Alors que le président des États-Unis, Donald Trump, a mis ses menaces à exécution ce mardi 4 mars en gelant l’aide militaire à l’Ukraine et en appliquant des droits de douane supplémentaires sur le Mexique, le Canada et la Chine, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a répondu en présentant le plan ReArm Europe. «Nous vivons une ère de réarmement.
Et l’Europe est prête à augmenter massivement ses dépenses de défense, à la fois pour répondre à l’urgence à court terme d’agir et de soutenir l’Ukraine, mais aussi pour répondre à la nécessité à long terme d’assumer une plus grande responsabilité pour notre propre sécurité européenne », a-t-elle expliqué ce mardi 4 mars à Bruxelles, avant le Conseil européen de jeudi.
Un plan en cinq volets
Ce plan ambitionne de mobiliser près de 800 milliards d’euros pour la défense, dont 150 milliards sous forme de prêts aux États membres. «Cet ensemble de propositions porte sur la manière d’utiliser tous les leviers financiers à notre disposition afin d’aider les États membres à augmenter rapidement et de manière significative les dépenses consacrées aux capacités de défense. De toute urgence maintenant, mais aussi sur une période plus longue, au cours de cette décennie. Il comprend cinq volets.»
Le premier volet du plan ReArm Europe consiste à assouplir l’utilisation des fonds publics dans le domaine de la défense au niveau national. Par exemple, si les États membres augmentaient leurs dépenses de défense de 1,5% du PIB en moyenne, cela pourrait créer une marge de manœuvre budgétaire de près de 650 milliards d’euros sur une période de quatre ans.
Lors du briefing technique organisé pour les journalistes dans l’après-midi, les responsables du secteur de la défense de la Commission ont précisé que si ce n’était pas dans les habitudes de la BEI d’accorder des prêts pour la défense, «il s’agit du moyen le plus adéquat et le plus rapide pour augmenter les capacités des États membres.» Plusieurs journalistes les ont questionnés sur la pertinence d’accorder des prêts et pas des subventions, ce qui risquait d’augmenter la dette de certains États. Mais les responsables de la Commission européenne ont défendu ce choix, arguant le fait d’avoir «choisi les instruments qui permettent d’avoir de l’argent rapidement.»
150 milliards de prêts
La deuxième proposition prévoit la création d’un nouvel instrument qui fournira 150 milliards d’euros de prêts aux États membres pour des investissements dans la défense. «Nous parlons de domaines de capacités paneuropéens. Cela aidera les États membres à mettre en commun la demande et à acheter ensemble. Bien sûr, avec cet équipement, les États membres pourront considérablement renforcer leur soutien à l’Ukraine», a ajouté la présidente de la Commission européenne.
Le troisième point concerne l'utilisation du pouvoir du budget de l'UE, tandis que les deux derniers domaines d’action visent à mobiliser les capitaux privés en accélérant l’Union des caisses d’épargne et d’investissement, ainsi que par le biais de la BEI. De plus, la Commission propose que les États membres puissent utiliser des fonds de cohésion pour augmenter leurs dépenses de défense et envisage une flexibilisation du déficit maximal de 3% pour ces investissements.
ReArm Europe pourrait ainsi mobiliser près de 800 milliards d’euros «pour une Europe sûre et résiliente. C’est un moment clé pour l’Europe. Et nous sommes prêts à passer à l’action. La question n’est plus de savoir si la sécurité de l’Europe est réellement menacée, ni si l’Europe doit assumer davantage la responsabilité de sa propre sécurité. En vérité, nous connaissons depuis longtemps les réponses à ces questions. La véritable question qui se pose à nous est de savoir si l’Europe est prête à agir avec la détermination que la situation exige, et si elle est prête et capable d’agir avec la rapidité et l’ambition nécessaires», a insisté Ursula von der Leyen.
Article mis à jour le 4 mars à 16h20 après le briefing technique off-the-record sur le paquet défense de la Commission européenne.