Le complexe OBH au Kirchberg, qui accueille le Mama Shelter et des bureaux, est en cours de finition. (Photo: Batipart)

Le complexe OBH au Kirchberg, qui accueille le Mama Shelter et des bureaux, est en cours de finition. (Photo: Batipart)

Le groupe Batipart représente six établissements hôteliers au Luxembourg: les deux Sofitel Luxembourg Le Grand Ducal et Europe, les Novotel Centre, Kirchberg et Suites, et bientôt le Mama Shelter. Des hôtels et restaurants qui ont dû fermer, mais qui commencent progressivement à rouvrir. État des lieux avec les responsables Claude Amar et Carole Faucher, co-gérants du groupe.

La situation n’est pas aisée pour les hôtels-restaurants au Luxembourg, même si au fil des jours, les choses commencent à se détendre un peu. Claude Amar, gérant du groupe au Luxembourg, qui possède les Sofitel Luxembourg Le Grand Ducal et Europe, les Novotel Centre, Kirchberg et Suites, et le nouveau Mama Shelter, fait un bref rappel des événements: «Le 15 mars, nous avons fermé les restaurants; le 16 mars, nous avons fermé quatre de nos hôtels et rapatrié les clients uniquement dans le Novotel Suites au Kirchberg. Le 17 mars, le chantier du OBH a été fermé pour ne rouvrir que le 20 avril, avec toutes les difficultés et contraintes qu’implique une réouverture de chantier dans ces conditions. Enfin, le 25 mai, le Novotel Suites a rouvert, suivi du Novotel Kirchberg le 1er juin. Le restaurant du Sofitel Grand-Ducal a rouvert le 25 mai et l’hôtel le 2 juin. Par contre, les Novotel Centre et Sofitel Europe restent encore fermés à ce jour.»

Un double label pour une sécurité optimale

Afin d’assurer les mesures de sécurité, le groupe a imposé à ses hôtels et restaurants les protocoles demandés par l’Horesca pour le label «Safe to Serve» et l’a doublé d’un label complémentaire, «ALLSAFE», développé par Accor avec le Bureau Veritas. «Nous avons mis en place un cheminement différent pour l’entrée et la sortie dans nos établissements, les guichets sont équipés de plexiglas, du gel hydroalcoolique est disponible dans plusieurs points stratégiques, les collaborateurs sont équipés de masques, les contacts avec l’administration sont réduits le plus possible et nous privilégions les paiements avec la carte de crédit», énumère Claude Amar.

«De plus, nous avons retiré tout ce qui pourrait être touché dans les chambres, pour limiter les risques, comme les menus imprimés, les blocs-notes et crayons, les produits d’accueil en bouteilles individuelles sont remplacés par des flacons fixes, le linge est strictement adapté au nombre de personnes qui séjournent dans les chambres», complète Carole Faucher, gérante du groupe.

Et la même attitude est adoptée dans les restaurants du groupe. «Nous allons utiliser le grand atrium du Sofitel Luxembourg Europe pour y installer un bar-restaurant de taille XXL, avec des tables bien espacées, tout en conservant la convivialité», précise Carole Faucher. «Nous espérons pouvoir ouvrir cet espace mi-juin, mais nous agissons au jour le jour.»

Mais qui sont les clients des hôtels?

Avec les mesures sanitaires, les restrictions aux frontières et nombre de vols suspendus, peu de clients fréquentent actuellement les hôtels. Pourtant, ceux-ci sont ouverts et reçoivent quelques hôtes. «Trois types de clientèle fréquentent actuellement nos établissements: du personnel d’une grande société italienne implantée au Luxembourg; les équipages aériens, qui constituent déjà une grande base de notre clientèle habituelle, et la clientèle d’affaires, qui commence à revenir petit à petit. Mais l’occupation actuelle n’est que de 10 à 12% de notre capacité hôtelière», précise Claude Amar. Toutefois, mieux vaut être ouvert que de rester fermé, même si la période de fermeture n’était pas inactive. «Des membres du personnel sont passés quotidiennement dans les chambres pour faire couler l’eau dans les salles de bain et tirer les chasses d’eau afin d’éviter que la légionellose ne s’installe», précise Claude Amar. «Toutefois, il est certain que même si nos établissements sont de nouveau ouverts, nous ne gagnons pas encore d’argent. Mais nous en perdons moins qu’en restant fermés… Nous espérons pouvoir rapidement dépasser le point mort pour atteindre le point de retournement», note le gérant des sociétés d’exploitation hôtelière.

Une situation qui est donc loin d’être optimale et qui oblige à conserver une grande partie des équipes au chômage partiel. «Heureusement, nous pouvons bénéficier des aides du gouvernement qui nous sont d’un grand secours. Le premier poste de dépense étant la masse salariale, le fait de pouvoir placer nos équipes en chômage partiel est primordial. Nous espérons que la reprise arrivera avant la fin de l’année et que nous n’aurons plus besoin de ce soutien d’ici quelques mois», affirme Carole Faucher.

Quant aux bons proposés par le gouvernement, Claude Amar estime qu’il s’agit «d’une excellente initiative». Pourtant, il ne pense pas que cela pourra apporter de nouveaux clients pour la partie hôtellerie, mais «cela pourrait être l’occasion pour les détenteurs de bon de découvrir l’offre de restauration et d’acquérir par ce biais une nouvelle clientèle que nous devrons fidéliser».

Un avenir prometteur avec le Mama Shelter et un immeuble de bureaux

Initialement prévu pour être ouvert en mai, le chantier du Mama Shelter a pris «trois mois de retard, ce qui reste raisonnable étant donné les circonstances», rassure Claude Amar. Ce prévisionnel permet d’envisager une ouverture progressive du nouvel établissement: «Nous pensons pouvoir ouvrir le rooftop le 20 juillet. Le restaurant du rez-de-chaussée sera également prêt et permettra de rapatrier la clientèle du rooftop en cas de mauvais temps. Les chambres seront ouvertes à la demande. La boulangerie sera opérationnelle pour les besoins de l’établissement, mais ne sera pas encore ouverte au public. Le coworking est aussi prêt, mais n’ouvrira pas tout de suite, tout comme le CinéMama, qui sera prêt dès le 25 juillet, mais dont l’exploitation sera difficile dans un premier temps à cause de l’application de mesures sanitaires.»

Quant à l’immeuble de bureaux voisin de l’hôtel, il n’a que deux mois de retard. Les locaux sont déjà loués aux deux tiers à la Banque Pictet et des négociations sont en cours pour le tiers restant de 4.500m2.

«La situation du Luxembourg force la confiance», assure Claude Amar. «Nous sommes un accessoire de la place financière et celle-ci a déjà rebondi. Nous sommes donc confiants, aussi parce que nous avons fait le choix d’être un exploitant hôtelier qui possède murs et fonds et que nous avons un portefeuille de qualité. Nos fondamentaux n’ont pas bougé, c’est à nous de nous adapter, de tout mettre en œuvre pour asseoir la confiance de nos clients et faire en sorte que notre clientèle revienne. Il n’y a pas de remise en cause de notre orientation stratégique, d’autant plus que la crise est mieux gérée au Luxembourg que dans les pays voisins», conclut Claude Amar.