Les ministres Bausch, Kersch et Gramegna ont détaillé certaines nouvelles mesures. Lex Delles et Franz Fayot feront de même vendredi. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Les ministres Bausch, Kersch et Gramegna ont détaillé certaines nouvelles mesures. Lex Delles et Franz Fayot feront de même vendredi. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le ministre des Finances Pierre Gramegna (DP), accompagné des vice-Premiers ministres François Bausch (Déi Gréng) et Dan Kersch (LSAP), a détaillé les nouvelles mesures d’aide décidées par le gouvernement mercredi 20 mai. Un programme à nouveau très ambitieux.

Une nouvelle étape est franchie et cela impose un changement de décor. Celui de la salle de conférence de presse de l’European Convention Center de Luxembourg, qui met en évidence une carte du Luxembourg et surtout un slogan: «Neistart Lëtzebuerg» (un nouveau départ pour le Luxembourg). Avec trois priorités notées un peu plus loin: qualité de vie, solidarité et stabilité.

Faute de croissance, il faut agir

Car, , c’est bien d’un nouveau départ qu’il s’agit après une phase dure de confinement, qui a rudement éprouvé les ménages et les entreprises du pays. et déjà en grande partie annoncées par le Premier ministre (DP) en début d’après-midi. Elles viennent ces dernières semaines, et le ministre des Finances (DP), accompagné des vice-Premiers ministres (LSAP) et (Déi Gréng), en a donné les détails.

Il a tout d’abord rappelé via une analyse macroéconomique que, dans le cadre de la reprise, «le Luxembourg est mieux placé que les autres. Notamment car ses finances publiques sont saines. On a ainsi plus de marge de manœuvre.» La place financière n’y est pas pour rien, restée en activité alors qu’elle «représente 30% de la richesse du pays». 

Cela offre aussi une force de frappe conséquente: ces nouvelles aides, estimées entre 700 et 800 millions d’euros, cumulées aux précédentes, représentent 5,5% du PIB national, soit 3 milliards d’euros. La Belgique et la France n’ont produit un effort qu’à hauteur de 2%, l’Allemagne à 4,6%. «Nous n’aurons pas de croissance avant deux ans, il faut donc agir», martèle Pierre Gramegna. Cela en renforçant les liquidités des ménages et l’économie.

Appel a aussi été lancé à ce que chacun joue le jeu: que les particuliers paient leurs factures, les entreprises la TVA ou autres impôts, par exemple, «pour générer un cercle vertueux».

Fonds de relance et aide forfaitaire

Alors que le ministre du Tourisme (DP) détaillera les aides dédiées à ce secteur vendredi, le ministre des Finances est d’abord revenu sur le fonds de relance et de solidarité à l’égard des entreprises. Il concernera les entreprises les plus touchées – dans les secteurs de l’horeca, du tourisme, du fitness, de l’événementiel… – qui n’ont pas encore eu l’autorisation de rouvrir ce 20 mai. Elles devront prouver une perte de chiffre d’affaires d’au moins 25% en juin 2020 par rapport à juin 2019. L’aide sera alors de 1.250 euros par salarié en poste, 250 euros par salarié au chômage provisoire, avec des plafonds: au maximum 10.000 euros par mois pour les entreprises de moins de 10 salariés, 50.000 euros par mois pour les entreprises de moins de 50 salariés et 100.000 euros par mois pour les entreprises avec plus de 50 salariés. Cette aide sera accessible à partir du 1er juillet pour une période de six mois.


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Une autre aide sera accordée sous forme forfaitaire aux commerces de détail et de soins à la personne: 1.000 euros par salarié en juin, 750 euros en juillet et 500 euros en août, jusqu’à un plafond de 50.000 euros par mois. Cette mesure est limitée aux PME.

Comme déjà annoncée, une défiscalisation du double de la diminution octroyée à un locataire sera possible sur les baux commerciaux, à hauteur de maximum 15.000 euros.

Vendredi, le ministre de l’Économie (LSAP) donnera des précisions «sur d’autres mesures», a encore indiqué Pierre Gramegna: subvention spéciale pour augmenter l’efficacité énergétique des entreprises, élargissement des avances remboursables prévues dans le pacte de stabilisation du 15 mai au 15 septembre, aides aux investissements dans le domaine de la numérisation. Certaines aides pourront aller jusqu’à 800.000 euros. Il a aussi été question du soutien aux avocats et stagiaires avec revalorisation de 10% des tarifs de l’assistance judiciaire, du doublement , de la pérennisation du congé de soutien familial…

Le bon usage du chômage partiel a permis de maintenir la cohésion sociale.
Dan Kersch

Dan Kerschvice-Premier ministre et ministre du Travail

Pour le ministre du Travail Dan Kersch, le bon usage du chômage partiel a permis d’éviter un désastre. «Aux USA, comme chez nous, ils étaient à 5% de chômage. On dit maintenant qu’ils vont atteindre les 25%», a-t-il souligné.

Les chiffres donnent le vertige: la mesure a déjà coûté 725 millions, 32.000 demandes ont été faites et 325.000 salaires ont été payés par ce biais. «Le chômage partiel ou provisoire a été l’instrument du maintien de la cohésion sociale», dit Dan Kersch.

Le chômage partiel maintenu jusque fin 2020

Les mesures de chômage partiel vont être maintenues jusqu’à la fin de l’année et le système des avances restera en vigueur. Le chômage partiel conjoncturel Covid-19 va évoluer vers un chômage partiel structurel, qui sera simplifié, car «nul ne peut prétendre que les entreprises ne sont pas face à des changements».

Le plan propose de garantir l’accès au chômage partiel structurel simplifié aux entreprises touchées par la crise pandémique et ayant bénéficié du chômage partiel pour «cas de force majeure Covid-19», à partir du mois de juillet. Il s’ensuit que les entreprises doivent présenter un plan de redressement, voire un plan de maintien dans l’emploi, les licenciements dans le système de chômage partiel structurel étant autorisés, mais à éviter dans la mesure du possible. À noter que les entreprises pourront profiter d’une procédure digitalisée simplifiée, voire ultra-simplifiée. Ceci leur permettra de se réorganiser en vue de mieux s’adapter progressivement à la situation post-Covid-19.

Enfin, la relance économique passera aussi par un État ambitieux. «On ne va pas réduire les dépenses publiques, ce serait une très mauvaise idée. Au contraire, elles vont augmenter de 6,3% en 2021. Aucun autre pays ne fait cela en Europe», assure François Bausch.

Des mesures orientées vers la durabilité

Convaincu que, plus que jamais, il faut aller dans le sens de la durabilité, le ministre Déi Gréng a détaillé une panoplie de mesures vertes:

- Prime House pour l’assainissement énergétique des bâtiments augmentée de 50% pour les contrats signés depuis le 20 mars dernier et jusqu’au 21 mars 2021, les travaux pouvant se faire jusque fin 2022;

- une «augmentation de 25% de l’aide» si on remplace son chauffage par un système basé sur les énergies renouvelables;

- un bonus de 25% pour le remplacement de chaudière;

- les aides pour les installations photovoltaïques au-dessus de 30kW seront dorénavant accessibles à tous;

- un programme de subventionnement de bornes de charge électrique privées, complémentaires au réseau Chargyorienté vers les utilisateurs souhaitant recharger leur véhicule à domicile, est en train d’être développé;

- un réseau de bornes de recharge rapide sera développé.

«Ce sont des mesures qui feront du bien au secteur du bâtiment» en même temps qu’à la planète. 

Ces mesures, ambitieuses, sont pour le gouvernement «indispensables». Bien entendu, la copie pourra être revue en cas de reprise de l’épidémie. Un groupe de travail étudie cette situation que personne ne souhaite. Car, comme l’a souligné François Bausch en regardant Pierre Gramegna, «on ne peut pas se permettre un confinement tous les trois mois».