Les médecins revendiquent une refonte du système de santé, notamment en lien avec le progrès médical et la digitalisation, qui ne sont, à leur sens, pas assez pris en compte actuellement. (Photo: Shutterstock)

Les médecins revendiquent une refonte du système de santé, notamment en lien avec le progrès médical et la digitalisation, qui ne sont, à leur sens, pas assez pris en compte actuellement. (Photo: Shutterstock)

L’Association des médecins et médecins dentistes a exposé, mercredi, les priorités qu’elle entrevoit pour cette rentrée 2019, regroupées sous un slogan: «Nous avons besoin d’une table ronde sur la santé».

1. Endiguer la pénurie de médecins

«Toutes les données montrent un état d’urgence inquiétant au plus tard en 2030», rappelle le syndicat des médecins. «Par conséquent, la prise en charge médicale est sérieusement en danger, et le problème à venir de la pénurie de médecins doit être classé comme une priorité urgente.» L’AMMD attend d’ailleurs que le ministre de la Santé, , publie le rapport qu’il a commandé concernant la au Grand-Duché.

2. Autoriser les formes de société pour les praticiens libéraux

L’AMMD estime que les médecins devraient pouvoir choisir une forme de société qui s’adapte le mieux «aux exigences protéiformes des patients, comme de la pratique médicale», qui diffère entre les médecins généralistes, les spécialistes ou encore les dentistes.

3. Développer la formation

Le syndicat réclame que l’école médicale annoncée au sein de l’Uni offre un cursus complet – alors qu’il n’est pour l’instant prévu que d’ouvrir un bachelor en 2020. «Au-delà, il faut viser une formation dans toutes les spécialités sous le patronage de l’Université et l’auto-administration des médecins.»

4. Garantir la liberté d’exercice

Estimant que «la surrégulation étatique de la profession de médecin a conduit à la justification et à la mise en pratique de nombreuses restrictions à l’exercice» de la médecine, l’AMMD rappelle que les médecins exercent une profession libérale «dont l’exercice est protégé et garanti par la Constitution».

5. Modifier le système de conventionnement

L’AMMD contre l’organisation actuelle de la commission de nomenclature chargée de déterminer le niveau de remboursement des prestations médicales et des traitements par la Caisse nationale de santé.

«Le caractère général du conventionnement, qui provoque un monopole étatique sur les prestations de santé et consacre les pleins pouvoirs de la CNS dans une commission de nomenclature déséquilibrée, sert notamment le contrôle des coûts dans le système de santé et a eu comme effet collatéral l’atrophie dramatique de nombreuses offres médicales», estime le syndicat.

Ce système empêche, selon lui, à la population d’«accéder à des prestations de haut niveau». L’AMMD demande une «adaptation de la philosophie de travail» de la commission de nomenclature afin d’atteindre un «financement transparent des prestations médicales» dans lequel «chaque prestation médicale fournie serait reconnue de manière appropriée».

6. Développer la médecine ambulatoire et extrahospitalière

Partant du principe que la «médecine moderne faisant appel aux progrès dans le domaine des thérapies non invasives et aux possibilités émergentes de la digitalisation se déroule de moins en moins dans les grands hôpitaux», l’AMMD en appelle à un système de santé « et proche du patient». D’où la nécessité de développer un secteur extrahospitalier et ambulatoire «sous la responsabilité des médecins en coopération avec les hôpitaux».

7. Fixer de nouvelles règles pour les relations entre médecins et hôpitaux

L’AMMD avait exprimé sa déception face aux conditions fixées par la loi sur la planification hospitalière et les établissements hospitaliers concernant les médecins travaillant dans de telles enceintes. Le syndicat réclame «une collaboration entre partenaires scellée par des contrats solides» afin de développer l’activité des praticiens dans les hôpitaux.

«L’heure tourne», avertissent les médecins, qui appellent à adopter une «vision d’avenir pour le système de santé qui soit cohérente et orientée par le progrès et les besoins». Ils évoquent une loi santé qui pourrait «dans un court délai conduire notre système de soins classique vers un Smart Health System intelligent et connecté».

«Il reste à espérer que la politique saisisse enfin l’urgence de la situation et concrétise sans hésiter le changement de paradigme urgent et nécessaire dans notre système», conclut l’AMMD, qui considère qu’une table ronde sur la santé devrait être organisée au niveau national. Le syndicat avait d’ailleurs soumis en juin dernier  pour cette refonte en profondeur.