Le retour des barrières fiscales et sociales au télétravail pour les frontaliers ne sonne pas forcément la fin de la pratique, en particulier dans certains secteurs où elle est davantage ancrée. (Photo: EU)

Le retour des barrières fiscales et sociales au télétravail pour les frontaliers ne sonne pas forcément la fin de la pratique, en particulier dans certains secteurs où elle est davantage ancrée. (Photo: EU)

Satisfaction, popularité, possibilités, mais aussi impacts sociétaux: le télétravail comporte de nombreux enjeux dans l’espace transfrontalier. Le Liser s’est penché dessus dans ses derniers Cahiers de la Grande Région.

, le robinet des jours de télétravail illimités s’est refermé pour les frontaliers, qui ont renoué avec les seuils fiscaux de 34 jours pour les Belges, 29 jours pour les Français et 19 jours pour les Allemands.

Toutefois, le recours prononcé au télétravail durant la crise sanitaire a généré beaucoup d’avancées pour cette pratique qui semble loin d’avoir totalement disparu au Luxembourg. La preuve en sept enseignements publiés dans le dernier numéro des du Liser qui compile plusieurs contributions scientifiques.

Le Luxembourg n°1 du télétravail

Avec 56% des emplois résidents le potentiel du télétravail est exceptionnellement élevé au Luxembourg. En 2020, le pays est d’ailleurs devenu celui où le travail à domicile des résidents était le plus répandu en Europe, dépassant les Pays-Bas.

Le télétravail a doublé au Luxembourg

Au second trimestre 2020, . Un an plus tard, ce taux s’élevait à 41% ce qui représente un niveau deux fois plus élevé qu’avant la pandémie où il gravitait autour de 20%.

Quatre professions privilégiées

La forte télétravaillabilité du Luxembourg s’explique par la concentration d’entreprises actives dans les services aux entreprises. Les métiers d’analystes informatiques, de spécialistes financiers, de juristes et d’autres spécialistes affichent les taux les plus élevés de télétravail.

Le télétravail, pas que pour le Covid

Qui dit télétravail dit avantages pour le Luxembourg: réduction du trafic automobile et rencontre des objectifs climatiques sont les plus évidents. Certaines entreprises ont instauré une stratégie à moyen voire à long terme en la matière, mais le consensus intra- et inter-national est difficile à trouver, pointe Anne Hartung du Statec tant la pratique varie selon les secteurs.

Les frontaliers les plus satisfaits

Plus la durée du télétravail s’étend, plus la satisfaction au travail diminue. Pourtant celle-ci s’accroît chez certaines catégories de travailleurs, dont les frontaliers pour qui les gains de temps de déplacement sont plus marqués que les résidents. Le Liser souligne aussi que la généralisation du télétravail pendant la crise sanitaire a estompé certains avantages chez les salariés concernés qui ne se sentaient plus privilégiés.

Une solution, mais pas LA solution

«Le télétravail ne permettrait pas à lui seul, en l’état actuel, de résoudre tous les problèmes de mobilité dans la métropole transfrontalière de Luxembourg», avance Vincent Hein de la Fondation Idea. L’économiste en veut pour preuve la difficulté de déployer la pratique dans un pays où la moitié de la main-d’œuvre habite à l’étranger et fait donc l’objet de restrictions en matières fiscales et de sécurité sociale. Pour le Luxembourg, les risques de pertes d’activités dans l’horeca et les commerces, couplés à ceux de pertes fiscales et de concurrences avec des territoires potentiellement plus attractifs sont cités.

Un influenceur démographique et économique?

Vu de Belgique, le relèvement du pourrait contribuer à l’élargissement de la zone de recrutement en territoire wallon des frontaliers actifs au Luxembourg, avance Jean-Marc Lambotte de l’Université de Liège. La Belgique gagnerait aussi en attractivité pour les travailleurs frontaliers, ce qui pourrait accroître son solde migratoire international, mais aussi alimenter à la hausse les prix du foncier dans le sud-est de la Wallonie .