Spire Global va pouvoir poursuivre sa croissance impressionnante et fournir des données d’observation de la Terre dans de nombreux domaines à partir de la centaine de ses Lemurs, qui sont déjà en orbite.  (Photo: Spire Global)

Spire Global va pouvoir poursuivre sa croissance impressionnante et fournir des données d’observation de la Terre dans de nombreux domaines à partir de la centaine de ses Lemurs, qui sont déjà en orbite.  (Photo: Spire Global)

La Banque européenne d’investissement a annoncé au cours d’une conférence de presse au Web Summit qu’elle prêterait jusqu’à 20 millions d’euros à Spire. La start-up spécialisée dans l’observation de la Terre grâce à des nanosatellites, qui a déjà levé 200 millions de dollars, poursuit sa croissance.

«Quand j’ai dit que j’allais installer le quartier général de Spire Global au Luxembourg, on m’a répondu que le climat y était détestable et que ce serait très compliqué de recruter du personnel hautement qualifié. Trois ans plus tard, le temps a été assez bon cette année au Luxembourg et je n’ai jamais eu de problème pour recruter!» À la mi-journée, ce jeudi, le CEO de Spire Global, , est détendu.

«Une année très très intéressante, avec un nombre d’éléments très encourageants. D’abord, Spire est une organisation distribuée, donc passer en remote n’a pas été si terrifiant de mon point de vue. Comme nous avons un business model très diversifié, nos clients sont sur tous les continents et de différentes natures, entre agences de coopération et institutions, agences de défense, nous avons pu continuer à croître très rapidement, ce que nous allons continuer à faire, y compris en Europe», explique à Paperjam celui qui a à nouveau été retenu par Goldman Sachs comme un des 100 entrepreneurs les plus intrigants lors du sommet Builders + Innovators 2020.

La Banque européenne d’investissement vient d’annoncer, dans le cadre du Web Summit, qu’elle allait prêter 20 millions d’euros à la start-up, spécialisée dans l’observation de la Terre depuis une centaine de nanosatellites, dans le cadre de son premier «Venture Debt». Le mécanisme permet un prêt dont le remboursement n’arrivera qu’à échéance et sans que la BEI ne monte au capital de la société, ce qui lui permet de conserver le contrôle de son activité autant que faire se peut.

De plus en plus vers de petits acteurs

«L’Europe, entre la Commission européenne et l’Agence spatiale européenne, a un budget substantiel pour beaucoup des activités de l’espace. Nous avons toujours une différence avec les Américains en termes d’attitude face à l’innovation et de volonté d’utiliser ces technologies aux États-Unis ou en Chine», explique le CEO de Spire. «C’est pour cela que ce soutien de la Banque européenne d’investissement est tellement important. Surtout que nous regrettons le manque d’innovation et de capital-risque en Europe, donc nous regardons les États-Unis ou la Chine, alors que lorsque nous regardons la taille de l’économie, sa qualité de l’éducation ou le nombre d’idées, il n’y a pas de différences. Voir une institution comme la BEI prêter cet argent est un grand pas et j’espère que d’autres institutions européennes vont suivre.»

«Pour chaque euro ou dollar investi en Europe en capital-risque par personne, il y en a quatre aux États-Unis ou un montant similaire en Chine. Il y a, particulièrement au cours de cette étape juste avant la profitabilité, un besoin très difficile à combler en Europe», dit-il encore.

, la BEI n’avait encore jamais intégré un acteur de l’espace dans ce mécanisme.

«Si vous avez suivi les dernières années de la BEI, vous avez remarqué que nous avons participé au financement de grandes sociétés comme Inmarsat avec l’ESA, comme SES ou OHB. Au fil des années, nous sommes passés de grandes sociétés vers de plus en plus petites et plus commerciales et pas seulement à l’ouest de l’Europe», détaille le chef de la division Capital de croissance et financement de l’innovation de la BEI, Hristo Stoykov. «Il y a un cycle, selon notre approche, qui dit que des institutions comme nous doivent être impliquées de plus en plus. De nouveaux acteurs naissent tous les jours en Europe! Nous travaillons avec la Commission européenne à un mécanisme de financement spécifique pour l’espace, du même type que celui que nous avons au sujet de la malaria.»

«Maintenant que nos équipes ont identifié ces nouveaux acteurs, elles vont entrer en contact avec les uns et les autres. Et nous verrons ensuite. Comme nous mettrons des tickets relativement petits, je pense que l’année prochaine, nous devrions investir de 50 à 100 millions d’euros. Cela va dépendre de la demande», ajoute-t-il.

Créée en 2012, Spire a des bureaux dans quatre pays et mène ses activités de collecte et d’analyse de données grâce à une constellation de plus de 100 nanosatellites qui lui appartiennent intégralement et qu’elle a mis au point, à un réseau mondial d’émetteurs terrestres et un fonctionnement 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Récemment, quatre nouveaux satellites ont été mis sur orbite par le lanceur indien, au cours du même vol que celui des quatre satellites de Kleos Space, autre acteur de l’espace luxembourgeois, et Spire a signé un premier contrat avec la NOAA, l’agence américaine des prévisions météorologiques.