Nicolas Mackel a souligné «l’amazonisation» en cours des services financiers. De quoi pousser encore un peu plus les acteurs traditionnels à se réinventer. (Photo: Paperjam)

Nicolas Mackel a souligné «l’amazonisation» en cours des services financiers. De quoi pousser encore un peu plus les acteurs traditionnels à se réinventer. (Photo: Paperjam)

Le CEO de Luxembourg for Finance, Nicolas Mackel, est récemment revenu sur les effets du Brexit sur les places financières européennes. 57 acteurs ont déjà indiqué publiquement leur préférence pour relocaliser leur activité européenne au Luxembourg.

Guy Verhofstadt, était bien invité jeudi dernier par LuxReal, chez BGL BNP Paribas, pour parler du Brexit. Mais sans sortir de boule de cristal pour tenter de deviner «ce qu’Halloween nous apportera.»

Une chose est pourtant sûre, le scénario d’un «no deal», soit une sortie du Royaume-Uni sans accord, «serait une erreur»: «Je ne peux pas concevoir un futur dans lequel l’Europe n’aurait pas de relation commerciale structurée avec le Royaume-Uni», a déclaré le CEO de Luxembourg for Finance (LFF), l’agence de promotion de la place financière.

Le Brexit a déjà eu lieu dans les services financiers.
Nicolas Mackel

Nicolas MackelCEOLuxembourg for Finance

Face à l’incertitude et aux tergiversations politiques britanniques, les acteurs du secteur financier n’ont pas attendu une surprise de dernière minute pour prendre leurs dispositions: «Le Brexit a déjà eu lieu pour les services financiers», note Nicolas Mackel. Pour un secteur aussi régulé, la priorité est d’assurer la continuité des affaires sur le continent.

Et de citer le nombre de 57 acteurs qui ont choisi de relocaliser leurs activités européennes au Luxembourg, selon leurs propres déclarations publiques ou les annonces faites dans les médias. Le chiffre réel est probablement plus élevé. Dans le détail, le patron de LFF précise à Paperjam qu’il s’agit de 30 gestionnaires, 13 assureurs, 9 banques et 5 sociétés de paiement.

«Aujourd’hui, l’un ou l’autre acteur de plus petite taille effectue une demande d’agrément, mais tous les grands acteurs ont d’ores et déjà pris une décision quant à leur organisation alternative depuis que le référendum a eu lieu», déclarait encore Nicolas Mackel sur scène.

Multipolarisation et «amazonisation»

Les décisions ont été opérées en fonction des spécialisations marquées des places financières qui s’en voient renforcées. Les banques à Francfort et Paris, la gestion d’actifs, les fonds, le paiement et la gestion de fortune à Luxembourg.

La surprise est probablement venue du secteur de l’assurance, qui ne disposait pas vraiment de cluster alternatif sur le continent et qui s’est tourné en majorité vers le Grand-Duché. «Les raisons qu’ils nous ont indiquées pour ce choix étaient la stabilité politique et économique du pays, sa stabilité fiscale également ainsi que sa bonne santé budgétaire», indiquait Nicolas Mackel. Ces choix ne se matérialisent pas encore dans une échelle .

«Le Brexit entraîne une multipolarisation de l’industrie financière», notait Nicolas Mackel. «Londres avait seul le statut de centre financier global avec d’autres centres de plus petite taille ou régionaux à ses côtés.» Avec ces relocalisations, c’est un paysage plus diversifié qui se dessine. Même si le Brexit et ses conséquences ne seront qu’à considérer sur le long terme.

Alors que  selon une étude de PwC Luxembourg commanditée par LFF, certaines «mégatendances» donnent à réfléchir dans le contexte d’un marché unique européen à parfaire.

En 2006, 49,3% des actifs parmi le top 10 des gestionnaires d’actifs étaient basés en Europe, contre 50,7% en Amérique du Nord. En 2018, seuls 6,4% sont basés en Europe contre 93,6% en Amérique du Nord.