Gilles Roth a présenté un budget qualifié de solidaire et d’efficace (Photo: Guy Wolff)

Gilles Roth a présenté un budget qualifié de solidaire et d’efficace (Photo: Guy Wolff)

Comme prévu, le gouvernement présente un projet de budget accusant un déficit de 1,9 milliard d’euros pour l’administration centrale. Et ce malgré une progression des recettes et un freinage de la progression des dépenses. Les budgets sociaux sont fortement sous tension.

Un budget, c’est d’abord des bonnes intentions. Et Gilles Roth en a plein ce matin au moment d’aller présenter le sien devant les députés, «un budget qui donne la priorité à une nouvelle politique. Un budget qui apportera un nouvel élan à notre pays pour préparer dès aujourd’hui le boom de demain». Un budget «proactif qui prépare en le renforçant le Luxembourg pour l’avenir» et un budget «qui ne laissera personne sur le bas-côté de la route». Dont acte.

Mais un budget, c’est aussi des chiffres. Froids.

Des dépenses en progression de 7,6%

Pour 2024, le gouvernement table sur une progression de 7,1% des recettes à 27,5 milliards d’euros. Soit 1,8 milliard de plus qu’en 2023. Les dépenses progressent pour leur part de 2 milliards (+7,6%) à 29,4 milliards. «En comparaison: en 2023, les dépenses ont augmenté de 11,5%, soit bien plus que dans ce budget. Nous voulons briser la dynamique de progression des dépenses, sans pour autant rester immobiles. L’objectif est de dépenser notre argent de manière efficace, ciblée et stratégique» détaille Gilles Roth. Aux final, le déficit de l’administration centrale atteindra 1,9 milliard. Pour le secteur municipal, le gouvernement table sur un solde positif de 62 millions d’euros.

Effondrement du solde de la Sécurité Sociale

La situation apparaît beaucoup plus tendue du côté des budgets sociaux. En 2023, le solde de la Sécurité sociale est passé de 1,05 milliard à 861 millions d’euros. Une dégringolade qui devrait continuer pour atteindre 261 millions prévoit le ministre.

Au final, pour l’ensemble de l’État, Gilles Roth s’attend à un déficit proche du milliard, soit un déficit de -1,2% du PIB pour 2024 et proche de 1% en 2025. Enfin, le projet de budget table sur un niveau d’endettement de 26,5% du PIB, soit 22,2 milliards.

Des hypothèses de travail réalistes

Pour bâtir son budget, le gouvernement a retenu les hypothèses macroéconomiques suivantes: une croissance de 2% – une hypothèse crédible selon l’OCDE – et une inflation à 2,2% qui correspond à la trajectoire actuelle de la progression des prix, étant entendu que celle-ci est très fortement dépendante des évolutions géopolitiques actuelles.

Pour ce qui est des hypothèses sociales, le gouvernement table sur une progression de l’emploi de 1,3% et un chômage en augmentation à 5,9%. Cette faible progression de l’emploi – «une progression inférieure à la moyenne de 3,2% de ces dernières années» a insisté le ministre – explique la baisse de l’excédent de la Sécurité sociale le nombre de cotisants baissant alors que le fort niveau de chômage porte en germe une hausse des dépenses sociales.

Des lendemains difficiles en prévision

Le budget 2024 est un budget de transition politique qui de plus ne porte que sur les huit derniers mois de l’année. Ce qui limite son ampleur. Pour les prochains exercices budgétaires, Gilles Roth annonce un effort en ce qui concerne la progression des coûts de fonctionnement de l’État. «Une hausse de 10% en moyenne par rapport aux dernières années 2019-2023 peut difficilement être maintenue.» Le coup de frein pourrait être plus violent que celui de cette année. Les investissements publics seront eux maintenus à un niveau «élevé, de l’ordre de 4% du PIB». Et il laisse entendre un essor des partenariats publics privés.