Le CEO de Deutsche Bank Luxembourg, Frank Rückbrodt, s’attend à des effets de deuxième et troisième tour pour les banques européennes à la suite de la guerre en Ukraine. (Photo: Deutsche Bank)

Le CEO de Deutsche Bank Luxembourg, Frank Rückbrodt, s’attend à des effets de deuxième et troisième tour pour les banques européennes à la suite de la guerre en Ukraine. (Photo: Deutsche Bank)

Deutsche Bank Luxembourg affiche un résultat et un total de bilan en hausse en 2021, tandis que les coûts généraux ont augmenté. Face aux incertitudes macroéconomiques, la banque veut adopter une approche «conservatrice» des risques et explique pouvoir dégager des résultats positifs en 2022.

Deutsche Bank Luxembourg a publié ce 12 mai ses résultats annuels pour l’exercice comptable 2021. À cette occasion, la banque annonce avoir enregistré un résultat net de 148 millions d’euros, contre 91 millions d’euros en 2020, soit une progression de 62%. En parallèle, le produit net a augmenté de 35,5 millions d’euros pour atteindre 325,4 millions d’euros. Également en croissance, le total du bilan affichait la somme de 27,5 milliards d’euros au 31 décembre 2021, contre 25,7 milliards lors de l’exercice précédent.

Pour leur part, les crédits et avances à la clientèle ont, par contre, légèrement reculé, passant de 13,7 milliards d’euros en 2020 à 13,5 milliards d’euros en 2021.

Citant «un environnement économique difficile», Frank Rückbrodt, CEO et membre du directoire de l’entité luxembourgeoise, déclare toutefois: «Notre banque a une nouvelle fois enregistré une croissance rentable et a ainsi pu renforcer le niveau de ses réserves facultatives, tout en versant à sa société mère un dividende de quelque 151 millions.»

Des coûts en hausse

En matière de dépenses, le CEO de Deutsche Bank Luxembourg indique avoir suivi la tendance à la hausse du secteur: «Nous avons donc eu une augmentation des dépenses. Cependant, moins que dans le secteur, nos frais généraux d’administration ont augmenté de 6%, alors qu’au Luxembourg, ces coûts ont augmenté de 10,6%.» La hausse des coûts connue par l’institution bancaire s’explique notamment par «un renforcement des contrôles, en particulier dans les domaines du KYC».

En 2021, l’institution bancaire a réduit ses provisions nettes pour risques à 24,4 millions d’euros, «à la faveur d’une gestion des risques active et conservatrice». En 2020, ce chiffre s’élevait en revanche à 51 millions d’euros «en raison de la pandémie».

Les fonds propres réglementaires de Deutsche Bank Luxembourg sont ressortis à 5,9 milliards d’euros. Ils se sont maintenus à un niveau stable par rapport aux 6 milliards d’euros de l’année précédente. Toujours au niveau des risques, le ratio de couverture des besoins de liquidité a atteint 167,8%, «largement supérieur au seuil minimal de 100%», indique la banque.

Les effets secondaires de la guerre

«Malgré les bons résultats de 2021, nous restons prudents», explique Frank Rückbrodt, en précisant que «les conséquences économiques de la guerre en Ukraine, ainsi que les défis persistants liés à la pandémie, sont source d’incertitudes».

Le CEO de Deutsche Bank Luxembourg explique que le groupe avait déjà commencé à réduire son exposition à la Russie depuis l’annexion russe de la Crimée en 2014. Au regard des événements en cours en Ukraine, il déclare que «nous n’avons pas d’exposition matérielle à long terme du côté des clients en Russie ou en Ukraine», soulignant qu’«il n’y a pas de risque de crédit matériel existant».


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Malgré tout, Frank Rückbrodt n’exclut pas des risques de contagion du marché. «Du point de vue de l’impact primaire, le Luxembourg n’est pas matériellement affecté. Cependant, les grandes incertitudes sont les effets de deuxième et troisième tour, que nous ne pouvons pas encore voir.» De la sorte, le CEO de l’entité luxembourgeoise s’attend à des incertitudes sur l’économie mondiale, sur les marchés financiers et «sur nos clients quand il s’agit de l’augmentation des prix du pétrole, mais aussi sur les matières premières».

Dans un environnement macroéconomique incertain, Frank Rückbrodt se veut par contre rassurant pour les résultats de 2022. Il mentionne en effet les éléments hors bilan de la banque, en l’occurrence les prêts syndiqués dans la division de banque d’affaires. «Ils ont augmenté de 2,6 milliards d’euros d’une année à l’autre, passant de 36,2 milliards d’euros à 38,8 milliards d’euros», indique-t-il. Et de préciser: «Nous gagnons de l’argent grâce à cela, car ça contribue à notre revenu net d’intérêt (…), ce qui représente un revenu futur pour la banque.»

À la recherche d’un nouveau bâtiment

Du point de vue des ressources humaines, la banque emploie 313 personnes, un chiffre en augmentation par rapport à l’année précédente. Parmi ces effectifs, deux tiers sont des travailleurs frontaliers, dont 90% habitent en Allemagne.

La banque, qui fonctionne actuellement sur une base de roulement de 50% de son personnel en présentiel et en télétravail, annonce qu’elle quittera son siège actuel, basé dans le haut du Kirchberg, à moyen terme. Elle s’active donc à chercher un nouveau bâtiment qui répondra à un mode de travail hybride.

Créée en 1970, Deutsche Bank Luxembourg offre des services et des produits liés à la banque commerciale, la banque d’affaires, la banque privée et la gestion d’actifs à des clients institutionnels. Filiale de Deutsche Bank AG, elle fait partie des banques systémiques basées au Luxembourg et est donc régulée par la Banque centrale européenne (BCE). Cette entité luxembourgeoise représente une certaine importance pour le groupe bancaire. Comme le rappelle Frank Rückbrodt, en termes de revenus au niveau du groupe, le Luxembourg se classe en troisième position, après les États-Unis et l’Allemagne.