ArcelorMittal veut  produire un acier vert d’ici à 2050. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

ArcelorMittal veut  produire un acier vert d’ici à 2050. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

ArcelorMittal ambitionne de devenir le premier sidérurgiste au monde neutre en émissions de carbone. Mais cela devrait coûter jusqu’à 65 milliards d’euros, sans compter une facture de 200 milliards d’euros pour les infrastructures. Cela s’en ressentira dans ses coûts de fabrication.

L’objectif du géant de l’acier est clair: réduire ses émissions de CO2 de 30% d’ici à 2030 et devenir le premier sidérurgiste au monde à être neutre en carbone, dès 2050. Pour y parvenir, a présenté jeudi deux technologies.

Il y a, d’une part, le «Smart Carbon»: une filière de fabrication d’acier neutre en carbone qui exploite toutes les énergies propres (carbone circulaire, électricité propre et capture, et stockage de carbone) dans un environnement de réduction contrôlée à haute température du minerai lors de la fabrication du fer. Le groupe prévoit un investissement compris entre 15 et 25 milliards d’euros pour ce procédé.

Le procédé du Smart Carbon exploite toutes les énergies propres. (Photo: ArcelorMittal)

Le procédé du Smart Carbon exploite toutes les énergies propres. (Photo: ArcelorMittal)

D’autre part, ArcelorMittal veut atteindre la neutralité carbone avec le DRI, à savoir l’utilisation d’hydrogène plutôt que du gaz naturel pour fabriquer l’acier. «Lorsque cet hydrogène sera ‘vert’, le processus de fabrication de l’acier se rapprochera de la neutralité carbone», estime la multinationale basée au Luxembourg. Celle-ci table sur une enveloppe allant de 30 à 40 milliards d’euros pour le DRI.

Le DRI présente un potentiel, mais semble technologiquement moins mature. (Photo: ArcelorMittal)

Le DRI présente un potentiel, mais semble technologiquement moins mature. (Photo: ArcelorMittal)

Cette technologie présente néanmoins un potentiel de résultat moins rapide que le «Smart Carbon», pour lequel une énergie renouvelable abordable doit être disponible à grande échelle pour fabriquer l’acier à base d’hydrogène.

Un acier vert, mais plus cher à produire

La neutralité carbone du groupe passe aussi par l’utilisation accrue de l’acier recyclé, mais également l’électricité produite à base de sources renouvelables, le carbone circulaire (extrait de déchets biologiques) et la capture et le stockage du carbone, à savoir la capture du CO2 avant son émission et son stockage sous terre.

«Aujourd’hui, le plus grand obstacle à la transition vers un acier neutre en carbone est l’absence de conditions de marché adaptées», souligne Geert Van Poelvoorde, CEO d’ArcelorMittal Europe. «Le coût financier pour produire de l’acier neutre en carbone est incontestablement considérable.»

Le coût financier pour produire de l’acier neutre en carbone est incontestablement considérable.

Geert Van PoelvoordeCEOArcelorMittal Europe

Car, en plus des investissements liés aux nouvelles technologies, le groupe budgète entre 15 et 200 milliards d’euros supplémentaires pour l’infrastructure d’énergie propre. Il construit actuellement cinq usines de démonstration à l’échelle industrielle en Belgique (à Gand), en France (à Dunkerque) et en Allemagne (à Hambourg), où un véritable laboratoire grandeur nature de la technologie DRI est en gestation. 

Ces investissements devraient générer des hausses des coûts de production comprises entre 30% et 60% pour le «Smart Carbon», et entre 50% et 80% pour le DRI. Un acier vert, mais moins compétitif que celui de la concurrence? «Ceci est clairement un risque», admet , directeur général d’ArcelorMittal Europe. «Mais nous sommes bien positionnés pour décarboniser notre activité», soutient-il.

Celui qui est aussi président et directeur financier du sidérurgiste en appelle à un «level playing field»: «Les émissions de carbone ne connaissent pas non plus de frontière: un effort à l’échelle internationale, où toutes les nations et toutes les entreprises jouent leur rôle, s’avère donc indispensable.»

ArcelorMittal emploie 3.810 salariés au Luxembourg, où est établi son siège social, ainsi que 7 sites de production. En 2019, la multinationale a encaissé 63 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en baisse de 7% sur un an, couplé à une perte nette de 2,1 milliards d’euros.