Les fidèles du Piratepartei fêteront les 10 ans de leur parti ce samedi. Sur un bateau, évidemment. Une décennie mise à profit pour s’imposer dans le paysage politique luxembourgeois, et s’y maintenir.

C’est évidemment sur un bateau, à Remich, que le Piratepartei fêtera son 10e anniversaire samedi. Et si l’embarcation restera à quai, , député et fondateur du parti, ne boude pas son plaisir. «Notre invitation a eu un énorme succès. Notre anniversaire affiche complet, on est même un rien en overbooking. Cela fait évidemment plaisir», dit-il. 

Un signe de la vitalité du parti, qui compte environ 400 affiliés «mais évidemment beaucoup plus de sympathisants». Une popularité qui se traduit aussi dans les résultats des élections. . Il fait plus que doubler son score de 2013 (2,94%), fait mieux que Déi Lénk (5,48%) tandis que l’ADR (8,77%) peut presque sentir son souffle dans sa nuque.

Les élections européennes, malgré une liste composée de nombreux nouveaux visages, confirment la tendance: 7,7% des voix pour 4,23% en 2014. Et lors des élections communales, trois Pirates ont été élus.

14 membres en 2009

Sven Clement s’en réjouit, «mais on a juste construit une base au cours de ces 10 premières années. Le travail ne fait que commencer.»

Le 4 octobre 2009, quand il crée le Piratepartei avec son associé Jerry Weyer, ils sont 14 membres. Sans beaucoup de moyens, mais avec la certitude que le moment est idéal. «Si on analyse la politique luxembourgeoise, on voit qu’à chaque cycle de deux ou trois ans, un parti tente d’émerger. Il y avait eu Déi Lénk, l’ADR... Puis, ce fut notre tour», se souvient Sven Clement. 

Sven Clement sur la scène du TEDxLuxembourgCity en 2013, présentant la création du parti:

Ces jeunes gens ont surtout parfaitement senti l’air du temps. Le Piratepartei se positionne de suite comme le défenseur des libertés individuelles, «alors que la question de la digitalisation se pose de plus en plus souvent. Nous sommes arrivés en ayant comme thème: ‘comment vivre ensemble dans le futur’. Le premier iPhone était là depuis seulement 2 ans, Facebook commençait à peine à se développer en Europe… C’était le moment idéal pour un nouveau parti, différent, car aucun autre ne se préoccupait de cela au Luxembourg. Et tout le monde pensait que cette thématique de la digitalisation ne ferait que passer.»

Aucun des partis traditionnels ne se préoccupait réellement des Pirates. «Aux yeux des autres, on ne devait intéresser que des geeks… Personne n’imaginait que cela allait marcher pour nous comme pour le parti Pirate allemand», note Sven Clement. Et si le parti allemand a essuyé un sérieux revers de fortune en 2017, son homologue luxembourgeois poursuit sa croissance. «On a trouvé un rythme de croisière, sans se précipiter. On a beaucoup analysé, observé, construit…», poursuit-il.

La démocratie joyeuse

Désormais, le Piratepartei «est un parti socio-libéral, clairement. Pour certaines choses, nous sommes plus à gauche que le LSAP et pour d’autres plus à droite que le DP. Mais surtout, on pense que la démocratie peut être joyeuse, qu’y participer ne doit pas être fastidieux. C’est comme cela qu’on doit vivre ensemble.»

Les ambitions à venir? Avoir plus de députés, «même si la Chambre ronronne souvent. Ce n’est pas pour rien qu’ (LSAP) a tapé du poing sur la table en rappelant que c’était l’organe législatif.» Et plus d’élus locaux, pour être en prise directe avec les préoccupations des citoyens. 

Quant aux dossiers, ce sont évidemment le climat et le logement qui retiendront toute l’attention des Pirates dans les mois à venir. «Dans les deux cas, il y a urgence. Et dans les deux cas, le gouvernement se refuse à parler vrai, à dire aux Luxembourgeois ce que cela va coûter», déplore Sven Clement. 

Faire émerger de nouveaux talents

Un défi sera aussi de faire émerger de nouveaux talents en interne. Car, pour beaucoup, le Piratepartei c’est Sven Clement et presque seulement Sven Clement. Raison pour laquelle, outre le fait de ménager sa vie privée, il a cédé la .

C’est aussi pour cela que la liste aux élections européennes a mis en avant des candidats moins connus et moins expérimentés. «C’est vrai, les deux personnes les plus connues du parti n’y étaient pas. Mais c’était aussi par souci de transparence: il n’était pas question de mettre en lice une personne qui venait d’être élue à la Chambre et qui aurait peut-être été dans l’obligation de quitter cette fonction pour Bruxelles», note-t-il.

L’époque où les cadors politiques regardaient le Piratepartei avec condescendance semble en tout cas révolue. Ce qui se confirme par le fait «que souvent, on tente de m’opposer à , mon collègue à la Chambre. Ce n’est un secret pour personne que nous avons des personnalités différentes, des styles différents. Mais il ne faut pas oublier que notre programme est le même.»

Au Luxembourg, dire que les Pirates font peur serait sans doute un peu exagéré. Mais pas de dire qu’ils sont de plus en plus nombreux à craindre au moins leurs assauts.