Sam Tanson, ministre de la Justice, l’a répété en commission parlementaire: le Luxembourg se conforme entièrement à la cinquième directive anti-blanchiment en ouvrant les registres au grand public sans aucune barrière administrative. (Photo: Anthony Dehez/Archives Maison Moderne)

Sam Tanson, ministre de la Justice, l’a répété en commission parlementaire: le Luxembourg se conforme entièrement à la cinquième directive anti-blanchiment en ouvrant les registres au grand public sans aucune barrière administrative. (Photo: Anthony Dehez/Archives Maison Moderne)

Les ministres des Finances et de la Justice ont évoqué en commission parlementaire le dossier OpenLux, dont la publication a débuté ce lundi matin. La levée de boucliers est quasi générale face à ce que certains considèrent comme du bashing.

La tirade est restée célèbre. Pour évoquer le fait que les affaires liées au financement occulte de son parti se dégonflaient, Jacques Chirac avait dit: «Ce n’est pas tellement qu’elles se dégonflent, c’est qu’elles font ‘pschitt’.» Il en a été un peu de même des premiers éléments du dossier OpenLux lors des commissions parlementaires de la Justice et des Finances ce lundi matin, alors que les ministres (DP) et (Déi Gréng) devaient venir les commenter.

Un exercice a priori périlleux puisque l’on pouvait imaginer l’opposition s’emparer du sujet pour critiquer l’action gouvernementale, demander des comptes, faire part de son désarroi... Il n’en a rien été, ou presque. L’heure était même plutôt à serrer les rangs.

Les deux ministres ont donc sobrement répété que le Luxembourg répondait à toutes les exigences internationales «en matière de fiscalité, de transparence, de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme». D’ailleurs, ont dit les deux membres du gouvernement, «les informations publiées par les journalistes sont la preuve de notre transparence». 

Bien entendu, cela ne veut pas dire que les contrôles ne doivent pas être améliorés, renforcés. Ce que le gouvernement souhaite d’ailleurs. Le député (Piratepartei) a de son côté estimé que chaque cas douteux relevé par l’enquête OpenLux devrait faire l’objet d’une investigation complémentaire, mais aussi que la mise en place d’un outil afin de croiser les données des différents registres était nécessaire.

Parmi les réflexions de la part des députés, certains ont souligné que le fait d’avoir une société au Luxembourg ne signifie pas que l’on pratique du blanchiment ou que l’on participe au financement du terrorisme.

Quelques-uns se posent aussi la question de savoir si la transparence n’est pas… trop large ou si elle ne devrait pas être mieux encadrée. Ce qui avait déjà été soulevé en leur temps par différents acteurs de la place financière.

Face à ce que certains voient comme du «bashing» à la limite du populisme, on s’interroge «sur les réponses que pourraient apporter d’autres gouvernements voisins si on leur posait les mêmes questions». Des parlementaires ont d’ailleurs demandé d’élaborer un tableau comparatif de la manière dont les pays dressent l’inventaire des bénéficiaires effectifs. Histoire de prouver de manière plus visible encore que le Luxembourg «fait plus que ce qu’il faut».

Même déi lénk, peu suspect d’être le premier défenseur de la place financière ou de la politique de la majorité, n’a pas tiré sur le gouvernement à boulets rouges. Mais dans un communiqué au ton certes ferme mais tout de même feutré, il «reconnaît que le gouvernement luxembourgeois a fait des efforts ces dernières années en mettant en œuvre les recommandations et initiatives internationales». Déi lénk constate évidemment que «la place financière luxembourgeoise attire des volumes de capitaux monumentaux et ce ne sont pas seulement la compétence des acteurs financiers et le triple A du Grand-Duché qui en sont responsables. Avantages fiscaux, possibilités de structuration, conventions fiscales bilatérales avantageuses, des intermédiaires ingénieux menés par les Big4 et la présence d'une industrie de fonds aux multiples possibilités ne sont que quelques éléments qui composent la boîte à outils à disposition des multinationales et des individus super-riches pour doper leurs profits, sans que cela ne soit nécessairement illégal.» Finalement, il se limite donc à appeler «le gouvernement à prendre au sérieux les révélations et reproches de l’enquête journalistique internationale OpenLux et d'associer pleinement le Parlement à tous les travaux d'éclaircissement et de redressement. Tous les éléments qui pointent vers des comportements illégaux ou des manquements dans la lutte anti-blanchiment doivent être rigoureusement analysés et redressés. En outre, les mécanismes de contrôle en matière de lutte contre le blanchiment et le terrorisme doivent être à la hauteur des volumes énormes de capitaux qui transitent chaque jour à travers le pays.»