s’est déroulée le 9 mars dernier à Paris. Organisée par Fundclass, son idée est de récompenser les meilleures sociétés de gestion actives en Europe pour la qualité et la performance de leur gamme. Cette année, les maisons luxembourgeoises se sont distinguées au niveau européen.
Parmi les vainqueurs à l’échelle luxembourgeoise, on trouve Ethenea Independent Investors. Luca Pesarini, son co-fondateur et senior portfolio manager, est revenu pour Paperjam et Delano sur la méthode de gestion maison et sur les perspectives d’investissements pour 2023.
Dans un contexte macroéconomique difficile, qu’est-ce qui selon vous a permis à Ethenea Independent Investors de se distinguer de vos concurrents et de gagner un prix?
Luca Pesarini. – «Notre philosophie est ce qui a fait notre différence par rapport à la concurrence. Nous essayons de nous démarquer par une gestion active, en prenant des positions indépendantes des indices de référence et en réduisant les risques à un stade précoce dans les phases de stress. L’année dernière en particulier, il a fallu réagir rapidement et de manière active à l’évolution des marchés. Cela a été particulièrement le cas lors de l’escalade géopolitique. Bien que nous ayons déjà adopté un positionnement défensif avant le déclenchement de la guerre, nous avons rapidement réduit davantage les risques et stabilisé le portefeuille grâce à une forte position en dollars américains.
Toutefois, la plus grande différence l’année dernière a été la gestion de notre portefeuille obligataire. Nous avons constaté très tôt que le “récit transitoire” était obsolète compte tenu de la poursuite de la hausse des prix et, par conséquent, des taux d’intérêt plus élevés. La qualité élevée du crédit et, surtout, une gestion rigoureuse de la duration nous ont permis de ne pas perdre d’argent sur les titres obligataires en portefeuille en 2022.
2022 a vu le retour de la guerre en Europe. Cela a-t-il eu une influence sur votre gestion? A-t-on assisté à l’avènement d’une gestion de guerre?
«Le début de la guerre a été un moment décisif et n’était pas attendu sous cette forme. Néanmoins, en tant que gérants de portefeuille, nous avions déjà réagi à la montée des tensions. À l’aide d’analyses sur les différents scénarios, nous avions déjà anticipé les ajustements à apporter au portefeuille, qu’il ne restait plus qu’à mettre en œuvre. Outre le choc évident pour le marché boursier et le refuge vers le dollar, c’est principalement la pression inflationniste déclenchée par ce conflit que nous avions anticipée.
Qu’est-ce qui va marquer selon vous l’année 2023 pour les gestionnaires d’actifs?
«D’un point de vue macroéconomique, l’année 2023 sera caractérisée par la persistance d’une forte incertitude, qui sera stimulée par les processus d’ajustement toujours en cours. D’une part, nous constatons que l’inflation ne diminue pas aussi rapidement que prévu, et que la consommation et le marché du travail restent relativement robustes.
D’autre part, nous sommes confrontés à des révisions de résultats toujours en baisse ainsi qu’aux premières difficultés engendrées par la politique monétaire restrictive en matière de taux d’intérêt. Le plus intéressant sera de voir comment les banques centrales résoudront ce dilemme. En tant qu’investisseurs, nous nous préparons donc à une volatilité toujours élevée dans toutes les classes d’actifs. L’année 2023 apportera des opportunités tactiques et stratégiques attrayantes pour l’investisseur qui saura faire preuve de patience.»
Cette interview est issue de la newsletter Delano Finance, le rendez-vous hebdomadaire pour suivre l’actualité financière au Luxembourg, en anglais et en français. .