Bertrand Schumacher, discretionary portfolio manager chez ING. (Photo: ING)

Bertrand Schumacher, discretionary portfolio manager chez ING. (Photo: ING)

Les experts l’annoncent pour bientôt, les professionnels du secteur s’y préparent. La prochaine secousse financière est-elle vraiment inévitable? La réponse de Bertrand Schumacher, discretionary portfolio manager chez ING.

Telle Cassandre, nombreux sont les économistes ou hommes politiques qui prédisent régulièrement l’imminence d’une crise économique.

Depuis la crise financière et économique de 2008, que peu d’observateurs avaient d’ailleurs anticipée, la communauté financière est devenue plus attentive et cherche à prévoir le prochain retournement de cycle économique et ses conséquences.

Mais cet exercice d’anticipation n’a rien d’une sinécure, car l’Histoire montre que chaque crise économique est différente et son déclencheur aussi: choc pétrolier, conflits géopolitiques, déséquilibres financiers, etc. Aujourd’hui, la sensibilité du monde économique est d’autant plus exacerbée que les marges de manœuvre, tant budgétaires que monétaires, semblent limitées.

En 2008, l’action coordonnée des principales banques centrales, ainsi que les politiques de relance budgétaire dans de nombreux pays (plan de relance en Chine notamment) avaient permis de redresser rapidement l’économie mondiale et soutenir un système financier au bord de l’asphyxie.

L’inquiétude des observateurs est aussi aggravée par la relative anémie de la reprise économique depuis 10 ans.
Bertrand Schumacher

Bertrand Schumacherdiscretionary portfolio managerING

Actuellement, la donne a changé: les taux d’intérêt sont proches de 0 dans les économies développées, l’endettement public est reparti en forte hausse de par le monde, ce qui limite de facto les possibilités de relance économique par des mesures classiques.

L’inquiétude des observateurs est aussi aggravée par la relative anémie de la reprise économique depuis 10 ans, puisque le rythme de croisière de la croissance économique au niveau mondial semble désormais plus proche de 3% que de 5%.

Dans un tel contexte, un léger ralentissement économique nous rapproche dangereusement de la stagnation, voire d’une récession économique.

De ce fait, les observateurs concentrent leur attention sur les potentiels chocs pouvant provoquer une crise, comme la guerre commerciale entre les principales zones économiques (USA, Chine, Europe), un Brexit désordonné, un conflit majeur au Moyen-Orient, une brusque remontée des taux d’intérêt, l’éclatement de bulles financières… Cela dit, une crise économique majeure nous semble peu probable dans un futur proche. Le plus gros danger, selon nous, est l’énorme stock de dettes publiques qui s’est accumulé à travers le monde, mais tant que la charge de cette dette restera sous contrôle, cela ne devrait pas être source de déséquilibres majeurs.

La situation financière des consommateurs dans la plupart des grandes économies s’est améliorée.
Bertrand Schumacher

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Les principales banques centrales sont très actives et font le nécessaire pour éviter toute remontée trop brutale des taux d’intérêt réels.

Par ailleurs, la situation financière des consommateurs dans la plupart des grandes économies s’est améliorée, grâce aux légères hausses salariales dans un environnement de faible inflation et à une baisse du taux d’imposition dans certains pays.

De plus, la tertiarisation de l’économie mondiale et le vieillissement de la population font que les cycles économiques nous semblent par nature de moindre amplitude. Désormais, la croissance molle semble être la norme. On peut conclure qu’une courte récession économique ne déboucherait pas nécessairement sur une crise économique majeure.