Nicholas Harvey, group CFO de Quintet Private Bank, voit la banque revenir à l’équilibre opérationnel dès cette année. (Photo: Quintet)

Nicholas Harvey, group CFO de Quintet Private Bank, voit la banque revenir à l’équilibre opérationnel dès cette année. (Photo: Quintet)

Quintet affiche des pertes à hauteur de 110,2 millions à la lecture de son bilan annuel. Des pertes énormes dues à des éléments exceptionnels, dont le retrait du marché suisse. Toutefois, le résultat opérationnel s’est redressé avec une perte ramenée à 5,9 millions contre 17,2 millions en 2020. 

Le fait marquant de l’exercice 2021, qui pèse lourd dans les comptes de Quintet avec une perte de 110,2 millions, c’est . Le sort de l’ex-Bank am Bellevue est d’ailleurs scellé. L’établissement qui employait 87 personnes sera liquidé.

Au final, aura coûté à la banque un peu plus de 70 millions d’euros, selon , group CFO de Quintet Private Bank. Soit 20 millions en 2020 et 50 millions pour l’exercice 2021. Une aventure qui, sans la pandémie, n’aurait pas pris fin, insiste le CFO. Mais face à ces coûts fixes élevés et une rentabilité qui n’aura pas été au rendez-vous, la décision a été prise d’orienter ailleurs les investissements de croissance de Quintet. «Une décision difficile.»

Pour Nicholas Harvey, outre l’affaire suisse, l’exercice 2021 aura surtout été marqué par un développement commercial continu – «et donc une démonstration de la pertinence de notre proposition de valeur».

Développement commercial

Les chiffres vont en ce sens. Sur un an, les revenus totaux progressent de 3% à 460,8 millions d’euros avec un revenu net de commissions en hausse de 11% à 348 millions. Le portefeuille de crédits atteint 4,5 milliards (+25%) et le total des actifs clients s’élève à 96,6 milliards (+14%), «soit le plus haut niveau depuis 10 ans».

Les charges restent, quant à elles, stables à 504,6 millions. 

Dans les charges sont comptés les investissements issus du plan de développement sur cinq ans initié en 2019 par la banque. Soit 50 millions pour l’exercice. Ce plan prévoyait la fusion des banques européennes au sein d’une même entité et d’importants investissements en matière IT, avec notamment une modernisation de la plateforme bancaire, le financement de l’expansion géographique du groupe et une vague de recrutements de profils principalement commerciaux. Sur l’exercice, le groupe Quintet a d’ailleurs recruté 350 personnes, dont 100 banquiers privés. Pour autant de départs. L’idée est de trouver le bon équilibre entre les commerciaux et les fonctions de support, avec des commerciaux sur le terrain et des fonctions de support concentrées au Grand-Duché.

En lançant notre plan de développement à cinq ans, il était clair dès le départ qu’on allait vers plusieurs exercices déficitaires.
Nicholas Harvey

Nicholas Harveygroup CFOQuintet Private Bank

«En lançant notre plan de développement à cinq ans, il était clair dès le départ qu’on allait vers plusieurs exercices déficitaires», rappelle Nicholas Harvey, qui indique que l’équilibre opérationnel devrait être retrouvé en 2022. Si les choses restent en l’état, notamment sur le front de la géopolitique.

L’actionnaire, Precision Capital, semble ne pas en douter. Il a injecté, en 2021, 60 millions d’argent frais dans la banque. Ce qui porte à 350 millions le total des capitaux apportés à Quintet depuis le rachat en 2012. Pour rappel, le dernier bénéfice enregistré par la banque remonte à 2018. Un bénéfice de 0,8 million en très net repli par rapport aux 35,2 millions de 2017. En 2019, la perte s’était élevée à 43,7 millions.

Cette injection de capitaux permet à Quintet de présenter un ratio des fonds propres de base Bâle III (CET1) de 18% et un ratio de couverture des liquidités (LCR) de 138,5% en fin d’exercice. «Des ratios bien au-dessus des seuils réglementaires.»

Pour 2022, Nicholas Harvey s’attend à la poursuite de la progression des revenus de la banque et à une maîtrise des dépenses malgré la poursuite des investissements.

Ambitions nordiques et climatiques

Pour autant, la Suisse n’a pas freiné la volonté d’expansion géographique. Quintet vient d’augmenter ses effectifs en Angleterre après avoir recruté une équipe de 15 personnes et va accélérer son développement dans les pays nordiques en jouant sur . Contrairement au marché suisse attaqué avec une banque, Quintet va désormais privilégier, lors de l’entrée sur un nouveau marché, le format succursale, qui présente l’avantage de nécessiter moins de coûts fixes. Les activités commerciales se feront «plus que jamais» en local, avec un support grandissant des équipes depuis le Luxembourg – «un modèle de hub». Sans donner de calendrier, Nicholas Harvey évoque des projets en Suède et en Finlande.

La banque entend également poursuivre son engagement en matière d’investissement durable. Les actifs responsables en gestion ont atteint 11,7 milliards d’euros à la fin de l’année dernière – soit une augmentation de près de 100% par rapport aux 5,9 milliards d’euros à la fin de 2020. «Cette croissance a été favorisée par une série de partenariats visant à proposer des solutions d’investissement innovantes aux clients et contribuant à atténuer l’impact du changement climatique. Cette tendance s’est poursuivie au premier trimestre de cette année, puisque la banque a lancé Quintet Earth – le premier fonds d’investissement multiactif climatiquement neutre au monde –, puis s’est associée à la Monnaie royale au Royaume-Uni pour lancer l’utilisation d’or recyclé dans un produit négocié en bourse», rappelle Nicholas Harvey.