Pour Thomas Lambert, «il n’y a aucun pays où les relations bilatérales sont aussi intenses qu’avec le Luxembourg». (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Pour Thomas Lambert, «il n’y a aucun pays où les relations bilatérales sont aussi intenses qu’avec le Luxembourg». (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Télétravail, diplomatie, économie: à l’occasion de la Fête nationale belge ce 21 juillet, passage en revue des principaux dossiers qui occupent l’ambassadeur de Belgique au Luxembourg, Thomas Lambert.

Deux ans après , voici venue la première célébration sans restrictions sanitaires de la Fête nationale belge avec, d’un côté, mercredi, la fête populaire organisée par l’URB-BKV à la Brasserie Nationale puis, le 21 juillet, une réception à votre résidence. Comment appréhendez-vous cela?

. – «Avec plaisir! Après deux années de constitution d’un réseau dans le contexte de la pandémie, je suis ravi que, pour la première fois, il soit enfin réuni. C’est important de se retrouver ensemble dans la convivialité. Mercredi a lieu la fête organisée par l’URB-BKV avec de la bière luxembourgeoise, des gaufres et des frites belges et un concert du groupe The Fathers. Je trouve que c’est une bonne formule, elle est plus informelle et plus populaire. Et puis jeudi, c’est la catégorie cravate costume deux pièces, c’est un peu plus officiel (sourire).

Comment se portent les relations diplomatiques belgo-luxembourgeoises?

«Les relations sont vraiment excellentes. Il n’y a aucun pays où les relations bilatérales sont aussi intenses qu’avec le Luxembourg. Lorsque nos deux ministres de la Santé se voient, ils discutent quelques minutes du bilatéral puis abordent rapidement les dossiers sous l’angle de l’Union européenne et du Benelux. Bref, nos relations sont bien plus larges.

En matière de télétravail, la Belgique dispose aujourd’hui du seuil de jours le plus élevé des trois pays frontaliers luxembourgeois –  – avant de basculer sur l’imposition belge. Est-ce que d’autres étirements des délais sont prévus en pratique, la piste des a été évoquée…

«L’ambition de se heurte à deux obstacles: il y a, au sein de l’administration belge, des soucis de souveraineté fiscale. Et du côté luxembourgeois, le secteur financier dit que si on va trop loin, il existe un risque pour un frontalier belge – qui officie par exemple pour une banque luxembourgeoise – que son domicile soit considéré comme un établissement fixe de la banque aux yeux d’une règle de l’OCDE.

Et puis cet accord avec le Luxembourg vient d’être conclu et représente avec, notamment, le fonds de compensation pour les communes belges. Il serait un peu spécial qu’à peine un an après avoir conclu ces négociations, on les rouvre sur les jours de télétravail.

Un texte allant de télétravail par an a été voté en mai à la Chambre des représentants en Belgique…

«Jusqu’à présent, les jours de télétravail étaient considérés comme du bilatéral belgo-luxembourgeois. Mais depuis quelques mois, la Belgique est en train de regarder avec son voisin néerlandais à revoir le nombre des jours de télétravail. Il existe donc une dimension Benelux dans ce sujet et sans doute qu’à moyen terme, nous en viendrons à un règlement Benelux dédié au télétravail, ce qui ne serait pas mal du tout. Le sujet est aussi débattu à l’OCDE. La réalité transfrontalière est très importante, mais est-ce qu’à un moment donné il ne faudrait pas se mettre autour de la table à 27 et regarder s’il faut fixer un cadre européen pour la fiscalité? J’invite donc Madame Hanus et Monsieur Arens à regarder plus large, il y aura des opportunités, mais cela demandera un petit peu plus de patience.


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Avez-vous déjà eu un contact avec la nouvelle ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, qui succède à Sophie Wilmès – avec qui vous aviez collaboré avant votre arrivée au Luxembourg?

«Non, elle vient d’être nommée et je sais qu’elle est en train de se préparer à ses nouvelles obligations. Son dernier souci en ce moment, c’est d’aller voir les ambassadeurs. , je savais qu’elle ferait ce pas de côté (pour soutenir son mari atteint d’un cancer du cerveau, ndlr), mais c’est reculer pour mieux sauter. Cela montre que nos responsables politiques sont des êtres humains qui posent leurs priorités personnelles et familiales. C’est une décision que tout le monde respecte.

Vous aviez déploré en septembre 2020 le fait que des relations diplomatiques belgo-luxembourgeoises. Depuis lors, une mission économique flamande a été organisée au Grand-Duché. Quels sont les retours?

«Ces relations ont le vent en poupe. Une semaine après , le cluster Building Technologies d’Agoria (la fédération belge des entreprises manufacturières, du numérique et des télécommunications, ndlr) a témoigné d’un intérêt d’une mise en relation avec le Luxembourg au sujet de la construction et des méthodes innovantes. Une mission est prévue au Luxembourg les 13 et 14 septembre prochains. Dans un autre registre, une société spécialisée dans la géothermie profonde – qui fore à plusieurs kilomètres de profondeur pour extraire de l’eau à 325°C – a présenté une étude sur le potentiel intéressant que présenterait le Grand-Duché. Elle propose de réaliser un cadastre géothermique du sous-sol du pays. J’ai rendez-vous prochainement avec le cabinet du ministre de l’Énergie (déi Gréng) pour en discuter. Enfin, les représentants du Voka (le réseau d’entreprises flamandes à la tête , ndlr) m’ont confirmé qu’ils allaient inviter à Anvers , et afin de connecter les réseaux et montrer ce qu’ils peuvent proposer. J’en ai parlé à Franz Fayot qui est très preneur, il avait déjà réalisé et veut y retourner.

‘Au Luxembourg, soit tu mets des pantoufles, soit tu mets des sneakers.’ J’ai choisi les sneakers, je déteste les pantoufles.
Thomas Lambert

Thomas Lambertambassadeur de Belgique au Luxembourg

D’autres initiatives sont-elles prévues pour poursuivre ce renforcement?

«Oui, FIT (Flanders Investment & Trade, une organisation de promotion économique du gouvernement flamand) organisera au printemps prochain une mission au Luxembourg qui est en train d’être préparée avec l’ambassade du Luxembourg à Bruxelles. Le ministre-président wallon Elio Di Rupo doit revenir au Luxembourg faire un état des lieux de la coopération spatiale. Au niveau de la défense, le dossier d’intégration militaire avec se présente très bien, il y a de beaux progrès et nous espérons que d’ici 2028 ou 2030, ce bataillon sera pleinement opérationnel. En novembre aura lieu un séminaire dédié à la cybersécurité dans le domaine maritime, cela sera l’occasion d’ouvrir des portes à des liens entre les secteurs maritimes belge et luxembourgeois. Je vais vous dire: deux de mes prédécesseurs à ce poste diplomatique m’ont dit: ‘Au Luxembourg, soit tu mets des pantoufles, soit tu mets des sneakers.’ J’ai choisi les sneakers, je déteste les pantoufles. Et en 2024, mes six derniers mois de mandat seront marqués par la présidence belge de l’Union européenne. Donc, il me faudra plusieurs paires de sneakers (sourire).

À mi-mandat, quelles sont vos impressions sur le Luxembourg? Le pays répond-il à vos attentes de début de mandat?

«Non, il dépasse mes attentes (sourire). Je pense que nous avons un très grand rôle à jouer avec ce poste vis-à-vis de la Belgique pour réfléchir ensemble à ce que l’on peut faire pour le codéveloppement économique. Il y a, du côté luxembourgeois, des idées que l’on pourrait mettre en place en Belgique et faire des choses pour le bénéfice de toutes les parties. Je pense qu’en quittant le Luxembourg, j’aurai un grand problème, car plus jamais je ne serai occupé à un poste aussi privilégié en termes de proximité avec la Belgique. Et je confirme les dires de : .

Pour la Fête nationale belge, quel message souhaitez-vous adresser aux ressortissants?

«Continuez comme cela: c’est une très belle communauté qui est très bien connectée et reflète la diversité linguistique des deux pays. La Belgique et le Luxembourg sont positionnés sur la même fracture tectonique culturelle européenne: entre le nord et le sud. Chacun regarde à 360° et c’est pour cela que nos responsables politiques parlent très vite de l’Union européenne. Idem pour les entrepreneurs: ils ont appris à naviguer entre la culture plutôt latine et celle plutôt germanique. C’est une opportunité.»