Après le cannabis, la cocaïne est la drogue la plus consommée au Luxembourg. (Photo: Shutterstock)

Après le cannabis, la cocaïne est la drogue la plus consommée au Luxembourg. (Photo: Shutterstock)

Le gouvernement a présenté son «plan d’action national drogues illicites 2020-2024». Celui-ci inclut quelque 80 mesures différentes réparties autour de plusieurs grandes priorités.

Le «plan d’action national drogues illicites» est la feuille de route des acteurs de terrain pour lutter contre le développement des usages, approuvé par le Groupe interministériel toxicomanie. Le gouvernement vient de présenter celui pour la période 2020-2024. Il comprend quelque 80 mesures diverses articulées autour de quelques grandes priorités.

La prévention est la première de la liste, afin de réduire l’offre. Avec les jeunes comme cible majeure. «Il m’importe de mettre un accent particulier sur les jeunes, notamment en milieu scolaire et dès l’enseignement fondamental, pour ce qui est des offres de prise en charge de traitement et de réhabilitation. Sans pour autant négliger les autres publics cibles ayant besoin d’une prise en charge accrue, notamment les personnes présentant des problèmes liés à l’usage de cannabis et de cocaïne, les personnes dépendantes vieillissantes, ainsi que les usagers de drogues à besoins spécifiques», a confirmé (LSAP), ministre de la Santé.

Seconde priorité: élargir les offres de traitements de substitution.

Mais aussi, troisième priorité: aller toucher les personnes qui en ont besoin là où elles se trouvent. Les développements futurs devront donc tenir compte d’une décentralisation et d’une régionalisation de l’offre de prise en charge, ce qui nécessitera «une implication accrue des autorités communales». Cela signifiera aussi une offre étendue de l’offre de logements supervisés, ou adaptés aux besoins des usagers.

Le travail se poursuivra aussi au niveau de l’offre. La lutte contre la production et les trafics sera maintenue, tandis que la coopération en matière judiciaire et répressive sera renforcée. La coopération au niveau international continuera plus que jamais à avoir tout son sens.

Des habitudes de consommation qui évoluent

Le dénominateur commun de toutes les actions sera l’«adaptation». Car les habitudes et les comportements des consommateurs évoluent en quasi-permanence. Notamment parce que les réseaux sont plus organisés, la cocaïne de plus en plus disponible sur le marché national, la concentration en THC toujours plus haute dans le cannabis, la qualité des drogues de plus en plus variable…

Le phénomène des drogues synthétiques (qui tentent de reproduire les effets de l’ecstasy, de la cocaïne, du LSD, du cannabis… mais sont beaucoup plus fortes, plus dangereuses et plus addictives, ndlr) est en développement au Luxembourg. Elles sont facilement accessibles sur le dark net ou sont parfois camouflées dans des produits que l’on pense anodins. Cela inquiète les autorités, tout comme l’usage de plus en plus sensible de «produits médicamenteux (comme les opioïdes synthétiques) à des fins d’usage non thérapeutique».

Ces changements, peut-on lire dans le nouveau plan, «requièrent non seulement une redéfinition de l’usage problématique et de l’usage à haut risque de drogues, mais renvoient également à la nécessité de développer les systèmes de surveillance, d’adapter les cadres législatif et réglementaire et d’ajuster les réponses en termes de réduction de la demande et de l’offre sur le plan national».

Des effets concrets

Alors que le premier plan d’action national remonte à il y a 20 ans, quelques signes laissent deviner l’efficacité de ceux qui se sont succédé. Ainsi, les taux de prévalence de l’usage à haut risque de drogues sont en baisse depuis 2004, et celui de l’usage par injection, depuis 2007. Les données de 2018 laissent voir que cette tendance à la baisse se poursuit.

Le nombre de décès suite à une surdose est aussi en baisse. En 2000, on déplorait encore 26 morts, mais 12 en 2010 et 4 en 2018. «Les salles d’injection et d’inhalation supervisées à moindre risque, le programme de traitement assisté à l’héroïne» semblent avoir, parmi d’autres mesures, joué leur rôle.

Le taux d’infections au VIH, qui avait flambé entre 2014 et 2016, est aussi en baisse depuis 2017.

Enfin, les substances les plus consommées au Luxembourg sont le cannabis, la cocaïne et les produits de type ecstasy. La hausse de la consommation de cannabis chez les 15-18 ans reste cependant modérée, selon les derniers chiffres recueillis.

Du retard dans le projet de légalisation du cannabis

Le projet de légalisation du cannabis récréatif fait partie de ceux qui ont disparu des radars. La ministre de la Santé a confirmé que les circonstances dues à la crise sanitaire avaient en effet constitué un coup de frein, mais que le travail se poursuivait. Le sujet étant «sensible» le gouvernement communique peu à son sujet.

Mais le projet va aboutir. Les autorités soulignent donc que: «La nouvelle stratégie drogues et addictions et le plan d’action y associé devront dès lors prendre en compte cette décision et contribuer à encadrer cette mesure aussi bien au niveau de l’information, de la sensibilisation et de la prévention en matière de cannabis en particulier et des comportements addictifs en général et du développement du réseau de prise en charge, en particulier pour les jeunes et les jeunes consommateurs. Il s’agit d’un exercice qui devra débuter en amont des changements législatifs à venir et les mesures mises en oeuvre devront subsister et être développées au-delà de l’entrée en vigueur de la règlementation visée. »