La BCL a remplacé l’Institut monétaire luxembourgeois
En 1992, le Traité de Maastricht a imposé à tous les États membres adoptant l’euro de disposer de leur propre banque centrale pour définir, avec la Banque centrale européenne, leurs politiques monétaires.
Le Luxembourg ne disposait alors pas d’une véritable banque centrale, mais seulement d’un Institut monétaire luxembourgeois (IML). Par une loi du 22 avril 1998, il a été prévu que ce dernier deviendrait la banque centrale luxembourgeoise, dès la mise en place du Système européen de banques centrales.
La BCL détient une partie de la Banque centrale européenne (BCE)
Ensemble, les banques centrales des pays de l’Union européenne (UE) «possèdent» la BCE puisqu’elles en détiennent chacune une part de son capital. La BCL détient et gère donc une partie des réserves de change en or et en devises de la BCE.

Christine Lagarde, présidente de la BCE depuis 2019 et Gaston Reinesch, gouverneur de la BCL. (Photo: BCL)
À ce titre, chaque pays contribue financièrement, tous les cinq ans, au fonctionnement de la BCE en fonction de la taille de sa population. C’est la clé de répartition du capital attribuée au pays qui détermine le montant de cette participation. Pour la BCL, la clé est de 0,267.9%, ce qui représente un capital libéré de 29.000.193,94€.
La BCL est triplement indépendante
L’indépendance de la BCL est prévue par le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) et par la loi luxembourgeoise, dans le but de la protéger de potentielles influences politiques. Celle-ci est à la fois institutionnelle, opérationnelle, financière et personnelle.
Institutionnelle, car les membres de ses organes dirigeants ne doivent ni solliciter ni accepter des instructions d’institutions ou d’organes tiers – européens ou nationaux – ou de gouvernements nationaux. Opérationnelle et financière pour qu’elle puisse se doter des moyens techniques et financiers suffisants pour lui permettre d’accomplir les missions qui lui incombent. Personnelle, à l’égard de son gouverneur (actuellement Gaston Reinesch) en tant que membre, en sa capacité personnelle, du Conseil des gouverneurs de la BCE. Elle est matérialisée par l’attribution d’un mandat couvrant une période de six ans et renouvelable.
En contrepartie de cette indépendance, les banques centrales ont un devoir de redevabilité et de transparence à l’égard du public et des représentants élus.
Le capital de la BCL s’élève à 175 millions d’euros
L’État luxembourgeois est l’unique détenteur du capital de la BCL qui s’élève aujourd’hui à 175 millions d’euros. Initialement au 31 décembre 1998, il était de 25 millions d’euros, mais a été augmenté le 1er juin 2009 pour un montant de 150 millions d’euros par incorporation de réserves. «Un montant très peu élevé pour une banque centrale dont le bilan s’élève à quelque 330 milliards d’euros», indique la BCL.
Les membres des organes de la BCL sont choisis par le gouvernement
Les deux organes statutaires de la BCL sont la direction, son autorité exécutive supérieure, et le Conseil. Les membres de ces deux organes sont nommés pour des mandats de six ans renouvelables.

Le Conseil de la BCL est composé de Nicolas Weber, directeur, de Gaston Reinesch, directeur général (ou gouverneur) et de Roland Weyland, également directeur. (Photo: Olivier Minaire Photography)
Les trois membres de la direction: le directeur général (ou gouverneur) et les deux directeurs sont nommés par le Grand-Duc sur proposition du gouvernement en conseil. À ce jour, il s’agit respectivement de (qui accomplit son deuxième mandat), et .
Le Conseil est composé de neuf membres: les trois membres de la Direction, cités ci-dessus, et six autres membres, nommés par le Gouvernement en Conseil. Il s’agit actuellement de , , , , Claude Wirion et .
La BCL exécute la politique monétaire de la zone euro au Luxembourg, mais pas que
La BCL doit évidement participer à la mise en œuvre des missions du Système européen de banques centrales qui consiste en la définition et l’application de la politique monétaire européenne, la conduite des opérations de change, la détention et la gestion des réserves officielles de changes du pays et en la promotion du bon fonctionnement des systèmes de paiement.
Mais elle exerce aussi d’autres missions. Par exemple, elle produit des billets de banque et des pièces de monnaie, mais aussi des produits numismatiques dédiés à la culture, à l’histoire et au patrimoine du Luxembourg.

Cette pièce en argent 925 et en or nordique est dédiée à la lutte contre l’extinction des hêtraies au Luxembourg, causée par le réchauffement climatique. Ils abritent notamment le bois-joli, arbuste représenté sur la pièce. Sa valeur faciale est de 5€ et son prix de ventre est de 50€. Il en existe 3.000 exemplaires. (Visuel: BCL)
Elle contribue également à la recherche et à la surveillance micro et macro prudentielle, ou encore à l’établissement de statistiques monétaires et financières.
La BCL fournit les banques en billets et pièces de monnaie
Toutes les banques commerciales établies au Luxembourg doivent ouvrir un compte à la BCL. Cette dernière leur fournit les billets et les pièces en euros dont leurs clients ont besoin. Elle retire aussi les billets et pièces endommagés ou impropres à la circulation.
La BCL est d’ailleurs l’autorité compétente pour la lutte contre la contrefaçon des billets de banque et de pièces de monnaie libellés en euros au Luxembourg.
Depuis sa création, les effectifs de la BCL ont augmenté de 118%
En 1998, la BCL comptait 211 agents. Au 31 mai 2023, elle en comptait 460. Cette évolution est sans équivalent dans l’Eurosystème – qui regroupe la Banque centrale européenne et les banques centrales nationales des États membres de l’Union européenne qui ont adopté l’euro - selon celle-ci.

En 25 ans, les effectifs de la BCL ont augmenté de 118%. (Graphique: BCL)
Parmi les 460 personnes qui travaillent à la BCL, 159 sont des femmes et 301 des hommes. Elles ont un âge moyen de 44 ans et représentent 25 nationalités. «La BCL a engagé des agents sous différents statuts et de nationalités très variées, enrichissant ainsi la diversité de son capital humain», indique un communiqué de presse.
La BCL a créé une chaire universitaire à la Toulouse School of Economics
Impliquée dans le monde académique en matière de recherche et d’études, la BCL a notamment mis en place une chaire intitulée «Stabilité agrégée et banques centrales» à la Toulouse School of Economics avec pour objectif de promouvoir la recherche de haut niveau en relation avec des sujets touchant les banques centrales.

Gaston Reinesch, gouverneur de la BCL, et Jean Tirole, Président de la TSE et Prix Nobel d’économie 2014, avaient signé un accord de coopération et commencé les travaux visant la mise en place de la chaire en 2015. (Photo: BCL)
Financée par la BCL, ses activités ont débuté en septembre 2022. Elle est menée par les professeurs Jean Tirole (Prix Nobel d’économie 2014) et Patrick Fève, et mise en place pour une durée de cinq ans.
La BCL se veut engagée pour l’éducation et le débat
Depuis 2013, elle organise le concours «Generation €uro Students Award» au Luxembourg, qui s’adresse aux lycéens de 16 à 19 ans – plus particulièrement, aux élèves de 2e de l’enseignement classique et de l’enseignement général étudiant l’économie. À la clé pour les trois équipes finalistes, des stages à la BCL et une visite de deux jours à la BCE à Francfort.
Elle ouvre aussi régulièrement ses portes aux visiteurs souhaitant s’informer sur les missions européennes et nationales de la Banque, ses bâtiments et sur l’histoire de la monnaie luxembourgeoise. C’est aussi l’occasion pour elle d’échanger avec le grand public.
La BCL indique enfin vouloir avoir recours plus fréquemment à des consultations des organisations de la société civile, comme lors de la série de listening events qui avaient été organisés en 2020 et 2021.