S’il est difficile de lutter contre le changement climatique, il est essentiel de s’y préparer et de s’adapter. C’est dans cette optique que le gouvernement a présenté son projet de stratégie d’adaptation aux effets du changement climatique, avec pour ambition de mieux anticiper les transformations inévitables et de réduire la vulnérabilité du pays.
Les effets du changement climatique sont déjà bien visibles, avec des phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes, tels que les sécheresses prolongées et les fortes pluies entraînant des inondations. Selon le List et l’European Climate Risk Assessment, ces événements constituent «les principales vulnérabilités futures pour le pays», souligne le ministère.
Les impacts sont déjà perceptibles, notamment avec une hausse des températures moyennes annuelles à l’échelle nationale, bien que des variations existent entre le nord et le sud du pays. Par exemple, sur la période 1961-1990, les températures moyennes étaient de 7,9 °C au nord et 8,2 °C dans la capitale. Entre 1991 et 2020, elles ont grimpé à 8,8 °C et 9,3 °C respectivement.
Les précipitations connaissent également une évolution notable: si elles sont plus abondantes en hiver, elles diminuent progressivement le reste de l’année, accentuant les épisodes de sécheresse. «Comme le montrent les relevés des stations exploitées par l’ASTA et la station du Findel, deux tendances se dégagent: une augmentation des températures moyennes de l’air ces dernières décennies et une modification saisonnière des précipitations», indique le rapport.
Ces changements ont des conséquences en cascade sur les écosystèmes naturels, la biodiversité et la santé humaine, nécessitant des mesures d’adaptation urgentes pour préserver l’environnement et les conditions de vie au Luxembourg.
Un nouveau plan plus ambitieux
Le ministre est catégorique: personne ne sera épargné par le changement climatique, qui aura des répercussions sur l’eau, la santé, la protection civile et le monde du travail. Il entraînera également des risques sociétaux et devra être intégré dans la planification urbaine et la mise en place des infrastructures. Son impact s’étendra aussi à l’économie, l’agriculture, la biodiversité et les forêts, autant de domaines où le prisme du développement durable devra guider toute décision politique. Une première stratégie similaire avait déjà été mise en place entre 2018 et 2023, couvrant 13 champs d’action. La nouvelle version, présentée ce vendredi par Serge Wilmes, en inclut désormais 16, ajoutant des thématiques essentielles telles que les transports, la protection des sols et la sensibilisation du public.
À l’époque, 42 mesures avaient été définies, mais 16,6 % d’entre elles n’avaient pas été mises en œuvre, en raison de formulations trop larges rendant difficile leur application concrète. D’autres mesures, impliquant plusieurs entités, avaient souffert de problèmes de coordination, et l’absence d’indicateurs précis n’avait pas permis d’évaluer efficacement leur impact.
Cette fois, le ministre et le gouvernement veulent aller plus loin, avec une stratégie plus ambitieuse et une approche holistique. Seize champs d’action ont été définis, incluant notamment la gestion des crises, la santé, l’eau, la société, l’aménagement du territoire, le logement, les transports, l’économie, l’énergie, la protection des sols, l’agriculture, la biodiversité, ainsi que la coopération régionale et la communication.
«Pour élaborer cette stratégie et son plan d’action, une approche globale est indispensable. Il s’agit d’un projet porté par l’ensemble du gouvernement pour l’ensemble de la société», a souligné Serge Wilmes. Une consultation élargie pour affiner les mesuresLe projet fera l’objet d’une large consultation impliquant experts et société civile dans une démarche transversale. Jusqu’en mars, des ateliers thématiques réuniront des spécialistes des secteurs public et privé. En avril et mai, des réunions d’échange avec le grand public prendront la forme de conférences et d’une plateforme en ligne. Dès l’été, les résultats des travaux participatifs permettront d’affiner le projet et d’ajuster les 131 mesures, qui «ne sont pas figées», a précisé le ministre.
Parmi les plus marquantes: renforcer les capacités opérationnelles d’intervention lors des inondations; collecter des données en temps réel sur les urgences hospitalières pour des pathologies liées à la chaleur; la renaturation des cours d’eau; la végétalisation de l’espace public pour limiter l’impact des canicules ou encore la mise en oeuvre du programme forestier national. Des mesures qui ne pourront être chiffrées et budgétisées qu’à l’issue de la phase de consultation avec le public.
L’intégralité des 131 mesures dans les 16 domaines d’action :
(*) Le 2 avril à Echternach, le 23 avril à Steinfort, le 28 avril à Esch, le 5 mai à Hosingen et à Walferdange.