«Cela faisait une vingtaine d’années que Cactus cherchait un emplacement dans cette zone sans en trouver», explique Laurent Schonckert. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

«Cela faisait une vingtaine d’années que Cactus cherchait un emplacement dans cette zone sans en trouver», explique Laurent Schonckert. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Cactus étend son maillage avec l’ouverture, ce mercredi 8 février, de son 16e supermarché à Roodt-sur-Syre, soit sa 67e implantation toutes enseignes confondues. Rencontre, pour l’occasion, avec son administrateur-directeur, Laurent Schonckert.

Cactus met le cap à l’Est avec l’ouverture ce mercredi 8 février du supermarché de Roodt-sur-Syre, le 16e de l’enseigne (les hypermarchés de Bascharage et de Bertrange  y compris) . Situé à l’entrée de la localité, non loin de la sortie Munsbach de l’autoroute A1, le supermarché de 3.000m2 compte environ soixante-dix salariés, mais aussi une trentaine pour les commerces de sa galerie. Il s’installe dans une zone où l’offre commerciale se concentre tantôt sur Niederanven et Munsbach à l’Ouest, tantôt sur Grevenmacher à l’Est. L’administrateur-directeur de l’enseigne nous explique cette approche entreprise par le retailer luxembourgeois.

Pourquoi avoir choisi d’ouvrir un Cactus à Roodt-sur-Syre?

Laurent Schonckert. – «Cela faisait une vingtaine d’années que Cactus cherchait un emplacement dans cette zone sans en trouver. La commune de Betzdorf (sur laquelle est situé le supermarché, ndlr) et ses voisines affichent une belle croissance démographique de 25% en dix ans. Il est important pour nous de dénicher un site suffisamment vaste (ici 3 ha), doté d’une bonne visibilité et d’une bonne accessibilité. J’ai connu trois bourgmestres différents entre les premières prises de contact au début des années 2010 et cette inauguration de février 2023.

Quel investissement cette nouvelle implantation représente-t-elle pour Cactus?

«Il s’agit d’environ 32 millions d’euros d’investissement pour Cactus. C’est un projet qui s’étend sur 3.000 m² de surface de vente avec en plus un drink-shop de 400 m². Concernant le parking, nous avons 110 places au niveau de l’entrée ainsi que 275 places dans une zone semi-souterraine.

Le bâtiment abrite aussi une galerie avec sept enseignes de services, à savoir une agence de voyages Emile Weber, un K-Kiosk, un 5àsec, un Cocottes, un coiffeur Beim Figaro, un Acuitis et un Tango. Un petit Schnékert Deli complète le tout.

Quelles sont les spécificités de ce point de vente situé dans une zone voisine de l’Allemagne?

«Nous misons sur les atouts de Cactus à savoir les produits frais classiques – boucherie, charcuterie, fruits et légumes, pâtisserie et boulangerie – pour lesquels nous avons une production propre. Nous comptons aussi continuer à développer le bio et le régional ainsi que les fromages affinés et la vinothèque. Le nouveau Cactus compte aussi un corner à sushis Eat Happy et des plats préparés de Schnékert.

Sur les 25.000 références, nous avons un petit assortiment non-alimentaire principalement axé sur le te textile, les fleurs et le petit-électroménager. Cactus Roodt/Syre n’a pas de ciblage spécifique. Nous sommes aussi présents à Remich et Echternach, et n’avons jamais joué sur la proximité de l’Allemagne.

Quels sont les prochains projets de développement pour Cactus?

«Le nouveau commence à sortir de terre. L’ouverture est prévue à la fin de l’année 2024 si aucun retard ne perturbe le calendrier. Nous sommes en train d’étudier une extension des capacités logistiques sur notre site de Windhof car il date de la fin du siècle dernier, et nous avons entretemps grandi (sourire). Quant à Shoppi, l’enseigne fête cette année ses 15 ans d’existence avec 40 points de vente. Nous réfléchissons à développer Shoppi en dehors des stations-service, un petit peu comme à Mamer par exemple, sur des emplacements dotés d’un certain passage.

Nous réfléchissons à développer Shoppi en dehors des stations-service.
Laurent Schonckert

Laurent Schonckertadministrateur-directeurCactus

L’accessibilité se fait-elle forcément en voiture?

«À court et moyen terme, la voiture reste le moyen de locomotion privilégié au Luxembourg. Mais l’accès aux voitures se réduit dans les centres urbains, cela devient une réalité. Le développement de nouveaux quartiers mène à de nouvelles opportunités, peut-être un peu plus urbaines que par le passé. Un certain nombre de promoteurs nous approchent pour occuper des projets mixtes mêlant habitat avec commerce et bureaux. Ce type de projet n’était pas à l’ordre du jour il y a encore dix ans, ce n’est plus le cas maintenant. Le meilleur exemple est le , situé dans un projet de ce type.

Où en est le concept de vending container box de Cactus?

«C’est pour le moment un essai dans . Nous pensons qu’il existe un marché sur le segment de la petite faim dans des endroits très fréquentés comme des grandes entreprises, des hôpitaux ou des hôtels. Pour l’instant, le vending container box est en test et il est trop tôt pour en tirer des conclusions. Nous allons le répliquer sur quelques autres emplacements pour voir si cela répond à nos attentes.

Delhaize est votre principal challenger avec 58 points de vente au Luxembourg. Il joue la carte du local avec notamment cette association avec la Comment vous distinguez-vous?

«Cactus et Delhaize ont effectivement beaucoup de points communs sur la qualité des produits et la proximité. Mais Delhaize est davantage axé sur un développement en franchise que Cactus. Au niveau de l’assortiment, il me semble que notre offre en produits frais est beaucoup plus complète sur la poissonnerie et la boucherie-charcuterie notamment.

En revanche, Delhaize a une gamme propre d’une envergure que nous n’avons pas, parce que c’est un groupe très international et que nous restons une entreprise familiale. Je pense que nous avons un meilleur personnel et un meilleur service aux clients mais au final, c’est aux clients de faire leur choix.

Comment gérez-vous l’inflation des prix?

«Depuis l’année passée, nos acheteurs constatent des demandes récurrentes des fournisseurs pour des hausses tarifaires. C’est inédit. Jusqu’alors, ils se rencontraient une ou deux fois puis fixaient les prix pour une certaine durée. Il existe une inflation certaine que nous avons injectée dans nos prix, tout comme nos concurrents.

D’un côté, nous ne pouvons pas transposer une par une les hausses demandées au risque d’être ‘hors concours’. Mais de l’autre côté, nous devons assurer nos marges, et cela est devenu plus difficile que par le passé. Nous avons donc dû ronger sur nos marges, comme nos concurrents.

Nous ne pouvons pas transposer une par une les hausses demandées au risque d’être ‘hors concours’.
Laurent Schonckert

Laurent Schonckertadministrateur-directeurCactus

Constatez-vous des évolutions dans la demande des clients et adaptez-vous votre assortiment?

«Les hausses les plus importantes sont observées en poissonnerie. Certains pêcheurs n’ont pas pris la mer à cause de la flambée du prix des carburants, cela a engendré un manque de poissons et donc une hausse des prix. Le poisson était déjà cher avant, il est devenu encore plus cher. Nous observons donc une baisse des volumes en poissonnerie, mais nous essayons tout de même de maintenir notre assortiment car nous mettons l’accent sur la dimension qualitative de notre offre et que, même si de nombreux ménages font face à des situations très difficiles, le Luxembourg dispose toujours statistiquement d’un bon niveau de pouvoir d’achat.

Match s’est lancé dans le Drive , rejoignant Cora, Auchan et Colruyt. Qu’en est-il de Cactus?

«Le drive, c’est un peu difficile: il faut trouver un emplacement, mobiliser du foncier et du personnel. À ce jour personne n’a parlé de la rentabilité de ce modèle. Pour Cactus, le drive n’est pas à l’ordre du jour. Le clic & collect l’est davantage, mais j’ai le sentiment que son potentiel est très modeste dans les enseignes qui le font aujourd’hui.

Par le passé, nous avions Cactus@Home qui a été fermé pour beaucoup de raisons. Peut-être étions-nous un peu trop précurseurs mais nous avons appris certaines choses.

Le Luxembourg continue à attirer des nouveaux retailers étrangers, comme Monoprix et Grand Frais. Les redoutez-vous ou pas?

«Nous les respectons. Je me souviens à l’arrivée d’Auchan au Luxembourg (en 1996, Ndlr.), il n’y avait à l’époque pratiquement que Cactus et Match. Les choses ont bien changé, la croissance démographique et économique du Luxembourg que nous avons connu ces dernières années était inimaginable à mes débuts.

Nous apprenons beaucoup de nos concurrents et en tant que ‘petit Gaulois’ face aux ‘grands Romains’, le développement de nos concurrents nous donne une motivation supplémentaire pour faire encore mieux.»


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