Stanislas Dutreil, managing director Belux chez Badenoch + Clark.  (Photo: DR)

Stanislas Dutreil, managing director Belux chez Badenoch + Clark.  (Photo: DR)

Dans le cadre du «10x6 Up your skills!» organisé par le Paperjam + Delano Club, le mardi 28 juin, Stanislas Dutreil, managing director Belux chez Badenoch + Clark, partage ce qui l’inspire.

L’upskilling des personnes de plus de 50 ans est souvent jugé inutile pour les entreprises, comment convaincre du contraire?

Stanislas Dutreil. – «Penser qu’une personne de plus de 50 ans sera moins agile et moins réceptive à apprendre de nouvelles techniques, de nouveaux process ou de nouvelles méthodes de travail est aujourd’hui une aberration. Leur expérience de vie, leur maturité et leur capacité d’analyse leur permettent de mettre en application plus rapidement ces apprentissages, tout en pouvant apporter un avis constructif et comparatif au travers d’exemples passés concrets. La volonté d’apprendre est une motivation que l’on ne perd pas avec l’âge. Il s’agit d’une mentalité que la personne a en elle ou pas.

Actuellement, les entreprises s’aperçoivent d’ailleurs qu’il est plus aisé d’intégrer, former et faire perdurer un collaborateur senior qu’un collaborateur junior, du fait d’un sens du respect plus abouti, d’une motivation plus forte et d’une envie d’accomplissement professionnel plus élevé. Après une décennie de remise en question du travail des seniors liée à leur coût, leur manque d’adaptabilité et leur manque d’expérience en digital, j’ose espérer que les entreprises inversent la tendance en utilisant l’expérience au service de leur entreprise, tout en les formant à leur environnement de travail et leurs technologies.

Comment répondre au besoin d’upskilling de la part des employés?

«Précisons qu’il existe trois types d’employés sur ce sujet.

1. Les employés sans aucune demande de formation supplémentaire du fait d’une velléité de ne pas changer leur quotidien opérationnel.

2. Les employés qui attendent que leurs managers/RH les sollicitent pour leur proposer des programmes de formation (rétention ou nécessité de former les équipes).

3. Ceux en perpétuelle quête de développement personnel et professionnel qui osent demander régulièrement un accompagnement. Ces derniers doivent être accompagnés par leur employeur en identifiant des programmes courts et longs, tout en comprenant le sens de ces demandes (intérêt et objectifs de l’upskilling?).

Les différentes possibilités offertes par le marché (e-learning, programmes certifiants/diplômants, formations courtes gratuites, formations prises en charge par l’Adem, webinars, etc.) sont telles que l’employé doit à la fois se prendre en main sur son temps personnel en identifiant les sujets pertinents, et à la fois être en démarche collaborative avec son employeur pour mettre en place un accompagnement personnalisé selon la durée identifiée. Selon une enquête de LHH, 60% des employés envisagent une démarche d’autoformation du fait d’un manque de suivi de la part de leur employeur!

Quelles soft skills sont les plus à même d’être upskillées à l’avenir?

«Au regard de la période de Covid que l’on vient de traverser et de la transformation actuelle du monde du travail (attentes, équilibres, nouvelles économies…), deux soft skills me viennent en tête: 

– La gestion du temps: les travailleurs et les entreprises sont actuellement en décalage sur ce principe. Pourtant, l’objectif d’être plus performant plus rapidement est notre quête à tous. Force est de constater que l’on entend tous les jours ‘je n’ai pas le temps’ ou ‘le délai était trop court pour délivrer un projet de qualité’. Cette compétence ‘gestion du temps’ est une compétence trop peu considérée à mon sens. Il va donc falloir réfléchir à optimiser ceci pour la majorité des personnes (avec bien entendu des exceptions pour certain(e)s qui ont une réelle capacité à organiser et gérer leur temps sur les tâches à réaliser).

– L’intelligence émotionnelle: cette compétence a été mise en lumière au début de la précédente décennie, au travers de tests, analyses et critères qui permettaient de dire si Monsieur X ou Madame Y avait une intelligence émotionnelle élevée. Puis, l’intelligence artificielle a pris le dessus. Peut-on dire que les modes d’évaluation sont fiables à ce jour? Je ne pense pas. En revanche, savoir analyser la capacité d’une personne à savoir écouter, observer et agir dans le bon sens avec la bonne émotion dans les mots et dans l’attitude est nécessaire.»