Successeur de (LSAP) au ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, (LSAP) a aussi pris la suite de son collègue de parti aux Sports. Un domaine qu’il apprécie tout particulièrement. Ancien membre de l’équipe nationale de basket chez les jeunes, joueur de Nationale 2 à Soleuvre, il est aussi un grand passionné de cyclisme. Ce n’est pas pour rien si Sanem, la commune dont il était alors bourgmestre, a organisé en 2017 les Championnats du monde de cyclo-cross. Une réussite médiatique et financière qui pourrait bien donner des idées pour le futur…
Vous étiez à la conférence de presse du COSL (Comité olympique et sportif luxembourgeois) en fin de semaine dernière, à la FLT (Fédération luxembourgeoise de tennis) ce week-end, avec le pilote Dylan Pereira en milieu de semaine, à la FLF ce jeudi (Fédération luxembourgeoise de football)… Vous êtes partout en ce moment, sauf aux Jeux olympiques de Pékin…
Georges Engel. – «Je veux faire le tour des fédérations importantes afin qu’elles sachent avec qui elles vont travailler, mais aussi que je sache avec qui je vais négocier. À côté, il y a également pas mal d’autres rendez-vous. Pour le ministère des Sports, mais aussi pour celui du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire. Avec la reprise de ces deux ministères, mon emploi du temps ne me permet pas de me rendre à Pékin. Mais, comme je l’ai déjà dit, la raison n’est donc pas politique ou liée à un quelconque boycott.
Dans une réponse à une question parlementaire, vous aviez précisé: «De manière générale, le sport et la politique doivent rester séparés (…). Les questions nécessaires doivent être posées avant de prendre une décision concernant le lieu d’un grand événement sportif»…
«Si on a un problème avec la Chine ou le Qatar (qui organisera la Coupe du monde de football en novembre et décembre prochains, ndlr), il faut le dire avant de les désigner, oui.
Je ne suis pas membre du CIO (Comité international olympique) ni du conseil d’administration de la FIFA (Fédération internationale de football association). Je ne connais donc pas les raisons qui ont mené à ces décisions. Je peux comprendre qu’on souhaite exporter son sport dans un pays où il est moins présent, de manière à le promouvoir. Comme peut-être le football au Qatar. Mais il ne faut pas s’ôter de la tête tout ce que cela implique à côté: jouer des rencontres par 40 degrés, déplacer l’événement à une autre période de l’année…
J’ai toujours pensé que le domaine sportif devait primer sur le reste. Mais parfois, je doute que cela soit effectivement le cas chez ceux qui prennent les décisions…
Pour vous, la raison financière prime trop sur le reste?
«J’imagine qu’il y a des intérêts financiers importants, oui… Sur un plan personnel, j’ai toujours pensé que le domaine sportif devait primer sur le reste. Mais parfois, je doute que cela soit effectivement le cas chez ceux qui prennent les décisions…
Quelles sont les réformes que vous souhaitez mettre en place durant votre mandat?
«Il y a la loi concernant le congé sportif qui a été déposée par mon prédécesseur, Dan Kersch. Elle va être maintenant négociée. On attend l’avis du Conseil d’État…
Mais il y a un autre projet que j’aimerais bien déposer avant la fin de cette législature. Vous devez savoir qu’il y a la possibilité de se lancer dans une carrière de sportif d’élite via l’armée. C’est une manière de pouvoir se lancer dans la voie du professionnalisme, la seule permettant de le faire aujourd’hui en bénéficiant d’une assurance sociale. J’aimerais ouvrir désormais une carrière civile pour ceux qui souhaitent tenter l’aventure et n’ont pas envie de s’engager dans l’armée. Ce serait donc une voie différente offrant la possibilité d’un revenu, mais aussi d’un accès à la sécurité sociale, afin de tenter l’aventure dans le monde sportif professionnel.
Avec le même niveau d’avantages qu’en étant sportif d’élite de l’armée?
«Il faut voir. Je ne peux pas encore vous le dire, le projet n’ayant pas encore fait l’objet d’un examen détaillé. Dans l’accord de coalition de l’actuel gouvernement, il est écrit: ‘Pour ceux ne souhaitant pas intégrer l’armée, une filière parallèle (‘Zivildienst’ – service civique d’au moins trois mois) sera analysée.’ Et c’est ce que je suis en train de faire: analyser… Je sais qu’il y a déjà eu des discussions par le passé, mais, à mon sens, il faut repenser tout ce projet…
J’aimerais ouvrir une carrière civile pour les sportifs qui souhaitent tenter l’aventure du professionnalisme et n’ont pas envie de s’engager dans l’armée.
Y a-t-il de grands événements sportifs que le Luxembourg souhaite attirer dans un futur pas trop lointain? On pense notamment au Tour de France, qui n’a fait étape que trois fois chez nous depuis l’an 2000, la dernière étant à Mondorf en 2017…
«Vous devez savoir que je suis un grand amateur de vélo. Je vais régulièrement assister à des étapes du Tour et c’est également la commune dont j’étais bourgmestre (Sanem, ndlr) qui a organisé les Championnats du monde de cyclo-cross au Luxembourg en 2017. Mais pour le moment, il est trop tôt pour dire qu’on va organiser tel ou tel événement. Je ne vous cache pas qu’il y a quelques idées, mais il serait prématuré d’en parler. D’autant que cela ne concerne pas que le ministère des Sports. D’autres doivent également être impliqués, notamment les Finances, afin de voir si les fonds nécessaires sont disponibles…
Et puis, nous avons déjà quelques grands événements sportifs. Je pense au Tour de Luxembourg cycliste, dont la dernière édition a été diffusée dans quelque 200 pays; le tournoi de tennis féminin (l’ex-Luxembourg Open, ndlr), qui change de forme mais gardera une belle exposition médiatique; le meeting de natation de l’Euro Meet, qui attire quelques-uns des meilleurs nageurs mondiaux, le marathon…
Cet été, le Tour fera étape à nos portes, à Longwy. C’est dommage que toutes les retombées positives associées à une telle exposition ne puissent pas se dérouler chez nous…
«Lorsque nous avons organisé les Mondiaux de cyclo-cross à Belvaux, une étude a été menée sur les retombées d’un tel événement. Et elles sont effectivement assez énormes. Bien plus importantes économiquement et médiatiquement que je ne pouvais l’imaginer (cette étude a évalué un impact positif de ces Championnats du monde sur l’économie luxembourgeoise à hauteur de 12,746 millions d’euros, et ce pour un coût de 1,8 million d’euros; quant à l’audience, elle a été mesurée dans le monde à 60 millions de téléspectateurs, ndlr).
Il est clair qu’une telle manifestation, c’est du nation branding, mais aussi un apport économique au niveau des hôtels ou de la restauration, avec pas moins de 30.000 personnes présentes en 2017. Et ce en plus d’offrir une compétition de premier plan à notre pays dans un sport de haut niveau.
Le musée du sport luxembourgeois ne sera pas une vitrine avec trois coupes dedans, mais un projet d’envergure, avec un budget tournant autour des 20 millions d’euros.
Après, le succès a aussi été au rendez-vous parce qu’il y a eu une vraie volonté politique derrière, au niveau de la commune de Sanem. Nous avions investi beaucoup de ressources, humaines comme financières. Ainsi, nous avions engagé un demi-million d’euros dans l’aventure et quelqu’un comme Eric Leyder, le président du comité d’organisation, avait été libéré pendant deux ans pour préparer l’événement. Ce n’est pas rien. Cependant, si c’était à refaire, je signerais tout de suite! Ce fut une expérience formidable.
En termes de grandes infrastructures, vous arrivez après l’inauguration du stade de Luxembourg et l’annonce du vélodrome de Mondorf en décembre dernier. Existe-t-il d’autres grands projets en attente?
«Le projet de loi concernant le vélodrome est, en effet, déposé et le PAP (plan d’aménagement particulier, ndlr) a été voté par le conseil communal mondorfois. Dan Kersch avait aussi présenté le projet de musée du sport, qui prendra place dans le nouveau quartier de Nonnewisen à Esch. Ce ne sera pas une vitrine avec trois coupes dedans, mais un projet d’envergure, avec un budget tournant autour des 20 millions d’euros. Et il me semble que le conseil communal eschois va également le voter prochainement… Je m’en voudrais aussi de ne pas évoquer le stade national d’athlétisme qui a pris place à Cents-Fetschenhof et les investissements réalisés à la Coque afin d’encadrer les sportifs de haut niveau: salle d’entraînement permettant d’évoluer comme si on était à 5.000 mètres d’altitude, cryothérapie, des cabines d’extrême chaleur, etc.
Après, pour en revenir plus spécifiquement à votre question, nous planchons actuellement sur le prochain plan quinquennal, pour lequel 120 millions d’euros vont être investis par l’État dans les infrastructures sportives via différents projets communaux. Mais, pour l’heure, nous sommes encore en train d’analyser ce que les différentes communes proposent…»