La boutique Rolex à Knokke, gérée par Robert Goeres et son épouse, vient d’être entièrement refaite. (Photo: Alexandre Van Battel)

La boutique Rolex à Knokke, gérée par Robert Goeres et son épouse, vient d’être entièrement refaite. (Photo: Alexandre Van Battel)

C’est sous le nom discret de Woertys que la marque Rolex est présente à Knokke-Le Zoute. Un nom qui pourtant a un lien fort avec le Luxembourg, puisque ce sont Robert Goeres et son épouse Catherine Glod qui en sont à l’origine, ceux-là mêmes qui ont aussi la boutique Rolex à Luxembourg.

Pourquoi avoir ouvert une boutique Rolex à Knokke il y a maintenant neuf ans de cela?

: «En étant nés à Luxembourg, nous avons de la chance, mais on ne doit pas avoir peur de traverser la frontière et voir ce qu’il se passe autour de nous. C’est pourquoi nous n’avons pas hésité à ouvrir une boutique Rolex à Knokke-Le Zoute quand l’occasion s’est présentée.»

Qu’avez-vous appris à cette occasion?

Robert  Goeres: «Un des défis de cette implantation a été linguistique. Nous avons déjà la chance de parler de nombreuses langues, mais nous avons dû apprendre encore le flamand pour exercer sur la côte belge.»

Catherine Glod: «Or autant acquérir le vocabulaire spécifique à l’univers des montres est atteignable, autant maîtriser suffisamment la langue pour conclure une vente pour ce niveau de produit, avec toutes les subtilités et délicatesses que cela requiert, est une autre affaire. Et si autant les Luxembourgeois changent facilement de langue pour donner plus de confort à leur interlocuteur, autant les Belges flamands préfèrent continuer à parler dans leur langue. La barrière linguistique est un frein réel, surtout au téléphone. En boutique, le langage corporel aide, mais cela disparaît quand vous êtes au téléphone. C’est pour cela que nous avons vraiment dû prendre des cours de flamand pour atteindre rapidement un bon niveau.»

Robert  Goeres: «On apprend beaucoup en allant dans un autre pays. Par exemple, nous avons été frappés à quel point la mobilité n’est pas un obstacle. Alors qu’au Luxembourg, faire un trajet de 15 minutes peut sembler parfois être un effort, faire une heure ou deux de déplacement pour rencontrer une personne par exemple est beaucoup plus naturel en Belgique.»

Knokke est une station balnéaire fréquentée par les Luxembourgeois, dont certains y ont parfois même une résidence secondaire. Est-ce que cela vous a aidés pour établir la clientèle de votre commerce?

Robert Goeres: «Nos clients sont des personnes qui viennent des Pays-Bas, du Nord de la France, du reste de la Belgique. Nous ne rencontrons que très peu de Luxembourgeois sur place. Être Luxembourgeois à Knokke nous a aidés, mais pas pour une clientèle préacquise, plutôt pour l’attrait de l’exotisme que nous représentions, la nouveauté et la curiosité que nous suscitions.»

Dans la vie, il ne faut pas avancer avec des freins, il faut mettre les gaz.
Robert Goeres

Robert Goeresdirecteur Woertys, Goeres Horlogerie

Vous venez de rouvrir la boutique à Knokke avec un nouvel aménagement. Au bout de neuf ans, j’imagine que cela était nécessaire?

Robert Goeres: «J’ai la chance d’être passé par l’École Hôtelière pendant mes études. J’y ai appris que dans un hôtel, on doit pouvoir tout changer au bout de sept ans. J’ai toujours gardé ce calendrier en tête, mais on est parfois plus ou moins rapide… C’est pour cela que nous avons changé cette année l’aménagement de la boutique à Knokke. La boutique a été entièrement faite avec les architectes de Rolex et mise en œuvre par des corps de métiers luxembourgeois. Dans la vie, il ne faut pas avancer avec des freins, il faut mettre les gaz. J’aime avancer avec des personnes avec qui j’ai noué des relations de longue date et dont je suis sûr de la qualité du travail.»

Qu’est-ce qui change entre la gestion de la boutique à Luxembourg et celle de Knokke?

Robert Goeres: «Les rythmes ne sont pas les mêmes. À Knokke, l’activité commerciale se déroule autour du week-end et en particulier le dimanche qui est très animé. Les gens se déplacent certes pour la mer et la digue, mais profitent aussi de ce moment pour faire des achats qu’ils n’ont pas eu l’occasion de faire pendant la semaine. La période d’activité commerciale à Knokke commence donc le jeudi et s’arrête le lundi. C’est d’ailleurs pour cela que certains restaurants, par exemple, sont fermés le mardi et le mercredi. 

Pour le reste, c’est assez similaire, car le goût pour le luxe est assez semblable à travers le monde. Donc qu’on soit à Luxembourg ou à Knokke, les goûts sont sensiblement les mêmes. Ce n’est pas parce qu’on passe la frontière qu’on doit réinventer la roue. Il y a certes des défis, d’autres cadres juridiques, mais le cœur d’activité est le même.»

Avez-vous pu mettre en place des synergies entre les deux points de vente? Robert Goeres: «Ce sont deux entités juridiques séparées, deux équipes séparées, mais tout ce qui est administratif est géré depuis un même endroit, les formations du personnel sont les mêmes, les ateliers et l’outillage sont aussi en synergie.»

Vous avez donc Goeres Horlogerie, dont le point de vente est rue Philippe II et vend la maque Patek Philippe, et Rolex qui a désormais un point de vente dédié à Luxembourg. Vous êtes aussi derrière la boutique Pomellato. Ainsi donc que derrière la boutique Rolex de Knokke. Avez-vous d’autres activités encore? Robert Goeres: «Oui, à chaque fois avec des entreprises dédiées. Nous avons fait, par exemple, des boutiques éphémères pour des manifestations sportives. Nous apportons les ressources humaines et le cadre légal pour les marques au Luxembourg. Nous avons aussi une entreprise de nettoyage. Mais toute notre activité tourne autour du commerce de détail. Ce que nous savons faire, c’est vendre.»

Avez-vous encore d’autres activités à l’étranger?

Robert Goeres: «On a certaines activités à l’étranger, dans les zones où nous maîtrisons la langue, que ce soit le français ou l’allemand, car c’est plus facile pour tout ce qui concerne le cadre légal et le travail administratif, mais aussi la vente. Mais nous n’en parlons pas activement. Tout comme nous n’avions pas parlé activement de notre présence à Knokke. Sans pour autant en faire un secret, mais nous aimons rester discrets. La couronne se porte au poignet, pas sur nos têtes.»

De quel œil voyez-vous la concurrence en horlogerie et bijouterie haut de gamme qui s’est fortement développée ces dernières années à Luxembourg?

Robert Goeres: «Nous sommes depuis plusieurs années présents sur le marché au Luxembourg pour représenter les marques. Cela fait plaisir en fait quand d’autres marques arrivent sur le marché, car cela montre que le marché que vous avez choisi est dynamique. Cela crée un environnement dans lequel nos clients se sentent à l’aise et qui véhicule des valeurs qu’ils partagent. Pour la bijouterie, je pense qu’il y a encore une belle marge de progression possible de la part des marques, d’un point de vue visibilité et notoriété.»

Êtes-vous intéressés par un positionnement en galerie marchande comme l’ont choisi certains de vos concurrents?

Robert Goeres: «Nous suivons de près cette question. La galerie marchande est beaucoup plus facile à contrôler, mais nous aimons l’âme et l’histoire des centres-villes. Nous nous sentons plus proches de l’esprit des centres-villes.»