La présidente de l’OGBL, Nora Back
Index, droit du travail, «flexibilisation» du temps de travail, pensions, logement… Voici «les points les plus préoccupants» repérés par la présidente de l’OGBL, . «On est dans deux mondes séparés, mais on espère trouver dans le dialogue social des solutions viables pour tout le monde», développe celle qui s’était déjà montrée «sceptique par rapport aux programmes électoraux, car il s’agissait des deux partis (CSV et DP, ndlr) avec lesquels nous avions le plus de divergences. Sans surprise, le programme reprend ce que les partis avaient proposé».
Pour le reste, Nora Back reste en position d’attente à l’issue du discours de . «Il y a encore trop d’imprécisions, donc on ne se prononce pas.» La dirigeante de l’OGBL salue en revanche la volonté, «répétée à différents endroits», de maintenir une certaine qualité d’échange avec les partenaires sociaux. «C’est un aspect positif au même titre que les impôts, même si sur ce point il faut aller encore plus loin», termine-t-elle.
Le directeur de l’UEL, Jean-Paul Olinger
Le directeur de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), , accueille d’un regard bienveillant les premiers pas de Luc Frieden, saluant «le renouveau et la cohérence» qu’incarne, à ses yeux, le gouvernement qu’il a constitué. «Les deux partis avaient des programmes électoraux proches sur de nombreuses questions. Sur d’autres, ils ont trouvé un accord. Ils vont dans la même direction. Ce gouvernement permettra peut-être d’avancer mieux sur le sujet de l’économie. Auparavant, on avait l’impression que c’était surtout le projet sociétal qui regroupait les trois partis. Sur l’économie et la croissance, il n’y avait pas forcément les mêmes vues», compare le dirigeant.
Pour lui, Luc Frieden se pose d’emblée en «élément fédérateur», soucieux «d’embarquer tout le monde». «On retrouve des thématiques subdivisées entre plusieurs ministères, et ce afin de trouver des solutions communes. Lui aura un rôle de coordination entre les différents ministères. Cela permettra d’avancer plus rapidement sur des sujets comme le logement ou l’assurance maladie.»
L’accent mis sur la simplification à travers la digitalisation et l’ambition affichée «d’accroître la compétitivité des entreprises et l’attractivité du pays» font également mouche du côté de l’UEL. «Ce qui est encourageant, c’est qu’on en train de se dire que l’on peut faire avancer le pays à travers la recherche d’efficience et une augmentation de l’activité économique. Cela crée de la prospérité pour le pays et pour les gens qui y vivent, qui y travaillent, qui y investissent. C’est un facteur positif», relève le directeur.
Le directeur de la Chambre des métiers, Tom Wirion
«Je trouve que c’est un discours qui a un fil conducteur clair. L’accent est mis sur l’importance d’avoir des entreprises fortes, des entreprises qui fonctionnent et une économie au sens large qui fonctionne, et que ça c’est le préalable, la condition sine qua non pour faire une politique sociale ambitieuse et pour pouvoir faire les investissements, la transition verte et cetera. J’ai lu l’accord de coalition. Tout n’est pas très précis, Luc Frieden le dit lui-même. Cet accord permet d’avoir une idée plus claire de ce qu’il compte mettre en place. Ce qui est très important, lorsque l’on parle d’attractivité du pays, c’est la thématique du logement. Frieden a bien fait le distinguo entre la crise de la construction, pour laquelle il faut des mesures à court terme pour redynamiser le secteur, et la crise du logement, il faut augmenter l’offre. Il a bien détaillé ce qu’il comptait mettre en place. Pour que le Luxembourg puisse avoir des ambitions. Il faut donc aussi des finances publiques et un taux d’endettement raisonnables. Et je trouve intéressant qu’il ait expliqué qu’il faut faire des dettes pour investir dans le futur, dans des infrastructures, dans des transitions. Ce n’est pas juste dépenser pour dépenser.»
La directrice des affaires économiques de la Chambre de commerce, Christel Chatelain
«Nous saluons la vitesse avec laquelle le gouvernement a été formé et à laquelle on a abouti à un nouvel accord. Et on estime aussi que cet accord prend la mesure des défis actuels. À voir maintenant comment cet accord va être mis en œuvre. La situation économique est actuellement complexe, volatile et totalement incertaine. Il faut voir aussi le timing pour la mise en œuvre de cet accord. Pour nous, il y a bien sûr des choses assez urgentes à mettre en œuvre. On a parlé du secteur du logement, mais on voit aussi que les grands défis, comme les difficultés à attirer des talents ou une fiscalité qui est de moins en moins attractive, sont vraiment des points cruciaux. La simplification administrative est vraiment un point important pour les entreprises.»
Le président du LCGB, Patrick Dury
S’il est un fait qui étonne le président du LCGB, , au sortir de l’intervention de Luc Frieden, c’est sa concision: «C’était court. Mais je ne dis pas que c’était trop court!»
À l’arrivée, aucune surprise notable pour celui qui durant le week-end avait épluché les plus de 200 pages de l’accord de coalition, devenu aujourd’hui programme gouvernemental. «Ce qui a marqué ce discours, pour le syndicaliste que je suis, c’est la volonté de maintenir un dialogue social au niveau tripartite et d’entamer toutes les discussions concernant le travail avec les partenaires sociaux», souligne-t-il. D’ailleurs, «dans le volet travail, je retrouve beaucoup d’éléments que le LCGB a également dans son programme d’actions. Il y a des intersections». «Pour nous, c’est une bonne base de travail», assure Patrick Dury.
Sur le dossier des retraites, Luc Frieden a promis une «large consultation impliquant toute la société». «Depuis des années, on discute régulièrement de notre système de pensions, réagit Patrick Dury. Les premiers interlocuteurs naturels sont les partenaires sociaux et le gouvernement. Le débat avec la société civile… On peut toujours en discuter. Il faut attendre le processus pour savoir où l’on souhaite arriver. Du côté du LCGB, on est d’avis qu’il faut regarder où trouver des sources de financement supplémentaires ou complémentaires pour ne pas trop impacter le facteur travail.» Sans surprise là non plus.
Le directeur de la Fédération des artisans, Romain Schmit
«Il y avait à boire et à manger. Il a beaucoup parlé de l’artisanat et il a reconnu le fait qu’il y avait une crise dans le secteur de la construction. Ce discours c’était histoire de remettre l’Église au milieu du village, c’est-à-dire qu’il faut d’abord créer les richesses avant de les distribuer. À mes yeux, reconnaître qu’il y a des problèmes, c’est déjà un grand progrès. Je ne m’attendais pas à ce que l’artisanat soit au cœur du discours, mais là, comparé aux administrations précédentes, je suis plutôt satisfait.»
Le CEO de la LPEA, Stéphane Pesch
«Il fait beau aujourd’hui, donc on est de bonne humeur.» Une bonne humeur qui dans les propos du CEO de la Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association (LPEA) depuis plus de trois ans, , traduit un satisfecit. Le premier discours du nouveau ministre des Finances, (CSV), mardi soir au Casino 2000 , n’ayant fait qu’étoffer ce positif pressentiment: «Un très bon speech, très prometteur.» Globalement, le dirigeant y décèle «la bonne attitude pour préparer les cinq prochaines années». Dans le détail, Stéphane Pesch salue les orientations en matière de diversification de la place financière: «Qu’ils aient identifié les produits ESG et les produits alternatifs comme la nouvelle source de croissance du secteur des fonds d’investissement classiques qui ont un peu stagné de leur côté, c’est se rendre compte de la croissance et de l’essor de cet écosystème à Luxembourg. Ce n’est plus du petit jeu. Cela représente une partie du futur.»
De même, le CEO apprécie l’espace octroyé à la fintech – «Il y a de très belles pépites à Luxembourg» –, les réflexions quant au financement de la CSSF et du CAA ou les engagements en faveur des conventions de non-double imposition et de la taxation des hauts revenus (pas d’augmentation à l’horizon). Et ce afin que le Luxembourg conserve la tête du peloton et «attire des talents».
Dans cet océan de promesses, le point de vigilance, au dire de la LPEA, ce sera «l’exécution». «Dans des scénarios d’une économie pas très florissante et complexe, il faudra voir à la fin ce qui sera passé ou pas. C’est la grande question. Qu’est-ce qu’ils [le Premier ministre et son gouvernement] vont réellement mettre en place? Dans quel ordre? Et à quelle vitesse? La place attend», conclut Stéphane Pesch.
Le président de l’ABBL, Guy Hoffmann
Si le président de l’ABBL, , s’attendait à «davantage de détails en matière de finance durable et de digitalisation», le représentant du secteur bancaire se réjouit de «l’ouverture du gouvernement pour développer la formation», que ce soit en entreprise (face au défi de la digitalisation) ou universitaire: «Nous devons développer notre offre dans la finance, avec des bachelors et des masters en digitalisation, finance durable ou compliance.» Autre point positif: pour la première fois, selon Guy Hoffmann, le gouvernement s’affiche en faveur de l’inclusion de l’éducation financière dans le cursus scolaire.
L’administrateur-délégué de l’ACA, Marc Hengen
Du côté des assureurs, l’administrateur délégué de l’ACA, , salue la perspective d’une promotion accrue du deuxième et troisième pilier de prévoyance vieillesse, notamment par une amélioration des allégements fiscaux. «Nous avons été entendus», estime-t-il. «Nous le disons depuis des années: nous pouvons proposer un complément aux pensions étatiques. Nous préconisons une assurance complémentaire, soit au niveau des entreprises, soit à titre individuel.»