Le projet de tests à grande échelle dévoilé ce mardi est «une nouvelle étape, un projet très ambitieux», selon la ministre de la Santé, Paulette Lenert. (Photo: SIP/Jean-Christophe Verhaegen)

Le projet de tests à grande échelle dévoilé ce mardi est «une nouvelle étape, un projet très ambitieux», selon la ministre de la Santé, Paulette Lenert. (Photo: SIP/Jean-Christophe Verhaegen)

Un projet très ambitieux de dépistage prévoit une capacité de 20.000 tests par jour dès le 19 mai. Toute la population luxembourgeoise pourrait se faire dépister sur un mois. Ce qui permettrait d’organiser avec précision la stratégie de déconfinement.

Les phases de sortie de crise sanitaire s’enchaînent du côté du gouvernement. Avec la volonté d’être parmi les pays engagés dans des politiques de tests à grande échelle, au vu des annonces effectuées ce mardi matin.

À raison de 20.000 tests par jour à partir du 19 mai, toute la population luxembourgeoise (y compris les frontaliers) pourrait être testée endéans un mois, ont annoncé les ministres de la Santé,  (LSAP), et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche,  (DP), lors d’une conférence de presse.

17 stations de dépistage

Une «nouvelle étape, un projet très ambitieux», selon Paulette Lenert, qui permettra de donner une «nouvelle dimension au suivi de la population», a déclaré Claude Meisch alors que . Ce projet, élaboré en étroite collaboration avec la task force Covid-19, aura un coût de 40 millions d’euros. Dans les prochains jours et semaines, jusqu’à 17 stations seront installées dans le pays, où les habitants du Luxembourg, mais aussi les frontaliers, pourront être testés.

Les tests s’effectueront de manière progressive et par contingents, dans certains cas plusieurs fois. Trois étapes sont prévues. Lors de la première, une population représentative d’un contingent est testée. Les résultats de ces tests donnent une indication sur le moment où le contingent peut être exempté des restrictions et où il doit être testé à grande échelle. Dans un second temps, toutes les personnes du contingent sont invitées à se faire tester sur une base volontaire. Enfin, un groupe représentatif est sélectionné peu après les mesures de déconfinement afin d’être testé une seconde fois. Cela permet de contrôler si et de quelle manière le virus se propage au sein du contingent.

Un premier contingent dès cette semaine

, un premier contingent de 8.500 personnes est invité à se faire tester: les élèves et les enseignants des classes de terminale pourront, sur une base volontaire, se faire dépister avant la reprise des cours le 4 mai. «Je fais un appel chaleureux aux élèves et aux enseignants à aller se faire dépister», a lancé Claude Meisch. Ils seront informés par courrier du moment et du lieu du test.

«Compte tenu de la taille du Luxembourg et de son nombre d’habitants, une formidable opportunité se présente à nous: nous pouvons tester progressivement l’ensemble de la population contre le nouveau coronavirus dans un laps de temps relativement court. Cela fait de nous le premier pays au monde à avoir une vue d’ensemble du nombre de citoyens infectés», estime Claude Meisch. Une démarche qui vise à «contribuer à raccourcir la période du confinement et à réduire les problèmes psychologiques, économiques et sociaux».

Nous devons apprendre à vivre avec le virus.
Claude Meisch

Claude Meischministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

À défaut de traitement et de vaccin, «nous devons apprendre à vivre avec le virus», a en effet prévenu Claude Meisch. «Il est important de savoir qui a le virus, comment il se propage. En isolant les personnes positives, cela laissera plus de liberté aux autres» dans le cadre d’un déconfinement.

Et la période est propice pour le mettre en œuvre, estime la ministre de la Santé. Le taux de transmissibilité est égal à 1 dans le pays, ce qui signifie qu’actuellement une personne infectée n’en contamine pas plus d’une. Et donc que l’épidémie stagne, ce qu’illustre l’aplanissement de la courbe d’évolution du nombre de cas confirmés ainsi que la baisse du nombre d’hospitalisations.

Détecter les asymptomatiques

Mais un obstacle de taille subsiste: «Un grand nombre de personnes asymptomatiques sont présentes dans la société», explique le directeur du LIH et représentant de la task force Covid-19 Research Luxembourg, le professeur Ulf Nehrbass, qui participait aussi à la conférence de presse. «Or, si nous considérons que seulement 2% de 50.000 personnes déconfinées sont asymptomatiques, alors cela représente 1.000 personnes positives, ce qui serait suffisant pour provoquer une seconde vague d’épidémie.» Le but est donc d’éviter une nouvelle phase de confinement.

Le directeur du LIH et représentant de la task force Covid-19 Research Luxembourg, le professeur Ulf Nehrbass, estime que les asymptomatiques, s’ils ne sont pas détectés, pourraient contribuer à relancer une deuxième vague d’épidémie. (Photo: SIP/Jean-Christophe Verhaegen)

Le directeur du LIH et représentant de la task force Covid-19 Research Luxembourg, le professeur Ulf Nehrbass, estime que les asymptomatiques, s’ils ne sont pas détectés, pourraient contribuer à relancer une deuxième vague d’épidémie. (Photo: SIP/Jean-Christophe Verhaegen)

Pour rendre contrôlable la propagation du Covid-19, se faire tester sera donc essentiel, même si cela reste sur la base du volontariat – tout le monde peut se faire tester, mais personne n’est obligé de le faire. «J’invite tout le monde à se faire tester», insiste cependant le professeur. «C’est une mesure essentielle à partir de laquelle pourra se dérouler la stratégie de déconfinement en permettant de pondérer avec précision entre sécurité et économie.»

«Comme la protection est d’autant plus importante que le nombre de personnes testées est élevé, nous encourageons tous les citoyens du pays à participer à cette mesure de santé publique unique en son genre», ajoute Paulette Lenert.