7 athlètes qui représenteront le Luxembourg aux jeux olympiques de Tokyo fin juillet. (Montage: Maison Moderne)

7 athlètes qui représenteront le Luxembourg aux jeux olympiques de Tokyo fin juillet. (Montage: Maison Moderne)

Ils devraient être une dizaine d’athlètes luxembourgeois à se rendre fin juillet à Tokyo pour disputer les 32e olympiades de l’ère moderne (du 23 juillet au 8 août). Avant d’en arriver là, certains ont connu des trajectoires étonnantes. On vous les raconte.

1. Bob Bertemes, Lanceur de poids

Bob Bertemes est sans doute la meilleure chance de voir cet été un Luxembourgeois monter sur un podium olympique. Chose qui ne s’est plus vue depuis 1952 dans une olympiade estivale et le titre d’un certain Josy Barthel à Helsinki. Pour en revenir à Bertemes (28 ans), ce grand gaillard de près d’1m90 devait avoir une dizaine d’années lorsqu’il effectua ses premiers pas sur une piste d’athlétisme, aux côtés de Sonia Ilieva, une ancienne lanceuse de javelot qui fut pendant plus de dix ans son entraîneuse. En rentrant assez tôt dans l’armée luxembourgeoise, Bertemes a mis toutes les chances de son côté pour atteindre le haut niveau. Comme lorsqu’en 2017, il décida de se tourner vers l’Allemagne et l’entraîneur Khalid Alqawati. Un vrai pari qui s’est avéré payant puisque cela l’amena à passer le palier vers le gratin mondial. Aujourd’hui, le Diekirchois fait partie du top 10 mondial dans une discipline où la densité est assez impressionnante. Sixième des Championnats d’Europe 2018 à Berlin, il possède un record (à 22 m 22) qui le place au 21e rang des meil­leurs performeurs de tous les temps. S’il parvenait à sortir un tel lancer en finale des JO, la médaille pourrait ne pas être très loin…

2. Ni Xia Lian, Pongiste

C’est l’histoire d’une surdouée du tennis de table née en 1963 en Chine. Avec tout ce que cela implique sur le plan politique ou culturel. L’histoire aussi d’une petite fille à qui l’on a répété dans sa jeunesse qu’elle était trop petite (1 m 57) pour atteindre le haut niveau, mais qui, à force de travail et de sacrifices, est montée jusqu’au deuxième rang national dans ce pays où le tennis de table est plus qu’un sport. Avant d’être sacrée championne du monde (en double mixte) en 1983, puis de monter sur la deuxième marche, toujours au niveau mondial (en double), deux ans plus tard. C’est également l’histoire d’une femme qui a profité de l’ouverture de la Chine au monde dans les années 1980 pour rejoindre l’Europe. Et emmener dans son sillage le Lux­embourg au sommet du ping-pong européen (trois titres, deux médailles d’argent). C’est encore l’histoire d’une athlète qui a découvert les Jeux olympiques à 37 ans à Sydney (2000) et qui disputera cet été ses cinquièmes JO à… 58 ans. Oui, Ni Xia Lian a vécu plusieurs vies en une. «Je ne suis pas sûre que je serais capable de réussir la même vie une deuxième fois…», a-t-elle l’habitude de dire. On la comprend aisément…

3. Raphaël Stacchiotti, Nageur

Le 24 juillet 2020 devait être le jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Tokyo. Ceux-ci ayant donc été décalés d’un an, Raphaël Stacchiotti en a profité pour… se marier avec sa compagne Jill ce jour-là. Un an jour pour jour après s’être qualifié pour ces mêmes JO. C’est ce qui s’appelle faire contre mauvaise fortune bon cœur!

Finalement, c’est donc cet été que le nageur ettelbruckois se rendra au Japon pour ce qui sera ses quatrièmes et derniers Jeux, après Pékin (2008), Londres (2012) et Rio (2016). La fin d’une belle aventure pour ce garçon qui a remporté plus de médailles lors des Jeux des petits États d’Europe (JPEE) qu’il n’a de bougies sur son gâteau d’anniversaire. Un constat qui restera valable encore un temps puisqu’il en compte 49 (dont 40 en or) à 29 ans. Mais les deux médailles d’or qui comptent sans doute le plus à ses yeux restent certainement celles remportées lors de ses titres européens glanés en junior. Compléter sa collection avec une breloque olympique n’est pas à l’ordre du jour, mais celui qui est devenu papa de jumelles en septembre dernier peut rêver d’un top 15 dans sa discipline, le 200 m quatre nages. Ce qui serait déjà une victoire en soi.

4. Nicolas Wagner, Cavalier de dressage

À jamais le premier. L’équitation, et notamment le dressage, a beau être une discipline olympique depuis plus d’un siècle désormais, jamais aucun cavalier luxembourgeois n’avait réussi à se qualifier pour les JO. Jusqu’à Nicolas Wagner (29 ans). Avec son cheval, Quater Back Junior, ils sont donc déjà un peu rentrés dans l’histoire du sport luxembourgeois, via cette discipline du dressage où le couple cheval-cavalier doit réussir à enchaîner les figures avec harmonie, précision et grâce. Faire corps avec sa mon­-ture, quoi de plus logique pour ce garçon qui a baigné dans le milieu équestre depuis sa plus tendre enfance, avec un grand-père qui était président du stud-book luxembourgeois et une maman qui a toujours élevé des chevaux. «Je devais avoir trois ans la première fois qu’elle m’a mis sur un cheval», déclare-t-il, en rigolant. Un rêve de gosse en somme. 

5. Sarah De Nutte, Pongiste

Il est souvent difficile de s’y retrouver dans les critères de qualification pour les Jeux, chaque discipline fixant ses règles. Parfois, vous obtenez votre ticket grâce à un bon résultat dans une autre compétition majeure, parfois via le fameux TQO (tournoi de qualification olympique). Ou tout simplement grâce à votre ranking mondial. Souvent, c’est même un mélange de tout ça. Le mal de tête n’est donc jamais très loin… Mais quand la qualification est acquise, on oublie tout. C’est ce qui est arrivé à Sarah De Nutte (28 ans), avant-dernière qualifiée pour le tournoi de tennis de table féminin. Direction, donc, le Japon, ce pays dont elle se dit «fan». Appréciant sa rigueur et sa discipline, mais aussi sa nourriture et… les Pokémon.

6. Tom Habscheid, Lanceur de poids paralympique

Août 2012, installé tranquillement devant sa télé pour suivre les Jeux olympiques de Londres, Tom Habscheid (34 ans) tombe sous le charme des épreuves du lancer de poids et de disque. Août 2016, pratiquement quatre ans plus tard jour pour jour, il est au mythique stade Maracanã de Rio pour disputer le concours du lancer de poids des Jeux para­-lympiques (dont il prend la septième place). Voilà ce qu’on appelle une progression fulgurante! Celle d’un garçon né avec une malformation au niveau du fémur gauche, ayant eu pour conséquence une jambe plus courte et atrophiée. Mais qui, malgré ce handicap, a toujours été très sportif, pratiquant le foot, le ski, la natation… Semi-professionnel, partageant son temps de travail entre son job de réceptionniste au Centre national de l’audiovisuel (CNA) et ses activités sportives, le Dudelangeois est devenu en 2019 vice-champion du monde de lancer de poids, accrochant au passage le record du monde de sa catégorie. Puis vice-champion d’Europe voici quelques jours en Pologne. À chaque fois battu par le même athlète britannique. Du coup, son challenge est tout trouvé pour Tokyo: enfin réussir à le battre et monter sur la plus haute marche du podium.

7. Christine Majerus, Cycliste

Christine Majerus est une légende vivante. À 34 ans, celle qui n’est arrivée sérieusement au vélo qu’assez tard (18 ans) a été sacrée six fois Sportive luxembourgeoise de l’année et cumule la bagatelle de 36 titres nationaux, si l’on additionne ses victoires en contre-la-montre, course en ligne et cyclocross. C’est bien simple, aucune de ces couronnes n’a échappé à la cycliste professionnelle depuis 2010. Il est vrai que celle qui disputera sa troisième olympiade à Tokyo est la seule représentante nationale dans le World Tour féminin, le plus haut niveau. Dans le fond, la seule chose qui manque peut-être à son palmarès, c’est un résultat qui claque fort sur le plan international. En 2018, elle n’en a pas été très loin en échouant à la quatrième place des Championnats du monde de cyclocross. Tokyo peut-il changer ça? Au vu du parcours qui a été dessiné au Japon, on ne parierait pas là-dessus…

Et les autres?

Au moment de boucler les pages de ce magazine, les sélections pour les Jeux olympiques et paralympiques n’étaient pas terminées. En plus des athlètes que vous retrouvez sur ces deux pages, deux cyclistes professionnels masculins (qui n’avaient pas encore été désignés) feront aussi à coup sûr le voyage pour le Japon. Il en sera de même au niveau des triathlètes. Il y a un fauteuil pour deux: qui sera l’heureux élu entre Bob Haller et Stefan Zachäus? D’autres athlètes, eux, se battaient toujours pour obtenir leur billet pour l’Asie. C’était le cas notamment de l’archer Jeff Henckels et des athlètes Charline Mathias, Charel Grethen et Vera Hoffmann. Sans oublier la nageuse Julie Meynen. 

Cet article a été rédigé pour  parue le 24 juin 2021.

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