Avec 2.207,61 tonnes vendues au Luxembourg l’année dernière, la banane estampillée Fairtrade (dont 94,75% portent également le label bio) reste le produit équitable le plus consommé. (Photo: Shutterstock)

Avec 2.207,61 tonnes vendues au Luxembourg l’année dernière, la banane estampillée Fairtrade (dont 94,75% portent également le label bio) reste le produit équitable le plus consommé. (Photo: Shutterstock)

En moyenne, les habitants du Grand-Duché dépensent 39 euros par an en produits Fairtrade, ce qui place le Luxembourg en sixième position des pays européens les plus friands de produits équitables.

39 euros: c’est ce qu’a dépensé, en moyenne, un résident en produits certifiés «commerce équitable» par l’ONG Fairtrade en 2020. Cela paraît peut-être peu, . Surtout, cela place le Luxembourg au sixième rang des pays les plus consommateurs de produits Fairtrade, notamment en Europe.

Avec 99 euros par an, les Suisses sont les premiers consommateurs de produits Fairtrade. Suivent les Irlandais, avec 79 euros, et les Suédois, avec 46 euros par an. Avec 44 euros et 41 euros respectivement, les Autrichiens et les Finlandais complètent le haut de ce classement.

Chez nos voisins, les Français ne dépensent que 14,95 euros par an en produit Fairtrade. Les Belges dépensent 19,24 euros, et les Allemands 23,44 euros.

Fairtrade Lëtzebuerg a fait savoir que le marché des produits issus du commerce équitable est en croissance tant en volume qu’en valeur. Ainsi, le chiffre d’affaires généré par les ventes de tous les produits Fairtrade des différents partenaires de l’ONG est de 24,38 millions d’euros en 2020, soit une augmentation de +11,58% par rapport à 2019.

L’année dernière, en termes de produits, le marché Fairtrade comptait un total de 2.919 produits enregistrés sur le marché luxembourgeois, soit une croissance de 9,50%, avec 253 nouveaux produits certifiés Fairtrade. Des produits disponibles dans la plupart des surfaces commerciales du pays.

Les roses et le textile en hausse

Avec 2.207,61 tonnes vendues au Luxembourg l’année dernière, la banane estampillée Fairtrade (dont 94,75% portent également le label bio) reste le produit équitable le plus consommé. Soit 29,89% de part de marché des bananes au Luxembourg. Mais, avec la crise sanitaire, ce marché a connu une baisse de 10,35% en 2020 par rapport à 2019.

Derrière, on trouve le café Fairtrade. L’année dernière, c’est un peu plus de 420 tonnes qui ont été vendues au Luxembourg, soit 10,34% de part de marche du café. Là aussi, la crise sanitaire a impacté les ventes de café Fairtrade avec une baisse de 0,94% par rapport à 2019. «Cette baisse est une situation éphémère en lien avec la pandémie et l’arrêt de plusieurs circuits de consommation hors domicile tels que les cantines scolaires ou la restauration collective dans les entreprises. Cette baisse est préoccupante, car le marché de la banane conventionnelle a augmenté dans le même temps de 4,2%», souligne Jean-Louis Zeien, président de Fairtrade Lëtzebuerg, qui va prochainement s’efforcer à promouvoir la banane Fairtrade lors des prochaines campagnes de sensibilisation de l’ONG.

Les enfants doivent travailler, mais à l’école, pas dans les champs.
Jean-Louis Zeien

Jean-Louis ZeienprésidentFairtrade Lëtzebuerg

Les deux produits phares, la banane et le café, ont donc souffert de la crise sanitaire. Mais outre l’aspect commercial, la pandémie a impacté sanitairement et financièrement les travailleurs de ces deux secteurs. Sans la consommation des pays riches, les producteurs ont dû faire face à des annulations de commandes et supprimer des emplois vitaux pour des ménages résidant dans des pays pauvres. La baisse des exportations s’accompagne de licenciements, et si les offres d’emploi se font rares, les travailleurs peuvent être enclins à accepter des rémunérations et des conditions de travail indécentes ou, pire encore, faire travailler les enfants.

C’est d’ailleurs un phénomène inquiétant. Le recours à une main-d’œuvre très jeune semble de plus en plus prononcé. Selon le rapport de l’Organisation internationale du travail et de l’Unicef publié en juin 2021, le nombre d’enfants victimes du travail des enfants s’élève à 160 millions dans le monde. Ils avertissent que neuf millions d’enfants supplémentaires sont en danger à cause de la pandémie de Covid-19. «C’est la première fois que le nombre d’enfants au travail augmente depuis plusieurs années. Les enfants doivent travailler, mais à l’école, pas dans les champs», assène Jean-Louis Zeien. 

Aldi et Cactus ont opté pour des produits Fairtrade

Du côté du consommateur, ce dernier a trouvé refuge dans les douceurs chocolatées puisqu’avec 149,33 tonnes vendues, le cacao Fairtrade a connu une augmentation de 12% par rapport à 2019, occupant 4,34% de part de marché du cacao. «La marque belge Galler a effectué un changement complet en optant exclusivement pour du cacao Fairtrade dans toutes ses gammes. Cette marque a été malheureusement fortement touchée par les intempéries en juillet, et toute la chocolaterie a été détruite. Il faut donc espérer qu’elle trouve les moyens de se reconstruire et de continuer son engagement vis-à-vis des producteurs de cacao Fairtrade», explique Jean-Louis Zeien.

Avec 1,3 million de tiges vendues en 2020, la rose Fairtrade a vu son volume augmenter de 50,97% par rapport à 2019. «Cette augmentation n’est pas le fruit d’un phénomène éphémère. Un acteur commercial, Aldi, a décidé de changer radicalement en proposant uniquement des roses Fairtrade. Un deuxième acteur, Cactus, a également décidé d’élargir considérablement ses réassortiments en matière de rose équitable. Cela montre qu’il est possible, pour des acteurs économiques, d’opérer ce changement», souligne Jean-Louis Zeien. 

Enfin, le coton Fairtrade a généré un chiffre d’affaires de 1,65 million d’euros au Luxembourg, soit une augmentation de 281,72% sur un an.

Du soutien face à la pandémie

En mars 2020, en raison de la crise sanitaire, le mouvement Fairtrade a décrété en urgence la possibilité pour les organisations de producteurs et de travailleurs d’utiliser la prime de développement Fairtrade pour des mesures immédiates permettant de protéger la sécurité et la santé des producteurs, travailleurs et de leurs communautés.

La prime a été utilisée par exemple pour financer des masques, des gants, des produits de nettoyage, mais également pour acheter des semences et des produits de première nécessité. De plus, elle a permis aux organisations Fairtrade de payer une partie des salaires, comme, par exemple, dans les mines d’or certifiées au Pérou où les salaires ont été payés pendant toute la durée du confinement. En parallèle, le mouvement Fairtrade a lancé deux fonds de soutien aux producteurs et travailleurs du Sud, d’un montant de plus de 15 millions d’euros.