retournent dans leur maison mère pour expliquer au CEO de leur groupe pourquoi le Luxembourg est moins rentable que d’autres entités.» Pourtant, hors de question de perdre ces ambassadeurs-là.
C’est sans compter que les mesures qui n’ont pas été prises aujourd’hui devront l’être demain, au regard des enjeux de la crise énergétique amorcée. «Avec les mesures prises, nous ne faisons que repousser les problèmes vers 2024 lorsqu’il y aura un nouveau gouvernement.» D’autant plus qu’un manque de prévisibilité nuira aux finances publiques: «En tant que patron de la plus grande association professionnelle du pays, je mets en garde que le 1,2 milliard d’euros des mesures de la tripartite s’imputera à la capacité d’endettement du pays.» Et si cette somme est dépensée sans travailler en parallèle sur la compétitivité du pays, les marges de manœuvre pourraient bel et bien être épuisées rapidement.