Si l’euro est officiellement introduit le 1er janvier 1999, ce n’est que le 1er janvier 2002 que les citoyens pourront s’en servir dans leur vie de tous les jours. (Photo: Shutterstock)

Si l’euro est officiellement introduit le 1er janvier 1999, ce n’est que le 1er janvier 2002 que les citoyens pourront s’en servir dans leur vie de tous les jours. (Photo: Shutterstock)

Cet été, Paperjam remonte le temps et passe en revue 10 des grandes dates clés de la place financière. Cette semaine, 1999, date de la naissance de l’euro.

Replaçons-nous dans le contexte de l’époque.

Le 1er janvier 1999, l’euro est introduit sous forme scripturale. Ce n’est que trois ans plus tard, le 1er janvier 2002, que les citoyens européens pourront tenir en main les premiers billets et premières pièces. Voire, pour certains ayant de particulièrement bonnes relations avec leur banquier, quelques semaines avant. L’époque où le petit jeu «en avoir ou pas» faisait alors fureur, témoignant d’une excitation certaine des citoyens européens envers la nouvelle monnaie commune européenne.

L’euro, c’est la grande histoire européenne. Mais c’est aussi une histoire luxembourgeoise.


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Le Luxembourg fait partie du «club des 11» pays de l’UE qui ont lancé l’euro le 1er janvier 1999.

Cette appartenance apparaît comme la reconnaissance de l’engagement européen du Grand-Duché dès la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un engagement vers une union économique et monétaire dont les grandes lignes sont présentées dès 1970 dans le rapport Werner. Un plan élaboré par Pierre Werner, Premier ministre et ministre des Finances de 1959 à 1974, puis de 1979 à 1984, considéré comme l’un des pères de l’Union économique et monétaire, ainsi que de l’euro.

Le rapport Werner a été rédigé à la demande des États membres de la CEE (l’Allemagne de l’Ouest, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas) lors du sommet de La Haye de 1969 pour tracer un chemin vers l’Union économique et monétaire. Ce plan entend établir la libre circulation des capitaux, limiter les marges de fluctuation entre les monnaies européennes avant de parvenir à un gel des parités monétaires, et éventuellement à une monnaie commune.

Présenté le 8 octobre 1970, il sert de base au plan de la Commission adopté par les six États membres le 22 mars 1971 qui ambitionnait d’arriver à une union économique et monétaire avant la fin de la décennie.

L’ECU avant l’euro

Un plan contrarié par la fin des accords de Bretton Woods – l’abandon, par Richard Nixon, le 15 août 1971, de la convertibilité en or du dollar – et les chocs pétroliers de 1973 et de 1978 qui mirent fin aux Trente Glorieuses. Il faudra attendre 1978 et une certaine stabilisation des conditions économiques et monétaires pour que les choses redémarrent avec le lancement, le 13 mars 1979, du système monétaire européen – le successeur direct du serpent monétaire européen – et de son unité de compte l’ECU (European Currency Unit, en français «unité de compte européenne»). Pour la petite histoire, c’est durant le sommet de Madrid des 15 et 16 décembre 1995 que l’ECU deviendra l’euro.

L’étape suivante sera la signature de l’acte unique en 1986 qui donne le feu vert à la création de l’Union économique et monétaire, l’UEM.

Le rapport Delors de 1989 – qui reprend largement le rapport Werner – propose la réalisation de l’UEM en trois étapes: d’abord, un renforcement de la coopération économique et monétaire des États membres du système monétaire européen, puis l’harmonisation des politiques monétaires et la mise en place d’une banque centrale européenne, et, enfin, la fixation des parités entre les monnaies. Le traité de Maastricht de 1992 – traité fondateur de l’Union européenne qui succède à la Communauté économique européenne (CEE) – empruntera également beaucoup au rapport Werner.

Tout ce cheminement sera soutenu par les deux successeurs de Pierre Werner à la tête du gouvernement luxembourgeois, Jacques Santer et .

Et c’est sous la présidence luxembourgeoise de 1997 du Conseil de l’Union européenne que l’Union économique et monétaire franchit une étape décisive avec l’établissement des parités définitives et la liste des pays admis dans l’euro. Il faudra 40,3399 francs luxembourgeois pour faire un euro.

La dernière grande ambition du siècle.
Jean-Claude Juncker

Jean-Claude JunckerPremier ministre en 1999

La naissance officielle de l’euro, le 1er janvier 1999, sera considérée par Jean-Claude Juncker comme «la dernière grande ambition du siècle».

Juste retour des choses, l’euro et son prolongement, le développement d’un marché financier unique, ont contribué au développement de la place financière. «Je ne pense pas qu’avec une monnaie nationale, les choses auraient été aussi rapides et aussi efficaces. Et, par contrecoup, l’économie luxembourgeoise n’aurait pu connaître une croissance comme elle en a connu ces 20 dernières années», confiait à Paperjam le président de la BCL, , lors de la célébration des .

Dans la dernière enquête Eurobaromètre livrée en avril dernier, il ressortait que l’euro était perçu au Luxembourg comme étant un des trois résultats de l’UE les plus positifs. «Non seulement une majorité au Luxembourg soutient le concept d’une union monétaire, mais trois résidents sur quatre sont également convaincus que l’euro a affecté l’économie nationale de manière positive», pouvait-on lire dans l’étude.

Si ce n’est pas de l’amour, c’est un plébiscite.

La semaine prochaine: 2009, date de l’inscription du Luxembourg sur la liste grise de l’OCDE.