Edgar Bisenius est très attaché à Ettelbruck où il vient chaque jour ou presque. Selon lui, le quartier de la gare est plutôt préservé en comparaison avec d’autres quartiers proches des gares.  (Photos: Maëlle Hamma/Maison Moderne)

Edgar Bisenius est très attaché à Ettelbruck où il vient chaque jour ou presque. Selon lui, le quartier de la gare est plutôt préservé en comparaison avec d’autres quartiers proches des gares.  (Photos: Maëlle Hamma/Maison Moderne)

À Ettelbruck, dans la principale ville du canton de Diekirch au nord, la halte ferroviaire devenue une gare a contribué au développement de toute la ville. Un vaste chantier y est mené pour la transformer en pôle d’échange multimodal. Des travaux qui profiteront à tout le quartier et que certains habitants disent attendre avec impatience. 

C’est la principale porte d’entrée sur la ville: la gare, et c’est là que vont et viennent des centaines de passagers en matinée, en ce moment, au rythme des marteaux-piqueurs et guidés par les panneaux de chantiers. Bienvenue à Ettelbruck, dans le quartier de la gare. Il faudra tourner le dos aux barrières de sécurité et aux énormes engins pour apprécier quelques jolies façades, comme celle du Café Pizzeria Bauerestuff, ou celle de l’hôtel-restaurant Lanners, une institution ouverte depuis quatre générations. 

Moins séduisant que le centre historique à l’allure plus soignée, le destin du quartier de la gare est intimement lié à celui de toute la ville. La création d’une station ferroviaire en 1862, qui prendra plus tard le statut de gare, a contribué au développement de toute la ville. À cette époque, Ettelbruck avait un statut de village et non de ville à part entière. Il lui aura fallu attendre 1907 pour atteindre cet objectif. De 3.000 habitants à cette époque, la ville en compte aujourd’hui 9.686. 

À l’époque, le choix de l’emplacement de la gare avait suscité de vifs débats, en témoignent les archives de la commune. «Le tracé du chemin de fer, ainsi que le franchissement nécessaire de l’Alzette, rendait techniquement impossible la construction de la gare au centre d’Ettelbruck. Ainsi, il a été créé à son emplacement actuel, en dehors de la colonie», peut-on y lire. Puis peu à peu, elle a été transformée.

En 1866, la ligne ferroviaire permet de relier Ettelbruck à Troisvierges, et «à partir d’avril 1880, une autre ligne voit le jour le long de l’Attert, reliant Ettelbruck à Steinfort, puis à Pétange. Le premier bâtiment de la gare a été agrandi en 1876 et un bâtiment de restauration et de colombages fut ajouté. Un nouvel agrandissement du bâtiment de la gare eut lieu en 1914, après que la ligne ait été conçue avec deux voies à partir de 1913», indiquent les archives communales. 

Ettelbruck n’a rien à envier aux autres.
Edgar Bisenius

Edgar Biseniusun habitué du quartier

Aujourd’hui, en plus des quelques commerces qui le dynamisent, la gare reste le centre névralgique du quartier qui abrite environ 1.046 habitants, soit environ 10,7% de la population totale de ville. Ce qui en fait un quartier à vocation davantage commerciale que résidentielle. Les Portugais y sont majoritairement représentés, ainsi que les Luxembourgeois.

Et si dans beaucoup de villes, les quartiers de la gare sont souvent synonymes de délinquance, Ettelbruck semble préservée de ce phénomène. Edgar Bisenius y passe presque tous les jours. Installé dans la capitale, il y a des attaches familiales. « importées. Ici les choses sont plus calmes, on n’a pas du tout ce sentiment.»,

Et selon lui, la gare et son offre sont les principaux atouts du quartier. «Il y a des trains toutes les 15 minutes environ pour aller à Luxembourg, mais ici, la qualité de vie est différente, plus calme. Tout est bien centré et c’est propre. Il y a de quoi faire, autant pour le sport que pour les activités culturelles. C’est un peu moins cher qu’ailleurs et le quartier a gardé ce côté humain, on peut se promener sans problème, il y fait encore bon vivre. Ettelbruck n’a rien à envier aux autres», affirme-t-il. 

Le quartier est en effet bien doté en termes de commerces, répondant à tous les besoins du quotidien. Le côté cosmopolite de la population se retrouve aussi dans l’offre commerciale du quartier, que ce soit dans la rue du Prince Henri ou avenue Kennedy, avec des boutiques ou restaurants de toutes origines: syriennes, balkaniques, portugaises, turques, ou encore cap-verdiennes. On y trouve une petite dizaine de lieux pour se restaurer, et tout autant de commerces divers. 

Côté services, on y trouve aussi toutes les commodités et le quartier compte notamment un orthopédiste, un centre auditif, un planning familial ou encore la Ligue médico-sociale. À deux pas de là, le visiteur peut découvrir quelques curiosités. Dans la rue du Dr Klein, le General Patton Memorial Museum rend hommage au général George S.Patton Jr, dont la 80e division d’infanterie a libéré la ville le 25 décembre 1944. Le musée retrace plus généralement les évènements les plus marquants de la Seconde Guerre mondiale au Luxembourg. Sa façade a été repeinte par Alain Welter en 2019. Autre personnalité chère à la ville et au quartier auquel un hommage est rendu: le sculpteur Michel Weiler dont une petite rue porte le nom. 

Un quartier sans comparaison avec la gare de Luxembourg-ville

Une commerçante installée depuis trois ans dans le quartier, avenue Kennedy, évoque «un quartier calme, et sans comparaison avec le quartier de la gare à Luxembourg-ville.» Au niveau de la vie commerciale, «ce n’est pas la rue la plus facile pour les commerçants. Mais quand les travaux seront terminés, le quartier va se développer. Quand les rues seront piétonnisées, cela attirera sans doute plus de gens», pense-t-elle. 

Le chantier mené par les CFL et l’Administration des ponts et chaussées devrait en effet profiter à tout le quartier, et plus largement à la ville ainsi qu’à la Nordstad. Il est en tout cas scruté de près par les habitants et commerçants qui se disent impatients de voir le résultat.

L’objectif est de moderniser et développer la gare vers un pôle d’échange multimodal digne de ce nom. Les travaux ont commencé et la gare dispose déjà d’un quai supplémentaire (plus large et plus long) tandis que le quai initial a été redimensionné. «Avec les 23 aiguilles installées depuis 2018 et les deux voies supplémentaires, cette gare qui figure parmi les plus importantes du pays dispose d’une flexibilité optimale», notent les CFL dans leur dernier rapport d’activité. Sont aussi prévus dans le cadre de ce chantier: une meilleure accessibilité pour les personnes à mobilité réduite ou encore un P+R (environ 430 places de stationnement) qui sera relié au nouveau bâtiment voyageurs plus moderne et à la nouvelle gare routière. 

Mais les travaux s’étendront au-delà des limites de l’infrastructure ferroviaire de la deuxième gare du pays. La place de la gare sera repensée et réhabilitée, avec des éléments pour s’assoir et favoriser la mobilité douce. Un tunnel de 350 m sera créé sous la gare. L’avenue Kennedy verra son trafic ralenti et la rue Prince Henri verra son espace piétonnier largement agrandi. «Le plan général est conçu de façon flexible afin de pouvoir accueillir une large palette de fonctions pour que ce nouveau lieu stratégique puisse accueillir un mélange de fonctions à caractère social, de proximité, commercial et économique», est-il expliqué dans le dossier relatif aux travaux. 

«Le projet du Verband est un autre pôle essentiel de ce développement. Il prévoit non seulement des commerces et des espaces de bureaux, mais aussi de nouvelles unités de logement» ajoute la commune dans une récente communication.