La pauvreté menace 13% des travailleurs et 40% des familles monoparentales au Luxembourg. (Photo: Shutterstock)

La pauvreté menace 13% des travailleurs et 40% des familles monoparentales au Luxembourg. (Photo: Shutterstock)

Le rapport du Statec «Travail et cohésion sociale» constate une part toujours plus grande des dépenses incompressibles, dont le logement, dans le budget mensuel des ménages.

Le Statec présentait mardi son traditionnel baromètre de la situation démographique et sociale du Grand-Duché. Avec une augmentation toujours soutenue de l’emploi (+48% de 2003 à 2017), véritable locomotive de la Grande Région qui n’a créé que 11% d’emplois en plus sur la même période. D’où l’attractivité du Luxembourg pour les travailleurs frontaliers – 197.000 en 2018, soit 44% de l’emploi total dans le pays.

Le coup de projecteur du Statec sur le télétravail montre que ce phénomène progresse depuis 2010 tout en restant très limité. 12,7% des travailleurs bénéficiaient ainsi de moins de 7 heures de télétravail par semaine en 2018, contre 3,1% il y a huit ans. Au final, 20% des travailleurs sont autorisés par leur employeur à exercer leur activité depuis leur domicile contre 7% en 2010.

18,3% de la population sous le seuil de pauvreté

Mais le constat le plus marquant du Statec pour cette édition de son rapport, publiée deux jours avant la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, reste la vulnérabilité des ménages face au risque de pauvreté. Certes, le travail demeure un bouclier protecteur contre la pauvreté puisque 13,4% des travailleurs sont exposés à ce risque contre quatre fois plus pour les chômeurs.

Le seuil de risque de pauvreté s’élève à 2.013 euros par mois pour un adulte seul, ce qui correspond à 60% du revenu disponible médian au niveau national suivant la méthode de calcul de l’UE. Mais le Statec pointe aussi le niveau de vie décent, à 2.110 euros, soit moins de 20 euros au-dessus du Revis (revenu d’inclusion sociale, 2.087 euros).

Le taux de pauvreté atteint 18,3% de la population (soit au-delà de la moyenne européenne à 16,9%), mais culminerait à 27,5% si l’État ne soutenait pas ces ménages via les transferts sociaux. Quand bien même, 40,7% des familles monoparentales sont menacées par le risque de pauvreté, tout comme 30,4% des familles ayant plus de deux enfants et 27,8% des personnes seules.

Les dépenses incompressibles bloquent 36% des revenus des ménages

Le Statec évalue la situation au prisme des spécificités luxembourgeoises en prenant en compte les «besoins de base pour pouvoir mener une vie décente», à savoir le logement, l’alimentation, la mobilité, la vie sociale, les vêtements et d’autres postes de dépenses comme l’hygiène ou la santé. Pour arriver à la conclusion qu’il faut des revenus d’au moins 2.912 euros pour qu’un couple sans enfants vive décemment, un montant porté à 4.213 euros pour un couple avec deux enfants.

Et même des revenus dits décents ne permettent pas à un ménage de mener une vie décente puisque les dépenses incompressibles – loyer réel, charges liées au logement, remboursement de prêts – représentent en moyenne 36% du revenu disponible des ménages. Un pourcentage qui atteint 42% pour les foyers menacés par la pauvreté.