Guy Hoffmann estime que le problème de la baisse de rentabilité des banques n’est pas suffisamment pris en compte par le gouvernement. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

Guy Hoffmann estime que le problème de la baisse de rentabilité des banques n’est pas suffisamment pris en compte par le gouvernement. (Photo: Romain Gamba / Maison Moderne)

L’association des banquiers luxembourgeois annonce pour 2020 un résultat net du secteur bancaire luxembourgeois en chute de 18,1% à 3 milliards d’euros pour un bilan de 851,1 milliards, en hausse de 4,4%.

La chute spectaculaire du résultat net du secteur bancaire s’explique en partie par le volume de provisions passées par les établissements financiers: 600 millions d’euros. Ces provisions ont pour but de répondre au risque de crédit dans le contexte du Covid-19. Un indicateur avancé des anticipations de faillites faites par les banques spécialisées dans le financement des entreprises. Un montant qui est en soi un message envers le gouvernement pour le maintien des mesures de soutien à l’économie, ou du moins pour un retrait ordonné de ces soutiens.

Des craintes de fusions, restructurations et même de fermetures

L’autre message à retenir du bilan 2020 dressé par l’ABBL, c’est celui de la baisse structurelle de la rentabilité des banques depuis 2014.

«Une tendance alarmante qui doit être reconnue», selon , le président du conseil d’administration de l’ABBL, qui dit s’attendre à une nouvelle rationalisation du secteur par le biais de fusions, de restructurations, «voire des fermetures».

Cette baisse de rentabilité, l’ABBL l’impute à la hausse des coûts liés aux réglementations, à l’environnement de taux négatifs qui perdure depuis 2008 et aussi aux investissements nécessaires à la transition digitale des banques. Transition que la pandémie a rendue encore plus urgente. Autant d’éléments qui, additionnés, exercent «une forte pression sur les marges».

Appel au gouvernement

C’est, pour Guy Hoffmann, un risque pour l’économie qui ne lui semble pas être pris suffisamment en compte par le gouvernement, qu’il veut «sensibiliser». Sensibiliser à la nécessité de rester «attractif». Ce qui passe par le fait que le secteur «ne doit pas être confronté à une hausse des impôts». «Toute hausse des taxes se répercuterait automatiquement sur notre compétitivité», prévient Guy Hoffmann.

Il insiste également sur l’importance d’attirer des compétences sur la Place et d’agir en matière d’infrastructures, d’écoles et de logement. Sur ces deux derniers points, il accorde un satisfecit au gouvernement. Bon point également en matière de télétravail: «Les banques disposent désormais d’un cadre solide pour le travail à domicile, et nous avons réussi à faire en sorte que la loi ne soit pas trop prescriptive, ce qui laisse aux banques la liberté de choisir comment mettre en œuvre le travail à domicile à l’avenir.»

Pour autant, le patron des banquiers estime que, pour l’instant, «le secteur reste solide et extrêmement important pour l’économie nationale».

700,5 milliards dans les coffres

L’encours actuel des prêts atteint 692 milliards d’euros. Soit 27 milliards de mieux qu’en 2019. Les banques auront débloqué cette année 28,2 milliards de prêts pour les entreprises et 36,3 milliards de prêts hypothécaires. Les dépôts ont aussi progressé, passant de 658,5 milliards en 2019 à 700,5 milliards en 2020.

Un soutien de l’économie qui s’est renforcé avec la crise. Au plus fort de la crise sanitaire, en juillet dernier, les moratoires accordés aux entreprises ont atteint 3,7 milliards d’euros. Un chiffre retombé à 462 millions en février 2021. Et, sur la période, 262 millions de prêts Covid ont également été octroyés, auxquels il faut rajouter 189 millions de prêts garantis par l’État.

La banque privée se porte également bien avec 466 milliards d’actifs sous gestion. Soit un doublement des actifs depuis 2008, «résultat de 11 années de croissance consécutive».