Le secret bancaire suisse a attiré criminels et dictateurs dont Roland Rossier relate les méfaits. (Photo: Maison Moderne)

Le secret bancaire suisse a attiré criminels et dictateurs dont Roland Rossier relate les méfaits. (Photo: Maison Moderne)

L’été est une période propice à la lecture et au rattrapage de visionnage de films ou de séries. Paperjam.lu vous propose une sélection d’ouvrages et de films récents liés à l’économie et à la finance. Cette semaine, «La Suisse et l’argent sale» de Roland Rossier.

Pays à la neutralité reconnue, territoire d’accueil des grandes organisations internationales, la Suisse se distingue aussi par son système bancaire opaque et des scandales qui se sont faits de moins en moins feutrés au cours des dernières décennies.

Journaliste d’investigation à la Tribune de Genève, Roland Rossier a compilé en 35 récits les histoires les plus rocambolesques qui montrent le rôle de plaque tournante de l’argent sale joué par les grandes places financières helvétiques. Des histoires qui font intervenir les différentes mafias américaines et italiennes, les grands dictateurs, le Vatican ou la Fifa, et qui reviennent sur le rôle central des banques et du sacro-saint secret bancaire.

Depuis trois décennies, la machine s’est peu à peu grippée. Sous la pression internationale, les banques suisses ont dû se montrer de plus en plus vigilantes sur les transferts de fonds. Mais le scandale du siphonnage du fonds souverain malaisien 1MDB, entre 2009 et 2014, montre pourtant que les dirigeants des grandes institutions bancaires savent encore fermer les yeux face à des sommes qui se comptent en milliards de dollars.

La fin du secret bancaire

Il y a dix ans, le secret bancaire suisse est tombé, rappelle l’auteur. Enfin, pas tout à fait. Il reste en vigueur pour les citoyens suisses et pour les résidents d’origine étrangère. Mais s’il est devenu dangereux de faire transiter l’argent d’un paradis fiscal à l’autre, il reste encore possible de le convertir en œuvres d’art, en biens immobiliers, voiture de sport, entreprises, où de le laisser en dépôt dans les vastes salles de coffre. Des problèmes se posent toutefois pour faire passer ces différentes acquisitions à l’étranger.

Le rôle de place financière de la Suisse s’est donc affaibli. Entre 2007 et 2017, le nombre de banques est passé de 330 à 253, et les dirigeants des prestigieuses institutions financières se concentrent désormais sur la gestion de fortune. Reste qu’avec le passé qui est le sien, le petit pays du centre de l’Europe fera encore resurgir occasionnellement des récits sulfureux tels que ceux remis en mémoire dans cet ouvrage.

Fiche technique

Auteur: Roland Rossier

Éditeur: Livreo-Alphil

Date de publication: octobre 2019