En 2021, les financements de la BEI, qui siège à Luxembourg, ont augmenté de 23% par rapport à 2020. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/Archives)

En 2021, les financements de la BEI, qui siège à Luxembourg, ont augmenté de 23% par rapport à 2020. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/Archives)

C’est un nouveau record pour le groupe Banque européenne d’investissement (BEI). Pour Werner Hoyer, son président, il était indispensable de relever les défis de 2021: la nécessaire accélération des transitions écologique et numérique, ainsi que la pandémie de Covid.

«Ces deux dernières années, nous avons démontré que la lutte contre la pandémie, le financement de la reprise et l’investissement dans l’action pour le climat sont des objectifs complémentaires. Le monde ne peut pas être sûr sans un accès aux soins de santé et aux vaccins et sans un tournant décisif vers un modèle économique fondé sur des solutions innovantes et respectueuses du climat. Les volumes de financement records que nous avons enregistrés en 2021 témoignent des efforts impressionnants déployés par l’Europe pour faire reculer la pandémie et promouvoir une relance verte en Europe et ailleurs dans le monde. En créant une nouvelle branche, BEI Monde, pour nos activités à l’extérieur de l’Union européenne, nous signalons notre ferme volonté de soutenir les transitions écologique et numérique au moyen des partenariats mondiaux de l’Europe», a commenté , président du groupe BEI,  pour résumer l’exercice 2021 de la banque.

Deux objectifs complémentaires, selon lui, qui impliquent qu’il «faille réfléchir au-delà des frontières européennes pour trouver les bonnes solutions».

58,7 milliards pour lutter contre la pandémie et ses conséquences économiques

Dans le détail, des 94,89 milliards de financements débloqués, 65,38 milliards sont venus directement de la Banque européenne d’investissement (BEI) et 30,5 milliards du Fonds européen d’investissement (FEI) – la filiale de la BEI créée en 1994 et spécialisée dans le support à la croissance économique dans l’UE en général et le soutien aux PME en particulier – sous forme de garanties et de fonds propres. Le groupe BEI a profité du nouveau fonds de garantie européen, créé avec 22 États membres pour appuyer les entreprises européennes face à la pandémie et doté de 23,22 milliards, ce qui a permis de mobiliser 174,4 milliards d’euros de financements supplémentaires.

Les PME, particulièrement touchées, ont bénéficié en 2021 de 45 milliards de crédit. 58,7 milliards sont allés à la lutte contre la pandémie et ses conséquences économiques; 27,6 milliards ont été consacrés au soutien à la transformation verte des économies de l’UE et les prêts aux régions de l’UE relevant de l’objectif de cohésion ont atteint 19,8 milliards. Cités comme des priorités par Werner Hoyer, l’innovation a bénéficié de 20,70 milliards; les énergies renouvelables, de 15,38 milliards; les villes et régions durables, de 13,80 milliards, et le secteur de la santé et des sciences de la vie, de 5,5 milliards.

Nous n’avons jamais investi dans le nucléaire et nous n’avons pas l’intention de le faire.
Werner Hoyer

Werner HoyerprésidentBanque européenne d’investissement

En 2021, le Groupe BEI, mettant en œuvre la Feuille de route 2021-2025 de la banque du climat approuvée par le conseil d’administration en novembre 2020, a intensifié ses investissements dans la double transition écologique et numérique. Werner Hoyer compte poursuivre en 2022 la transformation de la BEI en banque européenne du climat.

La part des investissements consacrés à des projets relevant de l’action climatique et de la durabilité environnementale est passée de 40% en 2020 à 43% en 2021.

L’essentiel des prêts en faveur de l’action pour le climat est actuellement consacré à l’atténuation des changements climatiques. Avec cette nouvelle feuille de route, la BEI va augmenter la part du total de ses financements climatiques consacrés à l’adaptation. Dans ses financements, elle sera tenue d’adopter une approche qui tienne compte des plans de décarbonation de ses clients. Avec comme objectif d’«accélérer la transition vers un monde avec des émissions de gaz à effet de serre moindres, voire nulles».

Werner Hoyer a indiqué vouloir privilégier les projets de transition à long terme. Ce qui exclut de fait dans son esprit le financement de l’énergie nucléaire que la taxonomie européenne autorise sous conditions. «Nous n’avons jamais investi dans le nucléaire et nous n’avons pas l’intention de le faire», a-t-il indiqué. Une phrase qui va susciter des réactions dans l’actuel débat sur l’inclusion du nucléaire et du gaz dans la taxonomie par la Commission.

Création de BEI Monde

La cohésion est une mission fondatrice de la BEI. Pour 2021, les financements en faveur de la cohésion se sont élevés à 19,8 milliards. Sur cinq ans, ce sont 90,8 milliards qui ont été mis à la disposition de projets soutenant la cohésion. L’action en faveur de la cohésion au cours de la période 2021-2027 sera axée sur 145 régions de l’UE, dont 67 régions en transition et 78 régions moins développées, précise la Banque.

La BEI est également active hors d’Europe: le groupe a ainsi affecté 8,1 milliards au financement du développement et aux partenariats à l’extérieur de l’Union européenne. Depuis 1958, elle a investi plus de 1.500 milliards dans plus de 14.400 projets à l’extérieur de l’UE. 

En 2022, a annoncé le président de la BEI, un coup d’accélérateur sera donné à l’activité dans les pays en développement grâce à la création d’une nouvelle branche, BEI Monde. «BEI Monde rassemblera l’ensemble des ressources de la BEI destinées aux activités hors UE et le savoir-faire qu’elle a acquis dans ce cadre au sein d’une structure de gestion claire permettant d’apporter une contribution plus importante et plus ciblée aux projets et initiatives de l’Équipe Europe (Team Europe). BEI Monde sera assistée et soutenue par un groupe consultatif du conseil d’administration, qui sera créé dans les mois qui viennent.»