Vítor Santos a grandi dans le quartier Italie. Ce bénévole de Radio Dudelange livre sa vision de ce quartier à la riche histoire.  (Photos: Maëlle Hamma/Maison Moderne)

Vítor Santos a grandi dans le quartier Italie. Ce bénévole de Radio Dudelange livre sa vision de ce quartier à la riche histoire.  (Photos: Maëlle Hamma/Maison Moderne)

À deux pas du centre-ville de Dudelange, le quartier Italie est chargé d’histoire. S’il n’est pas le plus dynamique de la ville en termes de vie commerciale, il vaut le détour pour redécouvrir tout un pan de l’histoire du pays. 

Envie de voyager sans aller trop loin? À dix minutes à peine du centre-ville de Dudelange, au sud du pays, le quartier Italie vaut le détour. Et, contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, il a presque de faux airs de Lisbonne, avec ses maisons colorées, et quelques éléments de décoration ici et là sur les maisons qui donnent l’impression d’un voyage dans la capitale lusitanienne. Il faut dire que le quartier a radicalement changé. C’est ce qu’a pu constater Vítor Santos. Bénévole à Radio Dudelange, ce Portugais de naissance est venu avec sa famille s’installer à Dudelange lorsqu’il avait cinq ans. Il y a longtemps vécu. Et si aujourd’hui, il a déménagé dans le quartier Schmelz pas très loin de là, il garde toujours un œil rivé sur son quartier d’enfance, et y revient presque tous les jours. 

Le quartier est né à la fin du 19e siècle, avec les débuts de la sidérurgie. Il accueillait à cette époque des populations plutôt modestes. La crise de la sidérurgie en 1970 entraine une diminution de l’immigration italienne et les Portugais deviennent plus nombreux. Aujourd’hui, le quartier est plutôt cosmopolite. 

«À l’époque, le quartier était surtout habité par les Italiens, qui sont arrivés bien avant les Portugais. La plupart des habitants du quartier travaillaient à l’usine de l’Arbed. Je me rappelle des trains chargés d’acier encore en fusion. Le quartier était très gros, je me souviens qu’à l’arrivée, je me suis presque cru dans un film de science-fiction», relate-t-il. «Aujourd’hui, dit-il, le quartier a repris des couleurs, mais quelques vestiges du passé demeurent, tout comme l’esprit qui régnait dans le quartier.» 

«Il y a moins de proximité entre les habitants aujourd’hui qu’à l’époque, mais je pense que c’est partout pareil. Mais il y a toujours quand même cet esprit de cohésion. Par exemple, lorsqu’il y a une fête dans le quartier, elle attire aussi les autres habitants de Dudelange. Sinon, les bâtiments ont été refaits, aujourd’hui ce sont plein de petites maisons colorées. Cela donne une autre ambiance, le quartier est plus moderne, et la commune fait beaucoup pour que le quartier reste vivant», glisse-t-il. 

Une expérience immersive pour plonger dans l’histoire du quartier

Ici, l’ancien côtoie le moderne, et donne au quartier son aspect si particulier. La crèche flambant neuve et ses couleurs côtoient non loin de là quelques vestiges de l’industrie sidérurgique. Le quartier dispose de sa propre gare, Dudelange-Usines dont «un des quais est en cours d’agrandissement», indique la municipalité. Son hall a été transformé et accueille le Centre de documentation sur les migrations humaines (CDMH). Ce dernier propose d’ailleurs aux visiteurs du quartier de vivre une expérience immersive, basée sur le digital, comme un bond de plus de 40 ans dans le passé. 

En effet, ici et là dans le quartier, quelques panneaux rouges affichant un QR code sont installés. Une fois le code scanné, il permet de plonger dans l’histoire du quartier. L’expérience est aussi possible sur ordinateur, sur le site de Movinglusitalia.org. Cet outil digital et interactif propose un plan du quartier de l’époque, dans lequel il est possible de naviguer et de visiter quelques lieux incontournables de cette zone au sud-ouest de la ville. On peut ainsi découvrir pour chaque lieu des témoignages audios, des photos d’époque… 

Quelques commerces font de la résistance

«À l’époque, il y avait beaucoup de cafés où les gens se retrouvaient. Ils ont presque tous fermé. Mais il existe un comité de quartier qui permet de créer du lien entre les habitants», indique Vítor Santos. Lui fait partie du Comité de quartier Schmelz, mais les deux entités collaborent pour créer aussi des liens entre quartiers. Et bientôt, les deux seront reliés par un nouveau quartier en construction: . C’est d’ailleurs là que vient d’ouvrir un tout . Côté quartier Italie, le restaurant Taverna continue d’attirer les habitués tandis que le Café Inès tenu par une figure du quartier est aussi un lieu de rencontres et de retrouvailles ancré dans le quotidien des habitants. Il compte aussi d’autres entreprises telles que Trolux GmBH, une entreprise de construction qui existe depuis 1997, ainsi que la libraire Tattenberg ou encore l’incontournable pizzeria Gigi l’Amoroso. En termes de services, le quartier abrite une école, une crèche inaugurée en 2022, un foyer pour enfants en difficulté… 

À côté du quartier Italie, un nouveau quartier est en construction: NeiSchmelz.  (Photo: Maëlle Hamma/Maison Moderne)

À côté du quartier Italie, un nouveau quartier est en construction: NeiSchmelz.  (Photo: Maëlle Hamma/Maison Moderne)

Six associations sont également actives dans le quartier et contribuent à l’animer. À la question: «Que faudrait-il changer dans le quartier?», Vítor Santos répond clairement: «Rien. Il ne faut rien changer, mais il faut que chaque habitant continue à apporter sa pierre à l’édifice…» Le seul bémol selon lui: la difficulté à se garer dans le quartier. Ce qui devrait s’améliorer puisque la commune a planifié le réaménagement du parking public pour les visiteurs de la zone Haard. 

Le quartier Italie est situé au sud-est de la commune de Dudelange. Il a une superficie d’environ 14 hectares.  (Visuel: Shutterstock/Maison Moderne)

Le quartier Italie est situé au sud-est de la commune de Dudelange. Il a une superficie d’environ 14 hectares.  (Visuel: Shutterstock/Maison Moderne)