Qui succédera à Christiane Brassel-Rausch (déi Gréng) à la tête de la mairie de la troisième ville du pays (en nombre d’habitants)? (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Qui succédera à Christiane Brassel-Rausch (déi Gréng) à la tête de la mairie de la troisième ville du pays (en nombre d’habitants)? (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Plusieurs cadres ont effectué un pas de côté en vue des élections communales du 11 juin, dont la bourgmestre Christiane Brassel-Rausch. Déi Gréng ne devrait pas rééditer son score de 2017. Et ils sont nombreux à vouloir s’engouffrer dans la brèche.

«Je suis profondément touchée d’avoir eu l’honneur et la chance d’être bourgmestre de ma ville. Une tâche qui exige beaucoup d’investissement. Peut-être même trop. J’ai un mari qui m’a toujours soutenue à 100% dans ce que je faisais. Mais dans un couple, il y a un équilibre à trouver. Et, alors que j’arrive tout doucement à l’âge symbolique de la retraite, c’est-à-dire 65 ans, il est temps de laisser la place aux jeunes.»

Christiane Brassel-Rausch (déi Gréng), bourgmestre de Differdange depuis le 25 octobre 2019, a donc décidé de faire un pas de côté et de ne pas tenter d’assurer sa propre succession. Là où bon nombre de ses collègues décideurs politiques auraient sans doute essayé de s’accrocher le plus longtemps possible à leur siège, cette actrice de profession a donc décidé de s’effacer d’une manière presque aussi soudaine que avait surpris.

De la 5 e  position sur sa liste à bourgmestre

On se rappelle ainsi qu’au sein de son propre parti, elle n’était sortie qu’en cinquième position des urnes en 2017, avec un total de voix de préférence qui représentait à peine plus de la moitié de celui de son chef de file, Roberto Traversini. C’était donc quelques mois avant que , dans une affaire dont . C’est ainsi qu’en moins de trois semaines, à la rentrée 2019, Christiane Brassel-Rausch était passée du statut de conseillère communale à celui de bourgmestre, en passant par la case échevin.


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«Quand je m’engage, j’assume mes choix. Donc, quand on m’a demandé si j’étais prête à devenir échevine, puis bourgmestre, je ne me suis pas dérobée. Même si je n’avais jamais eu une telle ambition et si je ne me rendais absolument pas compte de l’ampleur de la tâche», sourit-elle. Une position qui lui vaut le respect de beaucoup au sein du conseil communal, même dans les rangs de l’opposition.

Plus de 15.000 voix à retrouver

Déi Gréng devant faire face à quelques autres départs importants, sa non-inscription sur les listes pour ces élections communales n’arrange guère son parti. «La section differdangeoise de déi Gréng fête ses 30 ans et les “pères fondateurs” commencent tout doucement à céder la place», commente Christiane Brassel-Rausch. Le retrait de cette dernière, mais aussi ceux de Roberto Traversini ou de personnalités comme Frentz Schwachtgen ou Yvonne Richartz pèsent ainsi au bas mot 15.000 voix (sur les près de 53.000 glanées en 2017). À charge donc pour la jeune garde – représentée par les têtes de liste Paulo Aguiar (45 ans) et Manon Schütz (55 ans) – de tenter de les retrouver. Tout en s’efforçant de faire oublier les affaires de ces dernières années.

La section differdangeoise de déi Gréng fête ses 30 ans et les «pères fondateurs» commencent tout doucement à céder la place
Christiane Brassel-Rausch

Christiane Brassel-Rauschbourgmestre sortante de Differdangedéi Gréng

Le défi s’annonce donc des plus ardus. Beaucoup voient ainsi les Verts perdre deux ou trois sièges sur les sept qu’ils possèdent à l’heure actuelle au sein du conseil communal (19 sièges en tout). Si cela se confirme, toute la question sera alors de savoir qui les récupèrera. Ils sont évidemment nombreux sur les rangs. À commencer par le partenaire de coalition des Gréng, le CSV, qui pourrait tirer les marrons du feu.

«Differdange possède un électorat qui provoque souvent des surprises. Il suffit de jeter un œil dans le passé pour s’en convaincre, avec l’explosion du DP sous la houlette de (DP) au début des années 2000 ou celle des Verts en 2014» glisse le chef de file du parti, Tom Ulveling (CSV, 63 ans), dont c’est sans doute la dernière chance de devenir bourgmestre de la troisième ville du pays (en nombre d’habitants). Lui, comme beaucoup d’autres, ne voit pas un parti véritablement se détacher cette fois. «L’écart risque d’être serré entre déi Gréng, le LSAP et nous…»

Le DP a-t-il digéré le départ de Claude Meisch?

Le nom du DP n’est donc pas cité par l’échevin CSV, alors que les démocrates ont pourtant tenu le poste de bourgmestre entre 2002 et 2014. Mais il n’est pas le seul à peu évoquer le Demokratesch Partei. Pour beaucoup, à Differdange, ce dernier n’a, en effet, toujours pas digéré le départ pour le gouvernement (et le ministère de l’Éducation) de celui qui fut bourgmestre ces douze années-là, à savoir Claude Meisch, mais aussi les querelles liées à sa succession. «Lors de son départ, il a laissé un grand vide dans lequel se sont engouffrés les Verts. Mais aujourd’hui, nous disposons d’une nouvelle équipe et nous sommes prêts à revenir dans la majorité» lance la tête de liste François Meisch (DP, 46 ans), frère de Claude, mais aussi de Michel (36 ans), également présent sur la liste.

De son côté, le LSAP rêve aussi de retrouver une mairie dont il a été à la tête pendant des décennies avant le virage des années 2000. Pour ce faire, le principal parti de gauche tente de renouveler ses effectifs. Si tous les conseillers communaux sortants se présentent bien à ce scrutin, trois des quatre têtes de liste n’ont, elles, encore jamais occupé une telle place: Catia Pereira (35 ans), Zenia Charlé (28 ans) et Thierry Wagner (49 ans). «Nous avions besoin de ce renouveau», confie un Guy Altmeisch (64 ans) qui complète le quatuor.

Trois nouveaux partis

Derrière ce quartet déi Gréng – CSV – LSAP – DP, les deux autres partis présents au conseil communal, déi Lénk et KPL (un siège chacun), espèrent, eux, réussir à doubler la mise. Mais sans oublier de jeter un œil dans le rétroviseur avec l’arrivée de trois nouveaux partis par rapport à 2017: le Piratepartei, Fokus et déi Konservativ. «Des partis sans véritable locomotive sur le plan communal» constate Gary Diderich (déi Lénk, 40 ans). «Mais qui risquent tout de même de prendre des voix à d’autres partis», complète (KPL, 68 ans).

De là à assister une nouvelle surprise un soir d’élection à Differdange?

Résultats aux dernières élections communales du 8 octobre 2017: déi Gréng avec 35,98%, le CSV avec 19,53%, le LSAP avec 18,6%, le DP avec 12%, le KPL avec 5,55%, déi Lénk avec 5,25% et l’ADR avec 3,09%.