Pour Werner Hoyer, la banque de l’UE est plus que jamais pertinente pour l’action en faveur du climat et la compétitivité de l’Europe. (Photo: Maison Moderne/Nader Ghavami)

Pour Werner Hoyer, la banque de l’UE est plus que jamais pertinente pour l’action en faveur du climat et la compétitivité de l’Europe. (Photo: Maison Moderne/Nader Ghavami)

Le plan d’action initial de la Banque européenne d’investissement (BEI) prévoyait 50 milliards de crédits à allouer. Au final, la banque aura prêté pour 77 milliards. Un dépassement à mettre à l’actif de la lutte contre la pandémie de Covid-19 et de la crise climatique.

Dans le détail, le tiers des financements a été consacré à la lutte contre la pandémie, principalement pour protéger les PME, moderniser les hôpitaux et appuyer la mise au point de vaccins et de médicaments. Soit 25,5 milliards affectés à la réponse immédiate à la crise, avec une première enveloppe dès mars. La plupart de ces fonds sont allés aux petites et moyennes entreprises pour éviter les faillites et des suppressions d’emplois, en particulier dans les pays qui ne disposaient pas des ressources budgétaires nécessaires pour mettre en place des plans nationaux de sauvetage massifs.

Le besoin de soutien ayant augmenté sous l’effet de la pandémie, le Groupe BEI – qui comprend la BEI et le Fonds européen d’investissement (FEI) – a intensifié son appui aux PME de 5 milliards, le portant à 30,6 milliards. Au total, plus de 425.000 entreprises ont bénéficié d’un financement, ce qui a permis de préserver plus de 4,2 millions d’emplois. Le secteur de la santé a également profité de ce soutien. Le Groupe BEI, outre le soutien aux hôpitaux, a approuvé un prêt de 100 millions d’euros à BioNTech, la société allemande qui, conjointement avec Pfizer, a mis au point le premier vaccin contre le coronavirus. Le groupe a également financé plusieurs vaccins, mais aussi des entreprises qui développent des traitements contre le Covid-19 et des technologies de dépistage du virus.

La lutte contre la pandémie reste une priorité de l’exercice 2021. 25 autres milliards d’euros sont prévus pour soutenir les entreprises en difficulté et le secteur de la santé. Une partie de ce financement proviendra du Fonds de garantie européen (EGF), qui est devenu opérationnel à l’automne 2020. Les États membres de l’UE ont fourni près de 25 milliards d’euros de garanties pour permettre au Groupe BEI d’octroyer des financements supplémentaires, principalement à des PME touchées par la crise.

La banque européenne du climat

«Un effort considérable», comme le souligne , qui ne s’est pas fait au détriment des autres priorités d’investissement de l’institution. Les investissements dans le domaine de l’environnement ont atteint 16,8 milliards d’euros, les projets d’infrastructures ont bénéficié d’un soutien de 15,0 milliards d’euros, et 14,4 milliards d’euros ont été consacrés à des projets d’innovation.

Le second axe majeur de la politique de la BEI est sa transformation en «banque européenne du climat». La part des investissements consacrés à des projets relevant de l’action climatique et de la durabilité environnementale est passée de 34% à 40% en 2020, la rapprochant ainsi de l’objectif affiché de 50%. Le Groupe entend mobiliser 1.000 milliards d’investissements pour le climat et l’environnement d’ici la fin de la décennie. La feuille de route approuvée en novembre dernier par le conseil d’administration prévoit l’arrêt progressif du financement de projets à forte émission de carbone, comme les agrandissements d’aéroports, et fixe des critères stricts pour le financement d’autres projets, comme les autoroutes. Quant aux projets gaziers, ils ne sont désormais plus financés.

Le groupe BEI déploie également son action auprès de «pays tiers», principalement aux frontières de l’UE et en Afrique afin de renforcer leur résilience et lutter contre le changement climatique. 10,2 milliards d’euros – soit 13% des financements – ont ainsi été débloqués, dont 4,7 milliards pour l’Afrique (+50% sur un an). «L’accent a été mis sur les pays les plus vulnérables», détaille Werner Hoyer. Parmi les projets soutenus figure l’initiative de la Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel, l’initiative phare de l’Union africaine pour lutter contre les effets du changement climatique et de la désertification en Afrique.

2020 aura été également marquée par le départ définitif des Britanniques. «Une erreur tragique» pour Werner Hoyer. Qui ne met pas en danger la banque. La part du capital détenu par Londres, soit 17%, a été partagée entre les actionnaires actuels. Revers de la médaille, le Royaume-Uni n’est désormais plus éligible à recevoir des fonds de la BEI. Pour avoir un ordre d’idées de la perte, les engagements de la banque au Royaume-Uni atteignent actuellement 50 milliards d’euros. «De l’argent qui sera investi ailleurs.»