Aucune festivité particulière n’est prévue ce 7 octobre, le souverain poursuit les activités inscrites à son agenda. (Photo: Marie De Decker/Archives)

Aucune festivité particulière n’est prévue ce 7 octobre, le souverain poursuit les activités inscrites à son agenda. (Photo: Marie De Decker/Archives)

Le 7 octobre 2000, le chef de l’État prêtait serment et succédait officiellement à son père, le Grand-Duc Jean. Retour sur deux décennies marquantes.

Nouveau siècle, nouveau souverain: le a succédé le 7 octobre 2000 à son père, le Grand-Duc Jean, qui a choisi, comme sa mère la Grande-Duchesse Charlotte en 1964, d’abdiquer pour laisser place à une nouvelle génération.

20 ans plus tard, on peut constater que le Grand-Duc Henri a dû, bon gré mal gré, composer avec les évolutions de la société luxembourgeoise. On se souvient du mariage de son fils, le Prince Louis de Luxembourg, le 29 septembre 2006, survenu six mois après la naissance du premier enfant du couple qu’il formait à l’époque avec Tessy Antony. Leur divorce a été annoncé en 2017. «Ce fut aussi un épisode hors du commun, mais signe d’une certaine modernité… et de la très grande tolérance des Luxembourgeois. Dans aucune autre cour royale, il n’aurait été accepté qu’un prince se marie avec une jeune femme employée par l’armée», souligne l’historien Francis Balace, professeur honoraire à l’Université de Liège et spécialiste des monarchies.

Impossible aussi d’oublier, en 2008, le refus du souverain de signer la loi sur l’euthanasie et l’assistance au suicide, qui entraîne une diminution de ses prérogatives. «C’est un geste très fort, plus que la mise en incapacité de régner du Roi Baudouin de Belgique quand il s’est opposé à la loi sur l’avortement. Le souverain luxembourgeois a été certainement avant-gardiste par rapport à sa fonction. Mais au Luxembourg, on a souvent été en avance sur son temps, comme avec l’abrogation de la loi salique alors que le pays devait son indépendance à cette disposition. Ce fut une grande première. De même avec l’abdication de la Grande-Duchesse Marie-Adélaïde, qui sera aussi une première et inspirera ensuite d’autres souverains. La Grande-Duchesse Charlotte abdiquera aussi, puis le Grand-Duc Jean. Ce qui me fait dire qu’Henri laissera aussi la place à son fils le moment venu, sans hésiter», poursuit Francis Balace.

Et puis, la récente sortie du souverain le 27 janvier 2020, quatre jours avant la parution du , est encore dans toutes les mémoires: Henri de Luxembourg a , la , sous le feu des projecteurs suite à des révélations faisant état de son implication dans la gestion quotidienne du personnel de la Cour, alors que la Constitution ne prévoit pas de fonctions officielles pour l’épouse du Grand-Duc. «Il l’avait déjà fait, en privé. On sait que les relations entre Maria Teresa et la Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte ont été tendues. Henri a menacé de couper toutes relations avec ses parents si cela n’allait pas mieux, c’est de notoriété publique», conclut Francis Balace.

Ce qui aurait été une rupture amère, puisque le Grand-Duc était proche de ses parents.

C’est plutôt un homme féministe.

Stéphane Bernjournaliste

«Je trouve formidable qu’un homme, dans une société luxembourgeoise très machiste, où les femmes n’ont pas de place dans l’organigramme quand elles sont ‘l’épouse de’, marque l’importance que jouent les femmes dans la société, je trouve cela plutôt courageux», salue Stéphane Bern, journaliste franco-luxembourgeois et observateur averti de la monarchie. «C’est plutôt un homme féministe», ajoute-t-il.

Celui qui prépare d’ailleurs un livre consacré au couple grand-ducal à paraître en février prochain, pour ses 40 ans de mariage, salue au passage les combats du souverain pour l’environnement, la biodiversité, mais aussi le soutien apporté à des projets emblématiques au Luxembourg, tels que la reconversion d’Esch-Belval. «C’est un homme de conviction qui a joué un rôle dans des choses qu’autrefois ses parents ne faisaient pas, comme aller dans des camps de réfugiés en Turquie.»

Il est au-dessus de la mêlée, c’est sa force.

Thomas de Bergeyckjournaliste spécialiste des têtes couronnéesRTL TVI

De son côté, le journaliste belge spécialiste des têtes couronnées Thomas de Bergeyck salue «un règne doux, empreint de sagesse», au sujet du souverain âgé de 65 ans. «Il est au-dessus de la mêlée, c’est sa force», souligne-t-il.

Cette force tranquille se reflète même dans l’agenda du souverain: aucun événement spécial n’est prévu ce mercredi à l’occasion de ses 20 ans de règne. Le chef de l’État assiste ce mercredi matin à une conférence donnée à l’Université du Luxembourg à l’occasion d’un autre anniversaire, celui du rapport Werner. Le 8 octobre 1970 marquera en effet les 50 ans de ce plan destiné à établir une union économique et monétaire en Europe.

Lors des missions économiques, il nous permettait d’accéder à des personnages de premier plan.
Jeannot Krecké

Jeannot Kreckéancien ministre de l’Économie

Homme sage, de conviction, le Grand-Duc Henri a aussi su convaincre par son implication. L’ancien ministre  a mené de nombreuses missions économiques et des voyages internationaux en compagnie du Grand-Duc. Qui fut souvent un facilitateur. «Incontestablement, il nous permettait d’accéder à des personnages de premier plan. Sa présence était toujours un plus et constituait un réel avantage», se souvient-il.

Des missions que le Grand-Duc menait sans déplaisir. «Au contraire, il a toujours trouvé cette tâche agréable et se préparait très bien. Durant le règne du Grand-Duc Jean, il avait pris le temps de se former, aussi lors de différentes missions», poursuit l’ancien ministre.

Par ailleurs, le Grand-Duc n’hésitait pas à inviter de temps à autre des ministres chez lui. «C’était l’occasion de discuter de la marche du pays, de la situation économique… Il posait beaucoup de questions. On a mené avec lui un vrai travail d’équipe au niveau du développement économique», conclut Jeannot Krecké.