La Cellule de renseignement financier (CRF) du Luxembourg a déclaré avoir reçu 44.519 déclarations liées à des transactions financières ou à des activités suspectes concernant le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme en 2023, soit une baisse par rapport aux , selon le rapport annuel de l’agence fin juillet 2024. La CRF joue un rôle crucial dans la lutte contre le blanchiment d’argent (AML) et le financement du terrorisme (CTF) au Luxembourg en analysant ces déclarations afin de détecter et de prévenir la criminalité financière.
La réduction du nombre de cas signalés a été principalement attribuée à une diminution des activités suspectes liées au commerce électronique. Plus précisément, le nombre de déclarations d’activités suspectes liées au commerce électronique sans détails sur les transactions (STRE) est passé de 30.287 en 2022 à 23.610 en 2023. De même, les déclarations d’activités suspectes liées au commerce électronique avec volume de transactions (SARE) sont passées de 11.881 en 2022 à 8.291 en 2023. En revanche, les catégories de déclarations traditionnelles ont connu une légère augmentation, les déclarations d’activités suspectes (SAR) passant de 6.260 en 2022 à 6.953 en 2023, et les déclarations d’opérations suspectes (STR) passant de 4.611 en 2022 à 5.442 en 2023.
Pour répondre aux soupçons de financement du terrorisme, la CRF met en œuvre deux types de déclarations spécifiques: l’une impliquant des transactions (TFTR) et l’autre sans transactions (TFAR). Le nombre de déclarations relatives au financement du terrorisme est resté relativement stable, passant de 220 en 2022 à 223 en 2023. Cette stabilité a été influencée par l’exposition financière internationale du Luxembourg et la présence d’institutions de paiement en ligne et de monnaie électronique desservant des clients mondiaux.
En ce qui concerne les déclarations transfrontalières, la CRF a géré 27.609 échanges en 2023. Les principaux destinataires de ces déclarations ont été l’Allemagne avec 7.391 déclarations, la France avec 4.236 déclarations, l’Italie avec 3.276 déclarations et l’Espagne avec 1.383 déclarations. La CRF a également procédé à 1.936 échanges standards avec les cellules de renseignement financier des États membres de l’UE en 2023, dont celles de France (462), de Belgique (315), d’Allemagne (304), d’Italie (127) et d’Espagne (114). Cette coopération étendue a mis en évidence l’importance du partage d’informations pour une prévention efficace de la criminalité financière internationale. En outre, la CRF a contribué à 40 enquêtes actives avec Europol en 2023, contre 22 en 2022.
Défis opérationnels et réponses
La complexité des rapports a augmenté en 2023, a déclaré la CRF, en grande partie en raison de la sensibilité accrue des professionnels en vertu de la loi de 2004 à l’égard des cas de blanchiment d’argent autonomes. Pour relever ces défis, la CRF a renforcé ses capacités d’analyse en embauchant des analystes financiers hautement spécialisés et en incorporant des outils avancés tels que goAML pour traiter des analyses complexes.
La CRF a également fait progresser ses efforts de transformation numérique en explorant les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle pour améliorer l’analyse des données. Ces progrès technologiques étaient essentiels pour identifier et s’attaquer aux réseaux sophistiqués de blanchiment d’argent, a souligné l’agence.
En réponse aux développements internationaux, y compris les mesures restrictives contre la Russie suite à son invasion de l’Ukraine et les attaques en Israël en octobre 2023, la CRF s’est adaptée en rejoignant des groupes d’action internationaux. Cette approche vise à mieux comprendre et gérer le financement des entités liées à ces événements mondiaux.
Blocage des transactions
Étant donné que la CRF n’opère que sur la base de soupçons de blanchiment de capitaux ou de financement du terrorisme, l’identification d’une infraction primaire reste provisoire. La CRF a le pouvoir de «bloquer» des transactions financières, ce qui précède généralement une saisie judiciaire ou permet de disposer d’un délai supplémentaire pour l’analyse du dossier. En 2023, la CRF a bloqué 609,4 millions d’euros pour 153 infractions, contre 180,2 millions d’euros en 2022 pour 93 affaires de ce type. La plupart de ces blocages étaient liés au secteur financier international, permettant aux autorités étrangères compétentes de demander la saisie judiciaire des fonds par le biais de demandes formelles d’entraide judiciaire. Dans d’autres cas, des enquêtes nationales sur le blanchiment d’argent autonome ont été ouvertes. Les chiffres de 2023 sont vraisemblablement «hors norme», en raison de deux cas où les montants bloqués étaient «exceptionnellement élevés», selon le rapport.
Pour l’avenir, la CRF continue à se concentrer sur l’amélioration de la qualité et de la quantité des informations reçues des professionnels soumis à la loi de 2004. Il s’agit notamment de participer activement à des réunions internationales et à des formations afin de se tenir au courant des dernières typologies en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.
En utilisant des outils analytiques avancés et en encourageant la collaboration internationale, la CRF vise à maintenir une réponse robuste au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme, en veillant à ce que le système financier luxembourgeois reste sûr et conforme aux normes mondiales, indique le rapport annuel.