Vous avez choisi pour cette nouvelle exposition «Hors-d’œuvre» de travailler avec un thème classique dans l’art, à savoir la nourriture. Pouvez-vous nous en dire plus?
Anastasia Chaguidouline. – «C’est en effet un thème classique dans l’histoire de l’art et qui traverse toutes les époques. Si on remonte à l’Antiquité, on peut penser aux représentations liées à Bacchus. Il y a bien entendu les nombreuses natures mortes des primitifs flamands, ou plus près de nous les banquets des Nouveaux Réalistes avec Daniel Spoerri ou encore plus contemporains, certaines œuvres d’Erwin Wurm.
Pourquoi avoir choisi ce thème?
«Cette exposition est pensée en lien avec l’exposition All we can eat qui est actuellement présentée au Lëtzebuerg City Museum. J’ai voulu pour le Cercle Cité, qui est aussi une institution de la Ville de Luxembourg tout comme le Lëtzebuerg City Museum, y présenter une extension artistique en résonance avec cette thématique et explorer ce sujet que j’ai en tête depuis quelque temps. De plus, à travers la nourriture – et je n’exclus pas la boisson – on touche différentes problématiques très actuelles. L’exposition permet donc de découvrir l’évolution de ce motif et de cette métaphore des différents aliments dans des pratiques contemporaines.
Quelles sont ces différentes problématiques que vous liez à la nourriture?
«Il y a la question de la consommation bien évidemment, avec une surconsommation d’un côté et pas assez de nourriture de l’autre. Une consommation qui est aussi liée à une crise climatique qui nous mène à repenser notre attitude aujourd’hui et dans le futur. Nous avons aussi les questions de migration, comment les gens se définissent à travers la nourriture, par des codes, des habitudes et traditions alimentaires. Cela touche aussi à l’identité, au caractère personnel et à la culture. Et il y a l’aspect collectif et sociétal. Sans oublier évidemment les sens, car on expérimente la nourriture à travers le goût, la vue, l’odorat, le toucher… C’est très riche.
Pouvez-vous nous préciser votre concept curatorial?
«Une fois la thématique mise en place, j’ai choisi de travailler selon un modus opérandi que j’ai déjà expérimenté, à savoir choisir des artistes de la “Grande Région Expended”. C’est-à-dire que ce sont des artistes en provenance du Benelux, ainsi que de nos pays voisins. Cela correspond évidemment à notre réalité européenne, où les personnes naissent à un endroit, mais circulent beaucoup et peuvent aller vivre dans des pays voisins.
Un vaste programme-cadre est aussi mis en place.
«On profite de l’exposition de fin d’année qui dure un peu plus longtemps que les autres expositions pour avoir un programme-cadre développé. Le vernissage sera l’occasion d’une performance donnée par Trixi Weis. Des synergies avec d’autres institutions, comme le Lëtzebuerg City Museum et le LUGA, sont mises en place pour des conférences. Des ateliers sont aussi proposés, tout comme d’autres évènements.»
Hors-d’œuvre, du 20 octobre au 21 janvier, au Ratskeller du Cercle Cité, rue du Curé à Luxembourg.
Avec Simone Decker, Florence Haessler, Alexandre Lavet, Ugo Li, Jieun Lim, Puck Verkade, Bea de Visser et Trixi Weis.
L’ensemble de la programmation est à retrouver sur