La Commission européenne a publié ce 16 mai, à Bruxelles, ses traditionnelles prévisions économiques de printemps, par le biais de sa direction générale Economic and Financial Affairs (DG ECFIN), qui passent au crible les performances de chaque État membre. Alors que l’économie luxembourgeoise avait enregistré un taux de croissance de 6,9% de son PIB, dépassant même son niveau prépandémique, la Commission s’attend à un ralentissement de la tendance pour 2022 et 2023, soit respectivement à hauteur de 2,2% et 2,7%.
En 2021, aussi bien la demande intérieure qu’extérieure, soutenues par le retrait progressif des restrictions sanitaires, avait contribué à une croissance significative, se remettant de la croissance de négative l’année précédente.
Les conséquences macroéconomiques de la guerre en Ukraine étant mondiales, le ralentissement de l’économie luxembourgeoise dès 2022 ne fait pas exception à la règle. Toutefois, étant donné le peu de flux commerciaux et financiers directs avec l’Ukraine et la Russie, l’économie luxembourgeoise ne devrait être affectée que de manière indirecte, note la DG ECFIN. Les contrecoups de la guerre devraient donc principalement se faire ressentir par une volatilité accrue des marchés financiers, une baisse de confiance et un ralentissement de la croissance des partenaires commerciaux.
Les importations et les exportations de biens et de services devraient également souffrir de l’environnement international moins favorable cette année.
6,8% d’inflation en 2022
Partout en Europe, la consommation privée sera marquée par des prix élevés de l’énergie et des produits de base, simultanément à une baisse de la confiance des consommateurs. Toutefois, la DG ECFIN s’attend à ce que la consommation privée continue de croître, soutenue par l’épargne accumulée des ménages, un marché du travail dynamique et l’application de mesures gouvernementales de soutien.
Le taux de l’inflation, à 3,5% en 2021, devrait grimper à 6,8% cette année. Bien que les prix élevés de l’énergie en soient la cause, la DG ECFIN prévoit une accélération de la montée des prix d’autres composantes. La flambée des prix des produits de base devrait, par exemple, entrainer une augmentation de l’inflation des biens industriels non énergétiques et des denrées alimentaires en 2022.
Même si le taux de l’inflation devrait atteindre un pic cette année, il est attendu qu’il descende à 2,3% en 2023. La DG ECFIN estime que la prochaine indexation des salaires, prévue en avril 2023, et qu’une «stabilisation supposée» des prix de l’énergie devraient atténuer les pressions inflationnistes.
Une légère diminution du chômage
Il est également attendu que la forte croissance du PIB luxembourgeois en 2021 permette de soutenir le marché de l’emploi cette année. De la sorte, l’emploi devrait augmenter de 2,6% en 2022 et de 2,5% en 2023. Ainsi, le chômage, qui atteignait 5,3% en 2021, pourrait baisser respectivement à 5,2% et 5,1% en 2022 et 2023.
Cette relative dynamique du marché de l’emploi reste toutefois fragilisée par la part du chômage de longue durée, reflétant une disparité de compétences proposées sur le marché de l’emploi.
Le volume des investissements devrait par contre reculer quant à lui en 2022, en raison d’une plus grande incertitude et d’un resserrement des conditions financières. La DG ECFIN note en outre que la fin du chômage partiel en juin prochain représente un risque de détérioration de la croissance de l’emploi.
Une nette hausse de la dette publique
Un autre point à surveiller est les finances publiques du pays. Le ratio de la dette du PIB continue sa tendance à la hausse, «car la croissance du PIB nominal est compensée par une nouvelle dette prévue pour financer le déficit de l’administration centrale», indique la Commission européenne. En 2021, le ratio de la dette par rapport au PIB était de 24,4%. Il devrait s’élever à 24,7% en 2022 et à 25,1% en 2023.
Le solde des administrations publiques devrait en effet être marqué par un déficit de 0,1% du PIB en 2022. Un résultat catalysé par la baisse de la croissance du PIB et les perspectives économiques incertaines qui amènent à une baisse des revenus au même moment que la fièvre inflationniste pousse les dépenses vers le haut.
La bonne santé du marché du travail pourrait, par contre, encore soutenir les recettes. Les performances de l’emploi, favorisées par les indexations de salaires en octobre 2021 et avril 2022, devraient en effet permettre une augmentation des cotisations sociales et des recettes des impôts sur le revenu des personnes physiques.
Un excédant budgétaire marginal en 2023
Les dépenses publiques risquent à leur tour d’augmenter cette année. Les compensations aux employés, les transferts sociaux et les mesures pour atténuer l’impact des prix de l’énergie conduiront à une accélération des dépenses en 2022. À cela s’ajoutent les investissements publics pour financer la transition écologique et numérique, le logement et les infrastructures.
Les finances publiques devraient suivre la même tendance que 2022, mais devraient afficher, cette fois, un léger excédent budgétaire de 0,1% du PIB. La croissance des recettes devrait ralentir dans un contexte de croissance faible et face à la nouvelle règlementation sur l’impôt des sociétés prévu en 2023.
Pour rappel, en 2021, le solde des administrations publiques enregistrait un excédant de 0,9% du PIB.