Selon l’OMS, plus d’un milliard de personnes dans le monde sont obèses: 650 millions d’adultes, 340 millions d’adolescents et 39 millions d’enfants.  (Photo: Shutterstock)

Selon l’OMS, plus d’un milliard de personnes dans le monde sont obèses: 650 millions d’adultes, 340 millions d’adolescents et 39 millions d’enfants.  (Photo: Shutterstock)

Le Cercle-Cité à Luxembourg a accueilli les 4 et 5 mai dernier «Mégatendances 2050: concevoir le futur par la prospective scientifique». Une occasion de revenir sur les mégatendances pertinentes pour l’avenir de l’Europe d’après la Commission européenne. Ce mardi, notre cinquième et dernier volet: l’éducation et la santé.

Une mégatendance est une force motrice à long terme qui est observable maintenant et qui continuera d’avoir un impact mondial dans les années à venir. «Elles ne se développent pas dans le vide et la plupart interagissent entre elles», souligne la Commission européenne.  

Chaque mégatendance engendre différentes retombées sur la société. Pour comprendre leur complexité, la rédaction de Paperjam a regroupé  en cinq catégories distinctes: technologie, environnement et société, éducation et santé, géopolitique et démographie. 

Dans ce cinquième et dernier volet sur l’éducation et la santé, Paperjam s’intéresse plus particulièrement aux questions sanitaires, et les enjeux de l’évolution du travail et de l’éducation.

Les enjeux sanitaires

Grâce aux avancées scientifiques et à l’amélioration de la qualité de vie, l’espérance de vie a connu une progression spectaculaire. D’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), en 1994, l’espérance de vie moyenne pour les hommes était de 73,6 ans, contre 79,3 aujourd’hui. Les femmes ont, quant à elles, vu leur espérance de vie passer de 81,8 à 85,2 ans.

Cependant, nos modes de vie doivent rapidement être modifiés sous peine de voir les bienfaits de ces progrès diminuer de manière significative. La Commission européenne alerte sur les conséquences de la pollution de l’air, du sol, de l’eau et des aliments qui sont chaque année la cause de 19 millions de décès prématurés à travers le monde.

Le tabagisme et la malbouffe, fléaux de notre société, n’accentuent que le problème. Alors que l’OMS estime, que plus d’un milliard de personnes dans le monde sont obèses, soit une personne sur huit.

L’obésité mondiale a presque triplé depuis 1975.

OMS

Les problèmes liés à la santé évoluent au fil du temps. Autrefois, nos peurs résidaient dans les maladies transmissibles, telles que les MST. Désormais, ce sont les maladies non transmissibles qui se propagent de façon inquiétante. Selon la Commission européenne, le diabète, les maladies cardiovasculaires, le cancer et les affections respiratoires chroniques sont responsables des deux tiers des décès en Europe.

Par ailleurs, les zoonoses, ces infections transmises des animaux aux humains, sont de plus en plus préoccupantes. Les scientifiques estiment que ces pathologies pourraient surgir de plus en plus fréquemment, en raison de l’impact néfaste de l’activité humaine sur l’environnement. Le paludisme, la grippe aviaire et plus récemment le Covid-19 sont de parfaits exemples.

L’OMS a déclaré en 2018 que le plus grand risque futur pour la santé était l’émergence d’une «maladie X» inconnue. L’année suivante, le Covid paralysait l’entièreté du globe et mettait en évidence les failles béantes de notre système face aux nouvelles maladies. La nécessité de se préparer à de futurs risques sanitaires doit être un enjeu majeur pour le secteur de la santé dans les années à venir.

La santé mentale occupe une place centrale de la santé et du bien-être en général. Pourtant, en Europe, 84 millions d’individus sont concernés par des problèmes de santé mentale selon la Commission européenne.

Un nouveau cadre de travail

La santé mentale se trouve particulièrement fragilisée dans le cadre professionnel. Les nouvelles générations qui intègrent le marché du travail sont confrontées à l’hyperconnectivité et l’automatisation croissantes des tâches. Ces nouvelles méthodes de travail ont des conséquences désastreuses sur le bien être psychologique des employés.

La pandémie de Covid-19 a totalement changé notre façon de travailler et a normalisé le télétravail. Il présente des avantages comme un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour les travailleurs, ou diminuée les couts opérationnels des entreprises, grâce à la réduction de l’espace de bureau nécessaire. Il existe toutefois des risques inhérents au télétravail: isolement social, burnout, difficulté à trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle, sédentarité accrue…

Le modèle traditionnel de l’employé de bureau est révolu. Les employés aspirent désormais à davantage de liberté et recherchent un sens profond dans leur travail. Les attentes ont évolué, et il est possible que le paysage professionnel se métamorphose dans les années à venir.

Le travail est de plus en plus flexible et décentralisé. Cette transformation s’accompagne d’une inadéquation structurelle dans certains secteurs qui révèle une pénurie croissante de compétences.

L’importance de l’éducation

L’investissement dans l’éducation et la formation est un bon remède pour venir en aide à ces secteurs en difficulté. Mais, des inquiétudes persistent quant à la baisse du niveau scolaire, en particulier en mathématiques. 

Selon, l’étude comparative Timss de 2019, le niveau moyen des élèves de quatrième en mathématiques en France (483) est nettement inférieur à celui de la Corée du Sud (607), du Japon (594) et des États-Unis (515). 

Un constat d’autant plus alarmant, après la récente réforme du baccalauréat français qui permettait aux étudiants de passer l’examen sans inclure les mathématiques.

53% des 25-34 ans au Luxembourg ont obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur, ce qui en fait le troisième meilleur résultat pour ce groupe d’âge parmi les pays de l’OCDE, dont la moyenne est de 41%.

Ces résultats sont liés à la proportion importante d’étudiants internationaux au Luxembourg et à la population très éduquée née à l’étranger qui vit et travaille dans le pays. En fait, près de 60% des résidents nés à l’étranger qui ont entre 30 et 34 ans sont diplômés du supérieur, contre 42,5% des individus nés au Luxembourg selon l’OCDE.


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La tradition trilingue du Luxembourg se révèle être à la fois une force et une faiblesse. Si d’un côté elle confère aux enfants une ouverture linguistique remarquable, de l’autre, les difficultés liées à la langue d’enseignement entrainent des échecs dans d’autres disciplines particulièrement pour les élèves issus de l’immigration. Toutefois, au-delà du système scolaire, c’est aux parents qu’incombe la tâche de cultiver leurs enfants. Car comme le soulignait Victor Hugo: «L’éducation c’est la famille qui la donne; l’instruction c’est l’État qui la doit.»