La méthode du bilan carbone permet de calculer les émissions liées aux activités d’une entreprise et d’identifier des pistes pour réduire ces émissions. (Illustration: Shutterstock)

La méthode du bilan carbone permet de calculer les émissions liées aux activités d’une entreprise et d’identifier des pistes pour réduire ces émissions. (Illustration: Shutterstock)

Dans la lutte contre la crise climatique, les entreprises ont un rôle primordial à jouer. Et la méthode du bilan carbone leur permet de contribuer activement à limiter leurs émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre. Au Luxembourg, des ingénieurs sont prêts à les aider.

1. Karin Meyer-Primm (Energieagence)

Pour Karin Meyer-Primm, la première étape est de posséder «une équipe dirigeante et des collaborateurs sensibilisés et motivés» (Photo: Energieagence)

Pour Karin Meyer-Primm, la première étape est de posséder «une équipe dirigeante et des collaborateurs sensibilisés et motivés» (Photo: Energieagence)

 Pour se lancer dans un bilan carbone, une première étape est d’avoir «une équipe dirigeante et des collaborateurs sensibilisés et motivés», selon Karin Meyer-Primm, conseiller pacte climat en système de management environnemental et en cons­truction durable au sein d’. Fondée en 1991, l’agence réalise des bilans carbone depuis 2019, pour tout type d’entreprises. Karin Meyer-Primm décrit cette méthode comme une évaluation de toutes les émissions de l’entreprise, afin d’obtenir «un état des lieux de son empreinte carbone et de définir ensuite des priorités afin de réduire les émissions à tous les niveaux».

Une manière de con­tribuer, dans son champ d’action, à l’objectif politique de neutralité carbone d’ici 2050 fixé par l’accord de Paris. Et d’en tirer en parallèle des avantages économiques, par exemple en réduisant les frais énergétiques, en anticipant les changements réglementaires et en représentant une source de commu­nication valorisante en interne et en externe. En tout cas, «le plus important est de commencer!».

2. Alexandre Magnette (CO2 Strategy)

Alexandre Magnette: «Le bilan carbone va permettre de ramener tous les flux d’une entreprise (achats, énergie, déplacements, transports) en une seule unité, à savoir le CO 2 .» (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Alexandre Magnette: «Le bilan carbone va permettre de ramener tous les flux d’une entreprise (achats, énergie, déplacements, transports) en une seule unité, à savoir le CO 2 .» (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Comment comparer l’impact de l’achat de papier à la consommation électrique sans passer par l’approche CO2? C’est tout l’intérêt du bilan carbone, selon Alexandre Magnette, fondateur de la branche lux­em­bourgeoise de CO2 Strategy. «Le bilan carbone va permettre de ramener tous les flux d’une entreprise (achats, énergie, déplacements, transports) en une seule unité, à savoir le CO2», explique-t-il. Reste ensuite à cerner les domaines d’action prioritaires en classant les flux d’activité selon leur degré d’émission.


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Après le bilan carbone vient le temps de la stratégie carbone, avec des idées pour réduire les émissions qui doivent «venir de l’équipe, du cœur de l’entreprise», estime Alexandre Magnette. Même si c’est au chef d’entreprise côté communication de «faire redescendre l’importance de la réduction du bilan CO2 à tous les niveaux de l’entreprise». Une méthode qui s’avère «excessivement concrète», l’inverse du greenwashing.

3. Armin Neises (Waves)

Selon Armin Neises, le secteur de la logistique demeure «le deuxième plus gros émetteur de CO 2. » (Photo: Waves)

Selon Armin Neises, le secteur de la logistique demeure «le deuxième plus gros émetteur de CO 2. » (Photo: Waves)

Waves, fondée en juillet 2019, a commencé à proposer des bilans carbone deux ans plus tard pour le secteur de la logistique – «il s’agit du deuxième plus gros émetteur de CO2», explique Armin Neises, son directeur général. L’entreprise développe actuellement une solution pour les entreprises de production, qui peut être utilisée dans tous les secteurs, comme l’automobile, la construction, la mode, l’alimentation ou encore la boisson.

L’idée générale est de calculer, via le développement d’une plateforme dite de sustainability management, l’empreinte carbone de l’intégralité des chaînes d’appro­visionnement, de la production de matériaux et d’énergie à l’assemblage, au stockage et à la distribution de tous les produits jusqu’au client final, en passant par la production de pièces détachées et de modules, avec tous les transports qui interviennent entre les deux. «Nous aidons nos clients afin qu’ils puissent donner à leurs clients et, en fin de compte, aux consom­mateurs finaux, des informations fiables sur leur empreinte de durabilité», résume Armin Neises.

4. Julien L’Hoest (Énergie et Environnement)

Julien L’Hoest: «On ne peut pas atteindre le stade de la compensation sans réduction préalable.» (Photo: Maison Moderne)

Julien L’Hoest: «On ne peut pas atteindre le stade de la compensation sans réduction préalable.» (Photo: Maison Moderne)

«Le bilan carbone, c’est la base», selon Julien L’Hoest, ingénieur depuis 14 ans chez Le bureau d’ingénieurs-conseils, qui existe depuis 30 ans et qui compte 20 salariés, s’est lancé dans les bilans carbone depuis environ deux ans. Mais il a aussi développé, début 2022, un label lié à la réduction de CO2, le Carbon Footprint, premier dans son genre au Luxembourg. Et ce label veut aller plus loin en attribuant des niveaux de qualification en fonction du degré d’intensité de l’investissement de l’entreprise, de la simple évaluation de l’impact carbone à la réduction concrète de celui-ci.

Vient ensuite la possibilité de financer des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre hors du périmètre de l’entreprise – avec l’idée qu’«on ne peut pas atteindre le stade de la compensation sans réduction préalable». «Souvent les entreprises ont l’impression de savoir quel est leur impact carbone. Le bilan carbone ouvre l’esprit et permet une réflexion vers un champ d’action», estime Julien L’Hoest. Selon lui, une telle démarche prend en général une quarantaine d’heures et un budget de 4.000 ou 5.000 euros – avec bien sûr davantage de travail si l’entreprise est plus complexe.

5. Benoit Martin (Cocert)

«La meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas», le credo de Benoit Martin (Photo:  Cocert)

«La meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas», le credo de Benoit Martin (Photo:  Cocert)

À 35 ans, Benoit Martin, ingénieur éner­géticien chez depuis plus de 10 ans et désormais responsable de la société, considère que «la meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas». «Et cela reste valable si l’on parle de carbone!», assure-t-il. Réduire les émissions de carbone est en tout le cas le but que s’est fixé Cocert, fondée en 2009, en proposant la réalisation de bilans carbone depuis 2013. Avec une prédilection pour le secteur de la construction, même si Cocert est «en mesure d’accompagner toutes entités, quelle que soit son activité».

Adepte de la méthodologie en provenance de l’Ademe en France (voir encadré ci-contre) et qui fait aujourd’hui consensus auprès de la communauté technique et scientifique, Benoit Martin décrit le bilan carbone comme un moyen de quantifier les émissions de gaz à effet de serre, de les hiérarchiser, et surtout d’identifier des leviers d’action en vue de les réduire. «Cela permet également de mesurer notre dépendance aux énergies fossiles», ajoute l’ingénieur, alors que la crise en Ukraine nous a tous rappelé l’importance d’un tel enjeu.

Une méthode pour agir concrètement

 L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), en France, a publié en 2004 une méthodologie de quantification des émissions de gaz à effet de serre appelée bilan carbone. Depuis, cette méthode s’est fortement déve­loppée et des bureaux d’ingénieurs-conseils commencent à s’en saisir au Luxembourg.

Cet outil permet de compta­biliser les émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre, selon une méthode dont les règles sont publiques et officiellement reconnues. Toute entreprise, administration, collectivité ou même personne à titre indi­viduel peut ainsi établir une compta­bilité carbone de ses activités.

La méthode comprend trois domaines, dits scopes. Les scopes 1 et 2 concernent la facture d’électricité et de gaz ainsi que la consommation des véhicules possédés par l’entreprise. Le scope 3 englobe les émissions directes et indirectes de toute l’activité de l’entreprise.

En hiérarchisant les différents postes d’émissions de gaz à effet de serre en fonction de leur importance, cette première étape a pour but de faciliter la mise en place d’actions prioritaires de réduction de ces émissions. Soit une stratégie carbone qui succédera au bilan.

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de  parue le 30 mars 2022. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.

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