À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, zoom sur quelques solutions à plus ou moins long terme pour l’égalité. (Photo: Guy Reza)

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, zoom sur quelques solutions à plus ou moins long terme pour l’égalité. (Photo: Guy Reza)

Ce 8 mars est la Journée internationale des droits des femmes. De la réduction du temps de travail à l’éducation en passant par la reconnaissance du féminicide: Maxime Miltgen, organisatrice de la manifestation pour le droit des femmes ce mardi, propose dix propositions concrètes pour l’égalité des genres.

Le Luxembourg marchera pour l’égalité ce mardi 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.  depuis , la manifestation aura lieu de la gare à la place d’Armes à partir de 17 heures. Égalité salariale, accès au congé parental ou encore au logement font partie des revendications de JIF (Journée internationale des femmes), plateforme organisatrice qui rassemble une vingtaine d’associations. Mais concrètement, comment atteindre ces objectifs? Maxime Miltgen, présidente des Femmes socialistes et membre de JIF, propose plusieurs pistes.

– Pour l’égalité des salaires

Le Luxembourg fait figure de champion européen avec un salaire des femmes inférieur de 0,7% à celui des hommes en 2020, . L’institut calcule la «différence entre les salaires horaires bruts moyens des hommes et des femmes salariés». La moyenne de l’Union européenne est bien moins bonne: 13% d’écart.

«Cela ne prend pas en compte le fait qu’un grand pourcentage des femmes travaille à temps partiel», alerte Maxime Miltgen. Pour arriver à une égalité totale, que ce soit au niveau du Grand-Duché ou de l’Europe, elle recommande «la mise en place d’outils de contrôle et de transparence pour toutes les entreprises». Sur cette base, «il faut que l’Inspection du travail et des mines (ITM) aille dans les entreprises et contrôle que les hommes et les femmes gagnent autant».

– Pour l’égalité d’accès aux postes décisionnels

Un chiffre qui a évolué par rapport aux 18% de 2010, mais qui reste faible. Surtout, si on regarde sur l’ensemble des salariés du pays, 6% des femmes ont des postes de directrices ou de cadres de direction, contre 11% du côté des hommes.

«Le problème, c’est que les femmes n’avancent plus après 30 ans à de plus hauts postes parce qu’elles choisissent de travailler à temps partiel», notamment pour s’occuper des enfants ou des tâches ménagères. La JIF demande alors une réduction du temps de travail pour tous, afin que ces activités non rémunérées puissent être partagées équitablement, évitant aux femmes de devoir demander du temps partiel.

De même, un congé paternité égal au congé maternité éviterait des discriminations lors des promotions. Aujourd’hui, si le congé , en général de six mois à un an et à prendre après le congé /, est le même, celui qui le précède est de 10 jours pour le père contre trois mois pour la femme.

Qu’en est-il de la mise en place de quotas aux postes de direction? «En tant que JIF, nous n’avons pas de revendications sur les quotas, mais nous ne sommes pas contre.»

– Pour un même accès à tous les métiers

Selon le Statec, 75% des salariés dans le secteur de la santé et de l’action sociale sont des femmes. Elles occupent également 66% des postes dans l’enseignement. Alors que, sur le marché de l’emploi, 38% des salariés sont des femmes. Au contraire, seulement 8% des salariées féminines travaillent dans le secteur de la construction, 15% dans le transport, et 17% dans l’industrie.

Les problématiques sont liées, selon Maxime Miltgen. «Les parents disent aux garçons que c’est à eux de nourrir la famille plus tard. Conséquence, les jeunes hommes vont choisir un métier financièrement intéressant et les femmes un métier social.»

Changer les choses passera surtout par «l’éducation». «Le gouvernement a déjà commencé à changer les programmes à l’école, pour qu’on présente aux enfants que tous les métiers sont accessibles à tous les genres.» Maxime Miltgen lance également l’idée de stages dédiés. «De l’école primaire au lycée, une semaine par trimestre, que les filles choisissent des métiers dits masculins et vice-versa, un métier qu’ils vont découvrir en entreprise.»

Concernant la mise en place de quotas en entreprise, «personnellement, je trouve que c’est une bonne idée», à condition qu’ils soient fixés au niveau national. Elle explique que «beaucoup d’hommes sont au pouvoir et, inconsciemment, engagent ceux qui leur ressemblent. Cela permettrait d’aller à l’encontre de ce phénomène.» Des offres d’emploi visant spécifiquement des hommes ou des femmes dans certains secteurs seraient en revanche «discriminatoires».

– Pour un vrai partage des tâches ménagères, de l’éducation des enfants et d’autres charges mentales du quotidien

Là encore, la résolution du problème passe par la «réduction du temps de travail» et l’«évolution des mentalités».

Des mesures qui bénéficieraient aussi bien aux femmes dans les métiers dominés par les hommes qu’aux hommes dans ceux majoritairement féminins. «Les revendications sont également faites pour que les hommes puissent aussi avoir d’autres chances, que ce soit de s’occuper de leur famille ou de choisir jeunes les métiers qu’ils veulent et non ceux qui leur rapportent le plus d’argent.»

– Pour une égalité aussi au niveau des autres revenus

L’impact de l’évolution des mentalités permettrait de réduire aussi les . «C’est toujours lié au fait que les hommes s’intéressent plus à la finance, l’idée qu’ils doivent garantir la sécurité financière du ménage.»

– Pour un accès égal au logement

«Tout le monde souffre de la crise du logement, mais c’est surtout un problème dans le cadre de violences domestiques», raconte Maxime Miltgen. La pression sur les prix force des femmes victimes de violences à rester auprès de leur agresseur. La JIF demande alors «une aide directe de l’État pour que ces femmes puissent trouver un logement sur le marché normal jusqu’à une solution trouvée au niveau du Fonds du logement, et sortir immédiatement de la situation dangereuse».

Maxime Miltgen note aussi une plus grande difficulté d’accès à la location pour les monoparentaux, «majoritairement des femmes». Elle demande la «candidature neutre. Que le propriétaire ait accès au salaire, mais pas au genre, à la composition du ménage ou à la photo.»

– Contre les violences faites aux femmes

«La violence contre les femmes et les filles s’explique souvent par une domination sur la femme.» Il faut encore «changer cette mentalité». En attendant, on peut «reconnaître, au niveau d’une loi, le féminicide». En matière de viol, elle cite l’article  selon lequel les crimes et délits ne peuvent être punis de prison sans sursis pour les primo-délinquants qu’avec motivation du choix. «Cela devrait être l’inverse: en cas de viol, que le principe soit l’emprisonnement et l’exception, qui devrait être motivée, le sursis.»