Les défis de l’endettement des ménages au Luxembourg: les prêts personnels et l’utilisation des cartes de crédit. (Photo: Shutterstock)

Les défis de l’endettement des ménages au Luxembourg: les prêts personnels et l’utilisation des cartes de crédit. (Photo: Shutterstock)

Ce mercredi 8 novembre, la Banque centrale du Luxembourg (BCL) a publié une étude sur les finances et les habitudes de consommation des ménages. L’étude met en lumière que le Luxembourg détient le triste record européen de l’endettement lié à la consommation, principalement parmi les ménages à faibles revenus, selon le Fonds monétaire international (FMI).

D’après les données de l’enquête Household Finance and Consumption Survey (HFCS), utilisées par la BCL dans son rapport, 35% des ménages au Luxembourg ont des prêts à la consommation, tandis que 31% détiennent une dette hypothécaire. De plus, plus de 13% des ménages cumulent ces deux types de dettes.

La principale composante de ces prêts est constituée par les prêts personnels, détenus par 26% des ménages. Le chiffre est supérieur de 6% à la moyenne de la zone euro, qui s’établit à 20%. De manière frappante, le niveau moyen de ces prêts est deux fois plus élevé au Luxembourg que dans la zone euro. Pour les 20% de ménages les moins fortunés, ce chiffre est même trois fois plus élevé qu’en moyenne dans la zone euro.

L’auteur de l’étude, Giuseppe Pulina, explique en partie ces différences par les niveaux de revenus plus élevés au Luxembourg, où les intérêts débiteurs liés aux prêts personnels peuvent également faire l’objet de déductions fiscales. En moyenne, les prêts personnels ne pèsent qu’à hauteur de 16% du revenu brut du ménage au Luxembourg, un chiffre comparable à la moyenne de la zone euro, qui est de 17%. De plus, 70% des ménages luxembourgeois contractent des prêts personnels pour financer l’achat d’un véhicule, une proportion significativement plus élevée que dans la zone euro où elle atteint 38%. 

L’étude indique que le niveau de l’endettement en prêts personnels est généralement plus élevé parmi les ménages ayant un niveau d’éducation plus avancé, mais ils sont moins nombreux à avoir souscrit à un prêt personnel. La probabilité de détenir un prêt personnel est plus élevée parmi les ménages dont la personne de référence est un employé plutôt qu’un travailleur indépendant ou une personne sans emploi.

Les cartes de crédit, autre composante de l’endettement

Selon la BCL, une autre composante significative de la dette liée à la consommation est l’utilisation des cartes de crédit. Au Luxembourg, près de 84% des ménages possèdent des cartes de crédit, soit près du double de la moyenne en zone euro. Seulement 5% des ménages utilisent ces cartes pour accumuler de la dette, à la fois au Luxembourg et dans la zone euro.

La probabilité de posséder une carte de crédit augmente avec le revenu du ménage et son niveau d’éducation. Cette probabilité augmente parmi les ménages qui considèrent être soumis à des contraintes de crédit, qui concernent environ 7% des ménages, qu’ils résident au Luxembourg, dans les pays voisins ou dans la zone euro. Les contraintes de crédit sont moins fréquemment évoquées par les ménages à revenus plus élevés ou d’un âge plus avancé.

Selon les données de la HFCS de 2018, plus de 90% des ménages ayant accumulé de la dette sur leur carte de crédit présentaient des soldes positifs sur leurs comptes bancaires. Plus de 70% de ces ménages avaient les moyens financiers pour rembourser leur dette liée à leur carte de crédit. Cependant, ce comportement peut «sembler irrationnel» selon l’auteur de l’étude, si l’on compare les taux d’intérêt élevés associés aux cartes de crédit aux maigres rendements générés sur les comptes courants et d’épargne. Les résultats suggèrent que ce comportement peut être expliqué par des différences dans l’aversion au risque et par la crainte d’un futur resserrement de l’accès au crédit.