«Si l’on doit trouver un coupable à notre empreinte si élevée, c’est notre pouvoir d’achat», pointe un chercheur du Luxembourg Institute of Science and Technology (List), Thomas Gibon, dans une note pour SOS Faim diffusée à l’occasion de l’Overshoot Day. «La corrélation entre niveau de vie et empreinte carbone a été prouvée maintes et maintes fois: de fait, plus on est riche, plus on a une grande maison, un grand nombre de voitures (et d’appareils digitaux), une alimentation carbonée, plus on achète de produits de consommation, de voyages en avion, de meubles, de vêtements ou d’articles de sport.»
Et plus on achète, plus on jette aussi, malgré les nombreux efforts pour réduire cette «dynamique» de la consommation. Les dernières statistiques d’Eurostat sur les déchets ménagers montrent que le Luxembourgeois a jeté 721 kilos en 2022, soit 1,975 kilo par jour et par personne, le deuxième plus mauvais score dans l’Union européenne derrière les 787 kilos des Danois et devant les 677 kilos belges et suisses.
Autre mauvaise nouvelle, la situation se dégrade sur le long terme: en 2022, les Luxembourgeois ont jeté 22,7% de déchets ménagers en plus qu’en 1995 alors que la situation n’a empiré que de 10% en moyenne en Europe sur la même période.
Si l’on superpose ces données avec un classement des pays exprimé en parité de pouvoir d’achat dont la base 100 serait l’UE, huit des dix États membres les plus riches sont aussi les plus polluants, les deux exceptions étant les Néerlandais et les Suédois.
Que deviennent ces déchets ménagers luxembourgeois? Difficile de voir des tendances émerger: le «recyclage» est revenu, en 2022, à des niveaux inférieurs à ceux de 2020 et 2021 (393 kilos), dont 222 pour les matériaux – qui renvoient en 2015 (!) – et à 171 pour compostage et méthanisation.
L’élimination par incinération, même avec la récupération de la chaleur, a diminué à 301 kilos par personne, probablement en raison des coûts de l’énergie. Elle atteignait 379 kilos en 2016.