«Ce n’est pas une chaussure pour cinq mois ou un an, c’est une chaussure pour la vie. Quand on conçoit une chaussure pour la vie, on ne peut pas être tendance, on ne peut pas mettre toute notre vie à la poubelle tous les six mois. La Baliston by Starck, c’est le minimum de design pour le maximum de technologie».
Le designer Philippe Starck a prêté son nom à un objet unique, fabriqué à 10.000 exemplaires ou 5.000 paires (!). Le modèle unisexe, en cinq couleurs, est composé seulement de cinq matériaux biosourcés et donc 100% recyclables (le fil de ricin, le coton biologique, le plastique recyclé, le plastique de canne à sucre et l’antidérapant non-caoutchouc).
Née à Nancy, arrivée au Luxembourg fin 2020
Mais la marquée née à Nancy – où le fondateur, Karim Oumnia, était arrivé d’Algérie avec un diplôme de Polytechnique pour faire l’École des mines – et implantée au Luxembourg depuis 2020 dans une structure encore sans réelle activité, va beaucoup plus loin.
Au lieu de finir comme la majorité des 25 milliards de paires de chaussures vendues chaque année à la décharge, la paire sera renvoyée, en fin de parcours, à Baliston qui en assurera elle-même le recyclage. «La responsabilité d’une marque devrait être de prendre soin de ce qu’elle produit. Imaginez si toutes les marques faisaient cela, nous aurions beaucoup moins de déchets polluants la planète», explique le fondateur de Baliston, un ingénieur qui a passé 25 ans à améliorer la chaussure.
L’ancien membre de l’équipe d’Algérie de water-polo, qui a successivement lancé la première chaussure de football la plus légère (245 grammes en 1998), une chaussure dédiée spécifiquement aux femmes, puis la première chaussure chauffante via le Bluetooth de son téléphone, successivement couvé par les présidents français Jacques Chirac et Emmanuel Macron, continue d’avancer à grands pas.
249,99 dollars par an
«En fin de parcours?» Contrairement à la plupart des autres marques et produits, la chaussure Baliston est vendue sous la forme d’un abonnement annuel à 249,99 dollars qui consiste en la fourniture d’une paire «tech-augmentée», l’accès à l’application pour avoir des informations et des recommandations sur la santé, le remplacement et le recyclage des chaussures usées quand il est temps et une paire de semelles intérieures ajustées au style de marche de l’utilisateur et remplacées au moment venu. Ces semelles sont aussi utilisées par Digitsole, aux États-Unis, avec l’accord de la Food and Drug Administration, dans une perspective de lutte contre des maladies comme Parkinson.
Car la marque a développé une technologie unique de capteur qui analyse la façon dont l’utilisateur se déplace. À partir de ces données (symétrie, pronation, supination, propulsion, force d’impact du talon, vitesse, nombre de pas), l’intelligence artificielle fournit des recommandations pour réduire la fatigue, les maux de dos et les risques de blessures. La chaussure, dont les capteurs doivent être rechargés toutes les deux semaines, surveille aussi sa propre détérioration pour permettre un remplacement au bon moment.
Selon le cabinet américain IndexBox, en 2030 le poids du marché mondial de la chaussure devrait atteindre les 220 milliards de dollars (207 milliards d’euros), contre 163,2 milliards de dollars en 2022. Sachant que les chaussures mettent environ huit mois à avoir de premiers trous, le marché du recyclage est en plein essor depuis quelques années, les projets succédant aux projets, parfois de récupération des chaussures usées, parfois avec le lancement de produits qui diminuent autant que possible la part des matériaux non recyclables, .